Le premier mot qui me vient pour parler du regard sur le monde de Yolande Moreau, comme réalisatrice,c’est le mot bonté. Pas la bonté naïve ou condescendante, non la vrai bonté, celle qui sait voir dans tous ces handicapés de la vie, une humanité riche de ses forces et faiblesses.
Ce film est d’abord la chronique du bar-restaurant d’Henri Salvatore (Pippo Delbono), immigré italien perdu dans ce plat pays qui n’est pas le sien, en marge du décor d’une ville industrielle sans âme. Ici se retrouvent ses potes et quelques clients, eux aussi en marge de nos réseaux sociaux virtualisés, et seuls les pigeons voyageurs sont là pour faire rêver de la liberté…
Nosferatu Murnau 1922
Car il n’y a pas de miracle dans cette vie minuscule, sauf la mort prématurée de Rita, la belle femme d’Henri., qui va précipiter la rencontre entre ce petit monde et celui de l’institution pour handicapés juste de l’autre coté de l’autoroute. Parce que, comme dans Nosferatu, pour accéder au monde des handicapés il faut franchir un improbable pont sur une autoroute où grouille une autre vie que l’on ignore.
Bien sûr, il y a l’alcool, remède à toutes les solitudes, et puis les handicapés malpolis qui chantent qu’ils veulent du “cul”, et Yolande Moreau transcende cet univers pour nous raconter une histoire d’amour impossible, pleine de tendresse et d’émotion entre Henri et Rosette, la papillon (Miss Ming)…
Et tout le film est interprété avec subtilité et délicatesse par deux acteurs étonnants de sensibilité.
Gérard Poitou
Réalisation Yolande Moreau 1 h 47
avec Miss Ming, Pippo Delbono