« En 1996 Pierre-Yves Vandeweerd se rend au Sud-Soudan, pays en guerre civile depuis près de trente ans, pour en ramener des images qui témoigneraient d’une réalité occultée et oubliée par l’Occident. Quelle réalité a-t-il imaginé découvrir ? Quelles rencontres l’homme a-t-il espérées ? Quelles images le cinéaste a-t-il imaginé rapporter ? Et quel pouvoir supposé de ces images ? La réponse à ces questions sera brutale et différée. »
Ce que nous pouvions voir ce vendredi 26 février, dans le cadre de “Afriques Médiatiques” est une sorte de « deuxième film ». En effet, c’était une aventure pour Pierre-Yves, se rendre au Sud-Soudan et vouloir témoigner de ce que les hommes et les femmes y avaient à vivre quotidiennement. Faute de traducteur, le premier film montrait seulement des images, la langue de ce pays se faisait entendre, langue inconnu du réalisateur. Sortir ce film dans ces conditions paraissait finalement impossible : MAIS sept ans plus tard le film peut enfin sortir, les mêmes images, les mêmes mots en langue du pays et sous-titré. Le spectateur occidental comprend ainsi ce que les habitants du Sud-Soudan veulent transmettre à nous, les Occidentaux.
Maintenant, après avoir vu le film avec un grand intérêt, je me demande : faut-il réellement des mots pour donner ce témoignage d’un quotidien envahi de maux incontournables ? Le réalisateur sentait une faille lors de la réalisation du premier film/images. Et qu’en est-il ? Qu’en faisons-nous ?
On pourrait encore se poser la question dans les termes de « pourquoi ? » ce peuple en grande détresse en est-il arrivé à cette mouvance vers une lente mort ? Par qui ? Quels enjeux ont poussé les Occidentaux vers les pays d’Afrique ? Quels intérêts et quels idéaux poursuivaient les colons ?
Une femme du Pays Sud-Soudanais le dit d’une façon abrupte, absente – l’espoir d’un changement lui paraît mince – que l’aide devrait arriver très rapidement pour stopper une grande catastrophe, la mort de TOUT UN DISTRICT. Une aide urgente ou plus rien du tout… Closed District, pourquoi « closed » (fermé) ? Ce film aurait pu aussi bien pu avoir cet autre titre « dying District »(district mourant) !
Vraiment, les IMAGES DANS CE DOCUMENTAIRE témoignent par elles-mêmes. La terre sèche, les vaches amaigries, des hommes et des femmes élancées, squelettiques. Quelle désolation de voir cette terre desséchée à force de manquer d’eau, ces enfants amaigris, ces hommes jouant à la guerre, ces femmes seules ne trouvant plus aucun avenir sans homme.
Ces personnes qui vivaient selon leurs coutumes depuis des siècles, bonnes et moins bonnes coutumes, comme chaque endroit sur la terre manifeste cette dualité dans ses coutumes, ont dû se plier à d’autres lois, des lois qui ne respectent pas les cycles naturels de la Terre, des Hommes. Ces hommes, ces faiseurs de lois sur d’autres hommes ne comprennent pas le rythme de cette Terre riche en potentiel humain, riche en pétrole, riche en minéraux. Là où la richesse s’entasse, là cette même richesse crée la pauvreté. Les images peuvent parler par elles-mêmes, c’est le reflet d’un monde des Hommes qui vivent pour accumuler des richesses inanimées et ces mêmes hommes ne peuvent pas voir la richesse de la Terre, cette Terre qui peut nourrir tous, elle est certainement généreuse sans distinction de classe.
La Terre est faite pour se renouveler si l’Homme, les Hommes, respectent la Loi de la nature.
E.D.
Projection organisée par Cent Soleils dans le cadre des Médiatiques 2016
http://www.lesmediatiques.fr/#!argumentaire/c2dw
http://www.pierreyvesvandeweerd.com/