“Même une chèvre avec l’étiquette UMP aurait toutes les chances d’être élue aux départementales (cantonales) de fin mars”, dit un élu de droite à propos de la vague bleue qui va déferler. Autrement dit, il y a du monde au portillon, à droite, pour briguer les suffrages avec la presque certitude de siéger, et de s’octroyer les indemnités de conseiller départemental qui vont avec. Le 15 janvier, l’UMP du Loiret présentera ses candidats, les 21 binômes, hommes-femmes. Sur les cantons d’Orléans, pas de surprise, c’est Serge Grouard et sa garde rapprochée qui décident. Mais ces derniers jours, les “informés” ont été les témoins d’une volte-face qui témoigne, s’il en était besoin, d’un climat conflictuel latent au sein de la majorité municipale.
Kerrien et Lagarde renvoyés à leurs études
La surprise, c’est que deux candidats potentiels jusqu’ici présentés comme des figures montantes de la Grouardie ont été écartés. Ainsi Nathalie Kerrien, adjointe à la culture était donnée candidate certaine à Saint-Marceau, en duo avec Mathieu Langlois (contre Michel Brard et Ghyslaine Kounowski pour le PS). Elle aurait été remplacée par Niame Diabira, conseiller déléguée à la Source, qui ferait toujours équipe avec le même Mathieu Langlois, jeune Pop très ambitieux, conseiller délégué au maire d’Orléans, aux réseaux et à l’e-administration.
Nathalie Kerrien et Serge Grouard devant la presse.
Deuxième changement brutal, celui qui concerne le canton Orléans 4 (anciennement St Marc- Argonne) où devait se présenter François Lagarde, le Sarkozyste délégué à l’immigration illégale et vice-président de l’agglo, en binôme avec Alexandrine Leclerc, adjointe à la famille et aux solidarités et centriste affichée. Au final, c’est Olivier Geffroy, UMP, le très prometteur adjoint à la sécurité (successeur de Florent Montillot) qui lui a été préféré.
Pourquoi ces changements brutaux qui ne sont pas forcément bien accueillis par une partie du conseil municipal? Nathalie Kerrien paye-t-elle un tant soit peu l’affaire du Festival de Jazz qu’elle n’a d’ailleurs pas pilotée? François Lagarde l’énarque, dont l’antagonisme avec Olivier Geffroy, le sous-préfet souvent qualifié d’homme qui monte, est de notoriété publique?
Ça flingue dans tous les coins
Ces “désignations” par le maire de “ses” candidats aux cantonales n’a pas vocation à améliorer un climat déjà exécrable au sein du conseil municipal. “Il dirige seul, ne concerte pas et met ses adjoints devant le fait accompli.” Lorsque deux évincés de l’équipe précédente, Tahar Ben Chaabane et Guy Toreilles sortaient ce genre ce constat, il était de bon ton de les traiter d’anti-grouardistes primaires. Aujourd’hui, ce constat vient de l’intérieur de l’équipe renouvelée. “Ca flingue dans tous les coins”, dit une élue sous couvert d’anonymat.
Historique, la rivalité Montillot-Lemaignen continue, mais d’autres n’ont pas rangé, ou ont ressorti, les couteaux du vestiaire. Ainsi entre Martine Grivot et Soufiane Sankhon, l’ancienne et le nouveau adjoint aux sports, le match entamé pendant la campagne des municipales se poursuit. Et entre les deux chargés de la sécurité, Olivier Geffroy et François Lagarde, on tire à vue. Quant à Murielle Sauvegrain, “commissaire politique” qui se ferait tuer pour le maire, elle n’a pas que des amis au sein de l’équipe.
Sur deux ou trois dossiers comme celui de la “commune nouvelle” imposé à l’agglomération, personne n’avait été prévenu ou presque. L’opposition s’en est plainte, normal, mais la plupart des élus même dans la majorité ont découvert le sujet le jour du conseil d’agglo.
C’est encore pire en matière de communication vers l’extérieur. Une seule tête, tous derrière Serge Grouard. Si un journaliste souhaite interroger un élu dans un domaine précis qui le concerne, la sécurité par exemple, c’est le maire qui se propose de répondre. Dans l’affaire du festival de jazz, Nathalie Kerrien n’a reçu aucun mandat de Serge Grouard pour négocier en amont un festival nouveau avec les associations. Ce qui aurait certainement dégonflé le dossier et évité l’énorme polémique qui a suivi. Même les amis politiques à l’extérieur sont négligés. Ainsi les organisateurs des fêtes de Jeanne d’Arc n’ont-ils pas été prévenus des coupes sombres dans le budget et se plaignent de n’avoir pas entendu les voix… de la concertation.
Plébiscité par les électeurs aux municipales (53,64%), Serge Grouard n’écoute plus que ses très proches, Olivier Carré, son trésorier Michel Martin et Olivier Geffroy. Les perspectives de victoire aux cantonales, aux régionales puis en 2017, laissent le champ libre à des ambitions à peine dissimulées.
Ch.B