A Issoudun, l’incandescent Velickovic saisit et interpelle

Au cœur du magnifique écrin du musée de l’Hospice Saint-Roch, le bel espace de l’aile vouée à l’art contemporain accueille, depuis le premier octobre, une importante rétrospective de l’œuvre de Vladimir Velickovic. A l’occasion des 80 ans de l’artiste, né en Yougoslavie  (actuelle Serbie), voici un somptueux  accrochage  invitant à parcourir, de manière chronologique,  une aventure humaine qui court des premières toiles de 1959 jusqu’aux dessins de 2015.

Aux cimaises de toute clarté du musée figurent ainsi plus de trente toiles, huiles saisissantes et intemporelles,  grands et très grands formats,  ainsi qu’un passionnant ensemble d’une quarantaine de dessins. Patrice Moreau, directeur du lieu: “Vladimir Velickovic transpose dans sa peinture les affres meurtrières qui ont marqué l’histoire de son pays natal. Son travail donne à voir des corps en quête de mouvement, comme figés dans un déplacement impossible. La mort y est omniprésente. La palette restreinte au noir, gris, blanc et rouge sang, accentue encore ce chaos”.

– “Vers le noir, la nuit, le tragique, une certaine agressivité”

Le 26 septembre dernier, d’une douceur disserte et d’une présente attentive, Vladimir Velickovic guide volontiers les amateurs d’art lors d’une visite commentée.

Aux premiers pas de la déambulation, Velickovic évoque ainsi son bonheur de découvrir à son arrivée à Paris l’abondance des couleurs que l’on peut aisément se procurer. Se souvenant d’avoir aussi constaté que forme et contenu n’allaient pas ensemble, il nous confie décider de “passer très vite à la monochromie pour se diriger vers le  noir, la nuit, le tragique, une certaine agressivité”.

– “J’essaie de commenter ce monde”

velickovicQuelques mots encore à propos de cette déchirante et lucide gravité de l’œuvre: “J’ai évolué dans la continuité. Quand je regarde notre monde , je me dis que je n’ai pas le droit de quitter cette thématique qui me vient de mes perceptions d’enfance, de la seconde guerre mondiale et de la disparition de mon pays. Ma peinture n’est pas décorative et bien des fois, l’on me dit qu’il est très dur de vivre avec. Très souvent,  on demande  toutefois à la peinture d’être belle et joyeuse alors que l’on ne demande jamais cela à la littérature ou au théâtre…”

Et Velickovic de poursuivre: “J’essaie de commenter ce monde et sa menace,  d’apporter un témoignage de ce qu’il est capable de faire et de résumer  ce que l’homme continue malheureusement de faire.”

– “Je crois en la responsabilité du trait”

Au plan de la technique, Velickovic  se considère comme un autodidacte  et dit avoir appris tout seul en s’aidant  des “illustres artistes de la Renaissance  et de Dürer“. Vladimir Velickovic : “Je crois en la responsabilité du trait. Le destin est ma base. Le dessin est un outil très ouvert, flexible, qui vous permet de réaliser votre imaginaire”.

Continuant d’avancer dans l’exposition, parlant du geste  et du travail de la matière,  l’artiste avoue humblement s’être parfois “heurté à cette impossibilité d’achever une toile”, avoir  vainement tenté de surmonter “le coinçage”.

 “Il n’y a pas de pire ennemi que vos propres mauvais tableaux” ponctue-t-il.

“Un rappel pour réveiller les consciences”

P1060593S’arrêtant un instant face aux potences, aux cellules sans figure  et autres drames que souligne l’écriture de Michel Onfray, Vladimir Velickovic poursuit: “Je n’hésite pas à troubler les gens pour réveiller les consciences et en appelle au dialogue négatif ou positif”. Bref, maître surgi de la nuit des souffrances avec un regard d’enfant blessé, Velickovic force l’admiration.  A voir un Vésuve de sculptures de fer, la beauté de frêles dessins de flore, et puis aussi de grands formats d’une dense profondeur. Des œuvres immenses,  humblement effectuées “avec soin et  l’effort apporté à une composition efficace“. Des œuvres de grande taille “pour que l’on se sente impliqué dans l’espace” dit cet artiste essentiel. Avec une pointe d’espoir teinté d’amertume dans des yeux qui interrogent. Il y danse et et vacille une claire lumière.

Jean-Dominique Burtin.

Jusqu’au 30 décembre, Musée de L’Hospice Saint-Roch, rue de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun.  Fermé le lundi et le mardi.
Ouverture du mercredi au dimanche de 10 heure à 12 heures et de 14 heure à 18 heures.
Entrée libre. Tel.: 02.54.21.01.76.

En savoir plus: http:museeissoudun.tv

Durant l’exposition, le film “Le grand dessin “(26′) de François Catonné est projeté dans la galerie. François Catonné est aussi l’auteur de “Le choix du noir” (52′)
Internet: francoiscatonnecanalblog.com

Vladimir Velickovic, Guillaume Brabant, Michel Dubois

Vladimir Velickovic, Guillaume Brabant, Michel Dubois

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