Wish I was Here, (en VO), est l’histoire douce amère d’un homme-enfant qui brutalement va prendre son existence, et les personnes qui l’entourent, à bras le corps, et va décider de nager dans le monde toujours plus fort. Wish I was Here, c’est un conte de vie, pour le meilleur et pour le pire. C’est une gourmandise. Un sprint de plusieurs kilomètres. Un rail d’espoir sniffé au fond d’une piscine sale. Une noyade à l’état pur. C’est construire et détruire des murs.
« Il y avait des lucioles partout.
Non… il n’y avait pas de luciole.
Je sais. Mais je préfère croire qu’il y en avait. »
Après le succès de Garden States en 2004, Zach Braff, acteur, scénariste, et réalisateur de ce second long métrage, revient sur le devant de la scène avec une comédie dramatique mordante au spleen tendre et cruel. Une adorable histoire humaine où l’être saute entièrement dans les profondeurs brutales d’un questionnement, en proie aux plaisirs et contrariétés de la vie.
Les choses de la vie
« La voix du seigneur est impénétrable. »
Sensiblement déchiré et tiraillé entre son rêve de comédien et son amour d’être humain, Aiden Bloom va délibérément tergiverser sur la vie et ses surprises, tout en apprenant cette précieuse valeur à ses enfants, et ce, quoi qu’on en dise.
Un conflit à fleur de peau nous berçant de splendeur en étendue, de peur en futur et en vécu… Ne cessant jamais de se remplir et de s’abandonner à cette sublime mélancolie qui nous tire, nous extirpe, et nous replonge face à notre vie. Loin d’être impénétrable, ce long métrage est d’une beauté indiscutable.
C’est avec une grande finesse et une désarmante vérité, que le réalisateur entre-chasse et pourchasse différentes thématiques. Allant de déraison en éthique, il nous touche et nous attouche de rires en larmes, de désirs en drames, là où la vie vient perturber notre existence avec l’amour et la foi, les rêves et les droits, sans oublier les devoirs, et ce doute qui toujours nous questionne : « Est-il trop tard ? ».
The fucking lifeguard
D’une extrême sensibilité, il va ausculter et contempler ce rapport complexe et ombilical de l’âme qui unit les êtres les uns avec les autres.
Si bien que les grandes espérances et les insolubles questions existentielles sont recherchées, dépouillées, repensées, aimées et détestées, inventées et réinventées… les unes après les autres. Atteignant avec fureur, cette étrange humeur, viscérale et abyssale, que sont les épiphanies. Dangereusement liées à cette chose dévorante qu’est l’infini.
Alors qui-suis-je ? Suis-je accomplie sans réaliser mes rêves ? La vie ne t’offre pas de trêve. La vie. La vie c’est cette voix dans ta tête. Ce robot qui te guette. C’est lui. C’est toi. C’est aussi fort que de lire un poème debout sur un plongeoir, se raser la tête, porter une perruque rose et broyer des couleurs à haute dose.
Un grand bravo pour cette extraordinaire baignade de l’âme et ce foutu sauveur de cœur qui, quand la dope devient ce « hope », nous livre sans pudeur et avec respect, cette incompréhension, cette flamme, cette rancœur, cette luciole, ce truc bien plus important que de laisser son enfant à l’école. Ce manège qui ne s’arrête pas. Ce souffle que l’on ne connait pas. Aussi puissant et insensé que de tenir une torche embrasée, à se brûler, sans jamais la lâcher. C’est réel. C’est grisant. C’est sensationnel. Mais c’est aussi accepter. Accepter le deuil. Accepter la fin. Accepter de gagner et de perdre le monde et les siens.
L’existence ne sera pas mon tombeau
Ainsi un grand bravo à Zach Braff qui signe d’or un travail hors pair où l’imagination sauve la raison, là où les doutes scintillent, où les cadavres de maux ruissellent, à ne pas comprendre mais sentir pourquoi l’existence se décèle… et que peut être, finalement, le rôle de notre vie est de vivre.
Mais si encore le film ne parlait que de cela… bien loin de s’arrêter là. Il nous parle de rêve, il nous parle de désir, il nous parle de l’espoir qui ne cesse de s’enfuir… il nous parle simplement d’être vivant, pour le meilleur et pour le pire. Toujours. Il nous parle de cette chose trop oubliée qu’est l’amour.
Ana Elle
Durée : 1h 47 min
Avec Zach Braff, Kate Hudson, Mandy Patinkin, Joey King, Pierce Gagnon, Josh Gad…
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