Il n’est plus question de laisser le patriotisme et le drapeau tricolore à l’extrême droite. Que le Front National et tous ceux qui sur l’aile droite de la droite en font commerce se le disent. Devant le Panthéon, face aux cercueils des quatre résistants qui allaient y entrer pour l’éternité, le chef de l’Etat a appelé les Français à se rassembler et à méditer la leçon donnée par ces deux femmes et ces deux hommes. A plusieurs reprises il l’avait affirmé, son discours serait l’un des plus importants du quinquennat et de ce fait était très attendu.
D’entrée de jeu, François Hollande a sacralisé sa parole. « Aujourd’hui, la France a rendez-vous avec le meilleur d’elle-même », a-t-il proclamé. Passant sans cesse du passé au présent et, devant la jeunesse fortement représentée, dessinant un avenir et un combat à mener. « La France vient de loin, la France porte au loin, la France doit voir loin », dit-il d’une voix persuasive. Il le répète, il le scande « La République n’est pas figée…. Ce n’est pas un corset où il faudrait recoudre les boutons ». On peut refuser les « haines », contre lesquelles ces « deux catholiques » et ces « deux francs-maçons » ont dit « non », ces haines qui « reviennent toujours avec les mêmes mots et les mêmes intentions ». Rappelant ainsi que la Résistance n’était pas une mais constituée de gens bien différents, tous conscients qu’ils avaient un bien commun extrêmement précieux à défendre, le chef de l’Etat poussait à l’union, cette union dont on a vu une large esquisse à la suite des attentats du 11 janvier. « Tous n’étaient pas là. Mais la marche était pour tous », souligne-t-il sans plus d’emphase qu’il ne faut.
« une République moderne, ouverte, généreuse »
Puis il passe en revue, les apports de chacun des panthéonisés qui sont autant d’engagements politiques que le possible candidat de 2017 accroche à son bâton de pèlerin sur la route d’un nouveau séjour à l’Elysée : « Réformer pour ne rien refermer, pour avancer, pour transformer », doctrine de Jean Zay, ministre de l’Education nationale du gouvernement Blum. « La pauvreté n’est pas une fatalité individuelle mais une défaillance collective » de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, « l’intégration connait des ratés, et il y en a, ce n’est pas la faute de la République, c’est faute de République », de Germaine Tillion. De Pierre Brossolette, socialiste comme lui, il retient « une République moderne, une République ouverte, une République généreuse ». Appel à la solidarité, à la fin de la stigmatisation il n’y a qu’un pas vite franchi.
Enfin coupant l’herbe sous les pieds de la comparaison que ses adversaires politiques absents comme Nicolas Sarkozy ne manqueraient pas d’établir avec le discours d’André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, François Hollande conclut par « Prenez place, vous êtes accompagnés par le long cortège de jeunes, de femmes, de deshérités qui entrent grâce à vous dans la lumière et avec eux les peuples du monde qui partagent le même amour de la liberté ».
Il y eut en 2012, le discours du Bourget où apparut le président normal et réformateur. En 2017 fera-t-on référence à celui du Panthéon où est apparu le président rassembleur et volontariste.
F.C.