“The Cut” est un film germano-franco-polono-turco-canado-italien, rien que ça, avec autant d’équipes de tournage dans chacun des pays visités de l’Anatolie à l’Arkansas… Est-ce ce montage international qui fait perdre à ce film beaucoup de son intensité dramatique, alors qu’il traite d’un des plus grand drame de l’histoire du XXième siècle à savoir le génocide du peuple arménien en 1915 ?
Bien sur, se pose la question de la représentation au cinéma de ce carnage humain, même si l’on n’étend pas forcément l’interdit posé par Claude Lanzman de toute représentation de la shoah au cinéma. Le drame du génocide arménien est un grand absent du cinéma, il se double d’un négationnisme féroce des autorités turques qui interdisent toute mention de ce qu’elles considèrent comme le “simple écrasement” d’une révolte armée…
Que peut le cinéma ? Témoigner contre l’oubli et la négation, sans doute, mais certainement pas par un film où tout semble trop mis en scène dans cette longue marche d’un héros insipide (et aphone), à la recherche de ses deux filles, le tout nappé d’une musique pesante pour surligner les émotions répétitives du film…
Même s’il y a malgré tout, un courage certain du réalisateur de montrer ces faits (le film est dédié au journaliste arménien Hrant Dink assassiné en 2007 par un nationaliste turc), on ne peut l’exonérer d’un regard qui reste trop souvent au raz du sol et n’explique rien du contexte historique de ces atrocités prémonitoires d’autres de ce siècle.
Alors, entre devoir de mémoire et film surchargé de bonnes intentions, à vous de choisir…
Gérard Poitou
“The Cut” (La Blessure)
Un film de Fatih Akin, 2h18
Avec Tahar Rahim, Simon Abkarian, Makram Khoury…
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