Après New York et Budapest, c’est le château de Tours qui accueillera les rares clichés couleur de Robert Capa du 21 novembre 2015 au 29 mai 2016.
Affiche de l’exposition Centre Capa de Budapest, le 2 juillet 2015. © Attila Kisbenedek / AFP
Né Endre Ern? Friedmann en 1913 à Budapest et mort en 1954, lors d’un reportage en Indochine, Robert Capa est considéré comme l’un des pères du photojournalisme. Il consacra sa vie au reportage de guerre et ses photographies furent publiées dans des magazines de référence tels que l’américain Life, le français VU, Weekly Illustrated, Ce soir ou Regards.
L’exposition dévoile des portraits de célébrités : Humphrey Bogart, Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Ingrid Bergman ou encore Roberto Rossellini, tous en couleur. D’autres photographies tendent à rendre compte de vies plus « ordinaires » quand d’autres encore nous emmènent sur les plages de Biarritz ou dans les courses de Deauville. « Robert Capa et la couleur » nous offre des images très différentes de ses reportages de guerre, rompant avec les clichés noir et blanc de la guerre civile espagnole ou du débarquement en Normandie qui ont fait son succès. « Robert Capa s’est réinventé en tant que photographe lorsqu’il ne couvrait pas les guerres ou les conflits politiques » explique Cynthia Young, commissaire de l’exposition et conservatrice des archives de Robert Capa.
Un grand adepte de la couleur
Contrairement aux idées reçues, Robert Capa était très ouvert à la photographie en couleur. Il travailla d’ailleurs régulièrement en couleur à partir de 1941 jusqu’à sa mort. Certaines de ses images furent publiées, à l’époque, dans la presse magazine mais la grande majorité d’entre elles ne fut jamais tirée sur papier. Robert Capa voyait dans la couleur quelque chose de novateur, notamment pour la presse magazine.
Il chercha alors à convaincre les rédacteurs en chef de prendre en compte ses reportages couleur en plus de ceux en noir et blanc. Après la Seconde Guerre Mondiale, la presse magazine commencera à s’intéresser à la couleur. Robert Capa prendra alors l’habitude d’amener, presque systématiquement sur le terrain, deux appareils photo : un pour le noir et blanc, l’autre pour la couleur. Mais il se heurtait toujours au refus des éditeurs qui « refusaient les photos en couleur car ils ne les jugeaient pas assez nobles : ils ne prenaient que celles en noir et blanc » explique l’Istvan Viragvölgyi du Centre Robert Capa de Budapest. De plus, la couleur était trop coûteuse, ce qui explique pourquoi les salles de rédaction sont restées longtemps réticentes à la couleur.
Robert Capa est mort sans avoir pu mener à terme son combat pour la couleur. Le noir et blanc restera longtemps prédominant, même au sein de l’agence Magnum qu’il avait cofondé avec Henri Cartier-Bresson.
« Robert Capa et la couleur » montre la face cachée de son travail, loin de la gravité qui entoure ses reportages de guerre.
Léna Soudre.
« Robert Capa et la couleur » du 21 novembre 2015 au 29 mai 2016,
au Château de Tours, 25 Avenue André Malraux, 37000 Tours.
Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche de 14h à 18h.