Floral Records, un incubateur de jeunes talents prêt à faire vibrer Tours !

Le 22 mars prochain, la salle de musiques actuelles tourangelle du temps Machine (SMAC) fera certainement le plein en accueillant une soirée tardive festive aux accents de musiques électroniques. La Floral Party déploiera ses pétales colorés jusqu’à l’aube.

Par Olivier Joriot.

Mais qui se cache derrière ce label de musique indépendant « made in France » Floral Records, organisateur de cette soirée ? Rencontre avec Léo Lenvers et Jean-Baptiste Goubard (ex Radio Béton Tours), de véritables dénicheurs de jeunes talents, portés par le streamer Ponce et ses 800 000 followers.

Quelle est la genèse de Floral Records ?

Léo : Je connais Ponce depuis le lycée à Avignon. On jouait ensemble dans un mauvais groupe de rock ! Ensuite, chacun a évolué de son côté, Ponce dans l’univers des jeux vidéo et le streaming à Montpellier, et moi dans la musique dans le milieu associatif. Début 2020, j’ai rencontré JB qui bossait pour le label belge Luik Music, lors d’une soirée qu’on a organisée ensemble avec mon asso « fauchage collectif ». On ne se connaissait pas et on devait mixer ensemble. On a loué une cabine DJ pour s’entrainer et on s’est découvert des goûts et des esthétiques communes, et notamment autour de Twitch et du numérique. Ponce nous a invités sur Twitch pour parler des droits d’auteur, sujet qui nous tenait à cœur.

JB : À nous trois, on a réalisé qu’on avait les compétences pour former ce lien entre musique et numérique, et on a décidé de nous lancer dans l’aventure. Après, c’est en septembre 2022 que l’on a officialisé au Bataclan l’éclosion de Floral Records.

Quelle est la ligne artistique de votre label ?

JB : Alternatif et avant-gardiste. Il y a des esthétiques qui sont très mal défendues en France (Bass music UK ou néo jazz par exemple). J’ai pu constater qu’en Belgique, il y avait plus de marge de manœuvre en termes d’esthétique.

Léo : Ce qui nous réunit, c’est l’envie d’être surpris par des groupes. Nous n’avons pas de limites de genre ou de style, à partir du moment où il y a de l’originalité dans le projet. C’est dans la continuité de ce que l’on a toujours défendu avec plus de moyens et de visibilité à travers les réseaux de Ponce.

Comment choisissez-vous les artistes que vous signez sur le label ?

JB : Il n’y a pas vraiment de règles, sauf peut-être qu’il faut que nous soyons tous les trois d’accord ! On a également le souci de représentativité en ayant, à terme, dans notre catalogue d’artistes, un certain équilibre et donc plus de projets féminins ou non genrés. On fonctionne au coup de cœur.

Léo : On prend généralement énormément de temps avant de signer un artiste. Avec Jeanne To, on a discuté pendant un an et demi par messages avant de se synchroniser et de penser à une forme de collaboration. Pour d’autres groupes (Angle Mort & Clignotant, Ceylon, Vorace), c’était plus évident car je les accompagnais déjà avant Floral Records. Pareil pour JB avec Endless Dive. La plupart du temps, on découvre les artistes sur scène. On voit si on se projette ou pas. Ensuite, on voit si la connexion humaine se fait.

JB : C’est vrai que quelquefois tu adores la musique, mais humainement c’est dur… parfois c’est l’inverse ! Les groupes qui nous contactent ne sont pas forcément ceux qui ont capté notre manière de fonctionner alors que les groupes qui ont capté ne sont pas forcément ceux qui nous sollicitent. C’est difficile de faire émerger un groupe. Le mythe du label qui fait exploser tout seul un artiste, ça n’existe pas. On ne fait pas des miracles. Un label est là pour accompagner la professionnalisation.

Que proposez-vous que les autres labels n’ont pas ?

Léo : On aime bien s’afficher comme étant à la fois label et média dans la mesure où, sur la chaine Twitch de Ponce, on prend le temps d’écouter des sons que les viewers nous envoient et de faire des retours sur ce qui peut être amélioré en termes de réalisation, de choix artistique. On aime être transparent et partager nos chiffres, décortiquer l’économie du label, observer les outils du numérique sans pour autant les idéaliser. La finalité est de garder nos valeurs artistiques et politiques tout en utilisant les outils numériques. Le mercredi matin, sur la chaine de Ponce, on a un créneau Radio Floral pour parler de l’actualité du label.

JB : Ce qui nous différencie aussi des autres labels, c’est qu’on essaie d’avoir une orientation artistique qui ne repose pas que sur un style de musique. En France, on aime bien sectoriser les choses. Si tu regardes les artistes de Floral Records, ils ne se ressemblent pas.

Que proposez-vous aux artistes pour se développer après avoir signé chez Floral Records ?

JB : On aime bien le modèle de la co-production. Il y a autant de cas de figure que d’artistes. On peut se retrouver avec un artiste qui a déjà enregistré et masterisé son album, et dans ce cas on va aider à la promo, à la réalisation d’un clip et à la mise en avant de l’artiste sur la base d’un contrat de licence. Pour d’autres artistes, on est en co-production avec leur propre association sur un contrat d’artiste tripartite. En règle générale, on s’adapte aux artistes, c’est un peu à la carte.

Parmi les artistes de votre catalogue, lesquels commencent à pointer le bout de leur nez ?

JB : Ca dépend sur quoi on se base. Jeanne To (rave-pop) vient de faire sa release à la Boule Noire à Paris et les places sont parties en 48 heures. Tip Stevens (pop-rock) va faire l’Olympia. Endless Dive (post rock) a une bonne exposition à l’étranger (radio KEXP, BBC) mais on peine à trouver des dates en France.

Il est important de préciser que nos chiffres en streaming sont bons mais pas incroyables car nous avons atteint notre plafond de verre. On est totalement indépendant et donc pas liés à de grosses structures et on n’a pas accès aux principaux festivals. Les playlists et les médias main stream ne nous référencent pas alors que les remplissages de nos concerts sont bons.

Léo : En deux ans et demi, nous avons fait pas mal de chemin. On est allé très vite, on a fait nos preuves, on commence à être identifiés dans le milieu qui commence à comprendre ce que nous faisons. Il faut être patient et jouer aussi sur ses réseaux, ses amis, ses connaissances. C’est par ce biais qu’on a pu rentrer des artistes dans le festival Marsatac à Marseille en 2024 avec Violet Indigo. On a plus de chance de faire jouer un de nos artistes sur le festival Hop Pop Hop à Orléans que sur les Eurockéennes.

JB : On teste des outils de notre siècle, différents supports comme le marketing digital, le réseau Fera rock pour les radios indé. On travaille aussi avec des attachés de presse.

Ne pas être sur Spotify est un choix audacieux. On préfère semer des graines, être un peu partout et réfléchir à ce qui fait sens. On n’a pas spécialement envie de dire à nos artistes de ne faire que du contenu Tik Tok pour se faire connaître.

JB : On est plutôt libres et engagés. En tant que personnalité publique Ponce s’est engagé politiquement assez rapidement. Quand le Figaro s’est rapproché de nous pour faire une interview, on a décliné. On s’est peut-être tiré une balle dans le pied pour la visibilité du label, mais on est resté nous-mêmes. J’aime l’idée de conserver notre radicalité.

« Pitchez » cette soirée Floral Party qui aura lieu le 22 mars prochain au temps Machine à Joué Les Tours.

Léo : La Floral party, c’est d’abord environ 8 heures de musique avec un format concerts + DJ set en jonglant avec les deux salles qui sont à notre disposition. On terminera la nuit avec notre traditionnel DJ set à trois têtes, Ponce, JB et moi. On travaille beaucoup aussi avec des associations autour des VHSS (violences et harcèlements sexistes et sexuels) afin que l’environnement soit « safe » et que les gens vivent une bonne expérience.

JB : On a aussi développé une scénographie qu’on emmène sur chaque lieu. On a envie de donner l’impression au public de participer à un mini-festival en l’espace d’une soirée en ne proposant pas que des artistes Floral Records. Chaque soirée a une couleur, celle-ci sera plutôt techno et rap. On a mis les guitares au placard !

Quels sont les projets qui devraient éclore sur votre label dans les mois qui viennent ?

Léo : On discute pour faire d’autres Floral Party à Paris et en Belgique. On vient d’annoncer un nouveau groupe qui s’appelle SPORE composé de Ponce, deux membres de Ceylon et deux membres de Princess Napalm. On bosse sur un album depuis un an et demi et on vient d’annoncer nos deux premières dates.

JB : On a aussi une grosse échéance le 7 novembre prochain avec l’Olympia de Tip Stevens. Enfin, nous avons postulé pour participer au festival Aucard de Tours et nous avons obtenu une carte blanche pour une soirée. Nous allons pouvoir faire découvrir nos projets qui ne sont pas forcément encore bien identifiés en Région Centre.

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