À Orléans mais aussi à Tours, la gratuité des transports publics urbains sera au cœur des prochaines campagnes municipales. Cette revendication est portée par la gauche qui vient d’inviter le maire de Montpellier pour expliquer et motiver la démarche qui a déjà été adoptée à Châteauroux, Bourges et en partie par la Région Centre-Val de Loire. Mais comment financer cette gratuité ?
La gratuité des transports à Orléans, un désir de la gauche, mais un défi financier et logistique pour la métropole.
Par Jean-Jacques Talpin.
Les prochaines élections municipales de mars 2026 seront animées par plusieurs débats : la défense des services publics, la sécurité, la qualité de vie et l’environnement. Ce sera également le cas avec la revendication de la gratuité des transports publics. À Tours une pétition de plus de 2 000 signatures vient de porter cette demande appuyée dans la capitale régionale par « Maintenant Orléans » regroupant PS, PC et Génération(s) (LFI a fait ses valises…). À travers sa « grande consultation citoyenne » qui a récolté un millier de réponses, la gauche a d’ailleurs constaté que cette revendication venait en tête des attentes des Orléanais. « Maintenant Orléans » (qui espère faire liste commune avec les écologistes d’OSE dès le 1er tour si les négociations en cours aboutissent dans les prochaines semaines) a déjà à plusieurs reprises adressé cette demande à la métropole d’Orléans qui l’a toujours balayée pour des raisons budgétaires.
Y aller par étapes
D’où la nécessité de « construire une stratégie » et de s’appuyer sur des exemples sonnants et trébuchants mais réussis. Avant une réunion publique mercredi 2 avril, Philippe Fournié, vice-président de la Région en charge des mobilités, est venu expliquer comment le conseil régional, avait graduellement adopté cette gratuité, d’abord pour les scolaires puis pour les jeunes de 18 à 25 ans lors des week-ends… avant peut-être une généralisation ultérieure. Pour Baptiste Chapuis (PS) qui mènera la liste de gauche en duo avec Ghislaine Kounowski, « le discours de la gratuité doit s’inscrire dans un projet politique global qui dépasse les clivages politiques ». « C’est un débat qui fait honneur à la démocratie et qui sera central en 2026 », a ajouté le grand témoin de cette réunion Mickaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée métropole. Cette agglomération est d’ailleurs la plus importante, après Dunkerque, à avoir adopté cette gratuité. « Et ça marche », s’est-il réjoui en expliquant une démarche graduelle : d’abord les week-ends, puis les jeunes et enfin les seniors.
Maintenant Orléans veut la gratuité des bus et tram. Photo Magcentre
La gratuité pour l’écologie et le social
Les chiffres seraient d’ailleurs parlants : +27% d’utilisateurs des transports urbains, baisse de 30% des incivilités et sans doute réduction de 10% du trafic automobile. C’est cette graduation dans la mise en œuvre qui a permis à Montpellier d’adopter cette mesure qui « répond à la fois à une double ambition d’écologie et de social ». Mais, « budgétairement Montpellier pouvait financer cette mesure » rendue possible aussi par des économies sur la billettique et les systèmes d’information. Pourtant, l’agglomération a dû investir 30 millions dans la gratuité sans que cela fausse le débat « gratuité contre investissements ». « Cela ne nous a pas empêché d’investir pour moderniser, améliorer la qualité du réseau qui va voir l’ouverture d’une cinquième ligne de tram », a expliqué M. Delafosse. Mais quid d’Orléans ? La Métropole et notamment son ancien président Charles-Éric Lemaignen par ailleurs grand défenseur des transports en commun, a toujours repoussé cette mesure en arguant d’une perte potentielle de 21 millions de recettes billettiques.
« Gouverner c’est choisir ! »
Par ailleurs la Métropole (déjà contrainte de surveiller ses investissements et sa dette) va devoir investir lourdement dans les prochaines années dans le renouvellement d’une grande partie de son matériel roulant et peut-être dans l’extension de son réseau tram. Perdre 20 millions de recettes ne va-t-il pas menacer l’amélioration et la qualité de son réseau bus-tram ? « Il faudra y aller progressivement, par étapes », mesure un Baptiste Chapuis conscient d’une équation à priori difficile à résoudre entre qualité, extension et modernisation du réseau. « Mais nous avons consacré 5% de notre budget de fonctionnement à la gratuité, répond Michaël Delafosse. C’est jouable en faisant des économies et en réorientant d’autres dépenses. C’est un choix. Mais gouverner c’est choisir ! »
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