“Deux jours et une nuit”, le film des frères Dardenne (déjà détenteurs de deux Palmes d’Or à Cannes avec “Rosetta” et “L’enfant”), présenté au Festival de Cannes en compétition, est sorti ce mercredi sur les écrans. J’avoue ne pas être un inconditionnel de ce cinéma qui justifie son “réalisme” par des images systématiquement tournées caméra à l’épaule, dans des plans séquences dont la durée crédite la vérité: quand Marion Cotillard fait un lit, ça prend le temps de faire un lit…
Pourtant ce scénario “compte à rebours”, où la jeune future licenciée doit convaincre un à un chacun de ses collègues à ne pas choisir égoïstement sa prime contre son licenciement, devient très vite une épreuve de vérité, une “révélation” de la nature humaine, dans une confrontation face à face, où chaque mot compte, chaque regard, chaque geste.
Les éthologues nous ont appris que l’espèce humaine est la seule espèce animale capable de solidarité pour sauver un congénère, ce film explore et dissèque ce comportement dans ses aspects les plus touchants comme les plus lâches. Et la vraie force du cinéma des frères Dardennes est dans cette crudité/cruauté des rapports sociaux, dans des scènes où Marion Cotillard n’est pas forcément la plus forte face à ces acteurs anonymes subtilement choisis, mais elle porte ce film sur ses épaules (si souvent vues de dos avec son débardeur) avec la fragilité tragique de la peur du chômage, enjeu de sa propre survie dont décidera le vote de ses collègues.
Cette parabole sociale confine ainsi au tragique où ce ne sont pas les dieux qui décident du sort des hommes, mais d’autres hommes..
Alors troisième palme d’or ? Réponse samedi, en attendant un film à voir !
Gérard Poitou
“Deux jours et une nuit” Réalisation Jean Pierre et Luc Dardenne 1 h 35
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