Silhouette longiligne et longs cheveux bruns, Solann dégage à la fois douceur et détermination. Deux heures avant son passage sur la scène de l’Astrolabe, elle a gentiment accepté de nous accueillir dans sa loge pour répondre à quelques questions.
Solann était de passage à l’Astrolabe d’Orléans.
Photo Laurent Egret
Propos recueillis par Olivier Joriot.
Quel est ton ressenti après avoir écouté l’Astrovox reprendre deux de tes titres ?
C’est la première fois que j’entends mes chansons chantées comme ça. Avoir toutes ces voix, face à soi, c’est beaucoup d’énergie. C’est un énorme cadeau. J’ai tellement l’habitude d’interpréter mes chansons comme je les ai écrites, que de les voir chanter avec d’autres voix, d’autres intentions, c’est tout simplement incroyable ! C’était si beau. Les arrangements étaient incroyables !
Tes chansons semblent être une sorte de libération, de désinhibition à travers des paroles aiguisées et directes. Comment convoques-tu les thématiques de tes chansons (le corps, le féminisme) et y en a-t-il une que tu n’es pas parvenue à aborder ?
Sur l’album, j’ai tout donné et exprimé tout ce que j’avais à exprimer. Mes thématiques me viennent beaucoup d’un esprit de frustration. Mes chansons parlent de frustrations amoureuses, sociétales, féminines. J’ai besoin de les extérioriser. J’écris de façon égoïste au départ, pour me faire du bien, et il se trouve que parfois, ça résonne chez d’autres personnes car ce sont des sujets universels. Les mots viennent parce que je suis énervée et que j’ai besoin de lâcher du lest.
Le titre de ton album est « Si on sombre, ce sera beau », comment l’interpréter ? Comme un mélange de fatalisme mêlé à de l’espoir ?
Je suis de nature assez fataliste et cynique voire même pessimiste sur certains aspects. Mais ce que j’aime chez l’être humain, c’est qu’il a la capacité de faire du bon dans des situations tragiques, à raconter des histoires d’horreur, mais à les rendre jolies, à les orner et à faire en sorte qu’on ait envie d’en entendre parler. Je ne m’inquiète pas par rapport à cette capacité. Et si on doit se péter la gueule, quitte à y rester, alors on va bien le faire, en beauté.
Tu pars d’un visuel, d’une identité assez intimiste, minimaliste. À quoi le public doit-il s’attendre scénographiquement parlant ?
À quelque chose d’assez théâtral car je viens du théâtre. C’est assez minimaliste au niveau des couleurs, des installations pour que ça laisse au spectateur la possibilité d’imaginer des choses.
La récente récompense aux Victoires de la musique change-t-elle quelque chose par rapport à la gestion de ta carrière ? Es-tu toujours sur l’idée directrice de « Marcher droit, doucement, lentement … et d’en récolter les fruits quand ce sera le moment » ?
J’aime l’idée d’avancer doucement mais sûrement. Je m’en sors mieux dans une certaine lenteur. Je n’ai pas eu le temps de voir les répercussions de cette victoire de la musique dans la mesure où on a enchaîné tout de suite sur la tournée. On s’est plongé dans le travail, les résidences, les répétitions. C’est surtout la tournée qui a accéléré les choses et qui impose un rythme plus soutenu auquel il faut s’acclimater.
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