La pianiste allemande Kathrin Isabelle Klein en répétition avec l’ensemble Cairn et le compositeur Jérôme Combier. Photo: Jean-Dominique Burtin.
Ultime rendez-vous. Haute et belle tension. Vingt-deux candidats ont fait vibrer du 7 au 12 mars les mélomanes à l’Institut lors des premières épreuves du concours de piano d’Orléans, mais seulement trois d’entre eux, retenus par le jury d’Alicia Terzian, vont appréhender ce samedi , au Théâtre, cette grande finale où sera décerné, entre autres, le Prix Blanche Selva. Ce sont, rappelons-le : Kathrin Isabelle Klein (Allemagne, 1991) ; Aline Piboule (France, 1980) ; Imri Talgam (Israël , 1987). Ce samedi, salle Barrault, chaque candidat interprétera deux œuvres imposées : « Lichen », création de Jérôme Combier avec l’ensemble Cairn et « Incises » , de Pierre Boulez, version 2001. Kathrin Isabelle Klein et Imri Talgam interpréteront également Messiaen , et Aline Piboule, Prokofiev.
Compositeur de « Lichen », Jérôme Combier, en résidence à la Scène nationale , créateur résolument souriant et disponible est, depuis ce jeudi , au contact des finalistes qui répètent avec passion et avec l’ensemble Cairn la belle commande musicale du onzième concours international d’Orléans présidé et fondé par Françoise Thinat.
« Un monde où participent tous les instrumentistes »
Jérôme Combier, rencontré ce vendredi, à propos de « Lichen » : « J’ai commencé par écrire la cadence et cela m’a pris deux mois. De là j’ai extrait toute la matière de la pièce. Ce que je voulais, c’était établir un monde où participent tous les instrumentistes. Pour moi, il s’agissait de proposer un entre-deux, un partage. S’il y a virtuosité dans cette oeuvre, elle ne réside en fait que dans la cohésion de l’ensemble qui vient enrichir ou corroder le son du piano. En vérité, cette pièce est pour moi le fruit d’un long investissement car j’ai toujours besoin de prendre la mesure de ce que je fai et de structurer l’apparition des événements dans mes cahiers d’esquisses emplis de notes, d’écrits et de citations. »
« Je suis admiratif devant la prouesse de chacun »
Comment s’opèrent les répétitions avant la finale ? Jérôme Combier : « Tout se déroule de manière très conviviale , tant pour les trois finalistes que pour les solistes de l’Ensemble Cairn qui arrivent très solides et prennent plaisir à guider les candidats avec bienveillance . Tout est ici un travail de musique de chambre. Ce que tous vont ensemble proposer est une interprétation et je dois reconnaître que je suis très admiratif devant la prouesse des pianistes car le temps de répétition est extrêmement court ».
« Tous sont là pour faire de belles choses »
L’interprétation d’une œuvre en création, très attendue, est depuis toujours l’instant de grâce du concours-festival. Jérôme Combier se montre cependant d’une radieuse humilité à cette idée : « Ce qui m’intéresse est ce que peuvent proposer les candidats et les musiciens de Cairn, c’est-à-dire leur point de vue et leur conception. En aucun cas je ne pourrais avoir de jugement réel et tranché. En définitive, « Lichen » est une pièce que je ne considère pas comme une œuvre finie car la musique doit toujours avoir un moment ouvert pour l’interprète. La pièce ne m’appartient pas et j’en sais bien moins sur Lichen que ceux qui la jouent. »
Chacun l’aura compris, dans la philosophie du concours, l’œuvre contemporaine et sa création sont au cœur de sensibles préoccupations. Ultime beauté saisissante assurée ce samedi. Transcendante et transcendée, elle sera le fuit de fragilités, d’audaces, de dépassement, de communion et d’un brûlant amour de la musique.
Jean-Dominique Burtin
Samedi 15 mars, 20h30, salle Jean-Louis Barrault, Théâtre d’Orléans, boulevard Pierre Ségelle. Tarif de 18 à 24 €. Réservations : Théâtre d’Orléans, de 14 heures à 19 heures. Tél. : 02.38.62.75.30. Billetterie sur place.Renseignements : www.oci-piano.com et www.scenenationaledorleans.fr