Derrière le paravent des mariages chinois…

C’est pour les faits escroquerie, prise illégale d’intérêt, recel de fonds publics que Lise Han sera jugée à partir de mardi et durant trois jours par le tribunal correctionnel de Tours (Indre-et-Loire) dans l’affaire dite des “mariages chinois”. Mais c’est l’ombre de Jean Germain qui planera sur ces audiences, celle de Jean Germain. L‘ancien maire de la ville, seulement poursuivi pour complicité passive, a mis fin à ses jours le matin du procès initial le 7 avril dernier d’une balle dans la tête.

L'hommage à Jean Germain, après son suicide.

L’hommage à Jean Germain, après son suicide.

Comment les débats menés en son absence pourront-ils éclairer justement les faits et les responsabilités des quatre prévenus restants, Lise Han la grande ordonnatrice des mariages chinois, à la fois conseillère de Jean Germain et actionnaire de la société qui organisait les noces romantiques des touristes chinois en Touraine et Val de Loire, Vien Loc Huynh, le gérant de Time Lotus bleu la société en question, François Lagière le fidèle directeur de cabinet de Jean Germain et Jean-François Lemarchand, directeur de Tours Val de Loire tourisme qui a salarié Lise Han après qu’elle eût quitté son emploi en mairie de Tours.

Une peine de prison prévue par le parquet

En février le jugement du tribunal des prud’hommes avait estimé que l’emploi de Lise Han au sein de l’office de tourisme de Tours était bien réèl ce qui contredit la vision du parquet.

A l’origine du suicide de Jean Germain, c’est ce qu’il dit dans la lettre qu’il a laissée pour expliquer son geste, l’assurance que le ministère public allait requérir en avril une peine de prison ferme à son encontre “Autant je peux reconnaître des erreurs, des manques de discernement, autant il m’est impossible d’accepter sans broncher cette forfaiture rendue possible par les actions de Mme Han et les mensonges peureux de M. Lemarchand. Leur conscience les poursuivra” avait notamment écrit Jean Germain dans sa dernière lettre. La mairie et son successeur Serge Babary (LR) qui se sont portés partie civile ont aussi joué un rôle probable dans le geste de Jean Germain qui n’a pas supporté que “sa” ville l’accable.

Les accusés vont-ils “charger” Jean Germain qui ne sera pas là pour se défendre, ou, au contraire et l’on pense surtout à François Lagière, auront-il l’élégance de défendre l’honneur bafoué de l’ancien sénateur d’Indre-et-Loire dont le suicide a joué les répliques à celui de Pierre Bérégovoy, par le biais d’accusation de la classe politique contre les médias, qui en l’occurrence n’ont fait que leur travail.

La défense du Palmipède

Le bouquin opportunément sorti avant le procès “enquête sur un suicide politique” (au Cherche midi) écrit par Arnaud Roy et Alain Dayan, un fidèle d’entre les fidèles de l’ancien maire, pointe d’un doigt accusateur le “corbeau” qui aurait balancé au Canard enchaîné un “dossier bien monté” et probablement un “réseau” dont les auteurs ont retrouvé l’un des “complices”, militant d’extrême gauche de Saint-Ay près d’Orléans. L’ouvrage, dont on peut contester l’aspect défense et illustration sans réserve de l’ancien maire, a le mérite de révéler aux Tourangeaux et aux autres les arcanes de la vie politique où chacun des acteurs se tient par la barbichette dans un climat très “provincial” et consensuel, qui n’a pas cours dans d’autres villes, par exemple dans la capitale régionale. D’ailleurs, les auteurs ne comprennent toujours pas que le procès n’ait pas été “dépaysé” dans une autre juridiction, étant donné les liens parfois intimes entre certains prévenus et la magistrature.

Quant au Canard, il s’est défendu dans un papier paru le 23 septembre d’avoir bénéficié des services d’un “corbeau” mais explique qu’il a reçu d’un collaborateur “connue du palmipède”, une partie des factures des mariages et qu’il avait ensuite enquêté sur les “bavures” des ces “guignolades folkloriques” qui ont coûté cher au contribuable tourangeau.

Jean Germain avait beaucoup d’amis à Tours, y compris parmi ses adversaires politiques comme Philippe Briand et même Serge Babary (LR), son successeur et y compris Jean Royer son prédécesseur dont il a, avec panache et générosité accompagné la mort. Mais au fil de son ascension et de sa mainmise sur la ville, il avait aussi suscité des inimitiés, et des adversaires jusque dans son propre camp. Le voile sera-t-il levé, au moins à la marge, sur ces petites et grandes amitiés et rancœurs avec en toile de fond les escroqueries présumées aux mariages chinois, qui n’ont joué que le rôle de paravents? Réponse dès mardi.

Ch.B

Commentaires

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  1. Je continue de penser que si le sénateur Germain s’est suicidé, c’est soit parce qu’il n’avait pas confiance dans la justice de son pays, dont il était en partie responsable des lois, soit qu’il avait commis des fautes telles que sa conscience ne lui permettait plus de vivre. Il a choisi de partir sans s’expliquer publiquement. R.I.P., mais sa vie publique restera à jamais entâchée.

  2. Le Sénateur Jean Germain a simplement apporté la démonstration que contrairement à ce qu’on imagine habituellement, en France, le ridicule peut tuer.

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