Le dernier film de Bertrand Tavernier s’inspire de la BD qui met en scène Dominique de Villepin et la recette de son fameux discours des Nations Unies.
On se gardera bien de pendre Bertrand Tavernier à un croc de boucher! Pour autant son quai d’Orsay nous laisse un peu sur notre faim. Pas assez saignant, pour trousser encore la métaphore carnivore? En fait, le malaise s’installe parce que Tavernier hésite entre narration comique et vraie peinture des arcanes du ministère le plus prestigieux de notre République. Toute honte bue, nous avouons n’avoir pas savouré en amont la BD de Blain et Lanzac (de son vrai nom Antonin Baudry), « plume » de Dominique de Villepin entre 2002 et 2004.
Du Quai d’Orsay au discours de l’ONU
La raison sans doute pour laquelle nous aurions préféré Thierry Lhermite en Dominique de Villepin pur et dur avec ses sherpas et ses petites mains du cabinet, tout entier dévoués à le hisser vers le sommet de son discours Onusien resté célèbre. C’est lors des remues-méninges fiévreux des grands chefs et des petites mains de la cuisine diplomatique, avec ses codes, ses jargons, ses huis-clos fébriles, que le film est le plus convaincant. Sous les ors du Quai, le citoyen spectateur s’aperçoit -au cas où il aurait été convaincu du contraire- combien la carrière politique est un sacerdoce ingrat, bouffeur de santé, de couples et d’illusions.
Aristocrate flamboyant
Pareil pour Thierry Lhermite qui hésite entre le ministre poète parfois à l’ouest (parfois à l’est aussi) qui pénètre dans les bureaux précédé d’une escouade de papiers volants et un Villepin plus crédible en aristocrate flamboyant, dressant son panache débordant sur les bords, face à l’oncle Sam et à ses sinistres dérapages impérialistes et guerriers.
Mention particulière à .Niels Arestrup,, savoureux dans son rôle d’éminence grise du ministre allumé et qui tient la baraque de notre diplomatie. Arestrup joue à merveille la figure rassurante et chaleureuse d’un de ces grand commis de l’Etat qui assurent la continuité de notre politique extérieure, lorsque souffle, non seulement le vent de l’histoire mais aussi le cyclone d’un ministre tempétueux. Et qui font que le Quai arrive toujours, aussi périlleux soit le voyage, à bon port.
A 72 ans, on aimerait que le metteur en scène de “Que la fête commence” de “Coup de torchon” de “la fille de d’Artagnan” et de “L’horloger de St Paul”, nous refasse un vrai film historique et politique. Tavernier, remettez-nous ça!
Ch.B
“Quai d’Orsay” de Bertrand Tavernier 1 h 53
avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup
http://www.youtube.com/watch?v=YYv_Xjoph1g