À l’initiative de la Licra, une marche silencieuse qui a réuni plusieurs centaines de personnes était organisée ce mardi soir (25 mars) entre la synagogue et la place de la République à Orléans. Un symbole pour rappeler que l’antisémitisme est un crime contre la République.
Une marche digne et réussie. Photo Magcentre
Par Jean-Jacques Talpin.
C’est peu dire que l’agression samedi dernier en plein centre-ville d’Orléans d’Arié Engelberg, le rabbin de la communauté juive, a provoqué la consternation. Tout le monde politique, national comme local, le milieu associatif, les mouvements, les représentants de l’Église catholique et du culte musulman et tous les antiracistes se sont mobilisés pour dénoncer cette odieuse agression. Fidèle à ses engagements et à son histoire, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a tenu à marquer l’histoire en organisant mardi soir une marche silencieuse entre la synagogue, située derrière la cathédrale et la place de la République. Alors que tous les mots, toutes les condamnations ont été prononcés contre cette agression, le silence était peut-être la plus belle, et la plus efficace arme pour dénoncer ce poison antisémite pas si résiduel comme certains politiques le qualifient.
Sans récupération politique…
Pour la Licra il était important de rappeler que « la lutte contre toute forme de haine, de racisme et d’antisémitisme doit être l’affaire de tous ». Surtout dans cette ville tristement célèbre en 1969 avec la « rumeur d’Orléans », autre manifestation de l’antisémitisme qui ronge la société, à Orléans et ailleurs. La marche lente qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes est donc restée silencieuse, digne, sans récupération politique y compris à l’extrême droite qui aime à rappeler, même en sourdine, que le jeune agresseur marocain et déjà délinquant était musulman.
Le président de la communauté juive remercie les participants. Photo Magcentre
…ou presque
Seul le maire Serge Grouard s’est distingué en rappelant que « l’agresseur était un étranger qui n’avait rien à faire ici ». Ils étaient donc nombreux à cette marche, des Juifs bien sûr sans le rabbin (mais la communauté juive à Orléans est réduite à quelques centaines de membres) et surtout des élus et de nombreux citoyens « ordinaires » révulsés par cet antisémitisme qui est certes « d’atmosphère » (dilué dans la société) mais aussi capable de passer aux actes et à la violence. Tout ce que la République compte d’élus et de représentants était présent à cette marche : préfète, parlementaires et anciens parlementaires, évêque d’Orléans, président du conseil régional et départemental, maire d’Orléans, etc.
« On n’a pas peur d’être Juif à Orléans ! »
C’est à l’issue de cette marche place de la République qu’André Druon, président de la communauté juive d’Orléans, est venu rompre le silence pour remercier les participants et les autorités mais aussi pour lancer un cri d’alarme : « La parole de haine, d’intolérance, de racisme, d’antisémitisme a été libérée » du fait notamment « de certains médias et mouvements politiques » (« Mélenchon » a crié quelqu’un dans la foule…). « On savait que cela devait arriver. Mais on ne savait pas quand », a-t-il insisté. « Mais méfiez-vous après nous, ce sera vous ». De son côté, Maayan, de l’union des étudiants juifs, a martelé : « On n’a pas peur d’être Juifs à Orléans, on ne va pas partir ». Avant que la Marseillaise ne mette un terme à cette manifestation digne, Joëlle Gellert, présidente de la Licra du Loiret a lancé un appel : « On en a assez que la démocratie et le principe de laïcité soient bafoués. Cela suffit : la lutte contre l’antisémitisme doit être l’affaire de tous ! ».
Toutes les couleurs politiques étaient représentées. Photo Magcentre
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