L’ancienne députée Rassemblement National du Loiret lance son think tank Héraclès pour partir à la rencontre des citoyens sur les routes de France. Avec cette « Paris mobile » la militante d’extrême droite veut pourtant afficher son « indépendance »… tout en préparant les prochaines législatives.
La Paris Mobile cl Magcentre
Par Jean-Jacques Talpin.
Il y a des bouchers, des épiciers, des coiffeurs itinérants. Il y aura désormais un « think tank » (laboratoire d’idées) mobile. L’ancienne députée RN du Loiret Mathilde Paris (battue en 2024 par Constance de Pélichy, ancienne maire de La Ferté-Saint-Aubin, ex-UMP rattachée à présent au groupe LIOT) reprend en effet une des originalités de sa campagne défaite : la rencontre des électeurs à l’aide d’un camping-car. Après la « papa mobile » voici donc venu le temps de la « Paris mobile » avec un camping-car bien aménagé pour partir sur les routes de France. « Un véhicule qui se veut d’abord un « outil contre la déconnexion des élus du terrain ». Le lancement officiel du véhicule est intervenu samedi à Ouzouer-sur-Loire dans l’est du Loiret et fief de l’ancienne députée. Pourtant les ambitions de Mathilde Paris dépassent les frontières départementales : elle vise une audience nationale en s’inspirant « des modèles » de l’Institut Montaigne, Terra Nova ou IFRAP). Il lui faudra pour cela trouver d’autres sources de financements que les 60.000 euros qu’elle a réussi à collecter pour ce lancement.
En s’inspirant des gilets jaunes
L’ambition se retrouve aussi dans l’appellation de son laboratoire : Héraclès (ou Hercule chez les Romains) est d’abord le dieu aux 12 travaux à réaliser pour sauver le monde, des travaux qu’elle veut aujourd’hui mettre en chantier pour redresser la France. « Nous voulons, explique-t-elle, contribuer au redressement de la France en partant de nos territoires ». Le camping-car ira donc à la rencontre des électeurs sur les marchés (début le 28 février à Briare) pour faire émerger des idées et des propositions concrètes qui seront publiées dans des rapports et dévoilées lors d’une table ronde en fin d’année. Un « think tank mobile » donc qui fleure bon la démarche des gilets jaunes dont Mme Paris s’inspire. Pour son inauguration à Ouzouer elle avait d’ailleurs pris soin de n’inviter aucun cacique du RN ou notable local en s’appuyant sur des invités fleurant bon la France profonde.
Un porte-voix pour le RN à Orléans ?
Mathilde Paris lance son Think Tank cl Magcentre
Pour réussir son entreprise, elle devra aussi montrer l’indépendance de sa démarche : « Cela n’a rien à voir avec le Rassemblement National, insiste-t-elle. C’est une autre démarche, citoyenne et participative qui n’est pas la courroie de transmission d’un parti ».
De belles déclarations qui peuvent naturellement être mises en doute. Elle reste en effet militante du RN (responsable pour sa circonscription) et son mari est salarié du groupe à l’Assemblée nationale même si elle avait oublié de le déclarer auprès de la Haute autorité de la transparence de la vie publique, comme le règlement l’y oblige. Par ailleurs, le secrétaire général d’Héraclès, Hubert de Meuse, pourrait porter les couleurs du RN aux prochaines municipales à Orléans. Ce chef d’entreprise s’affiche aujourd’hui sous le drapeau du Rassemblement pour la République, un groupuscule d’extrême droite croupion du RN.
Faux nez du RN ?
Difficile dans ces conditions de parler de l’indépendance d’Héraclès. De même, Mathilde Paris affirme que son « think tank » ne sera pas une machine électorale pour ses propres ambitions. Même si elle a décliné une proposition de mener la liste RN à Gien (où elle possède un magasin de vêtements) elle est d’ores et déjà sur la ligne de départ des prochaines législatives. Dénonçant des irrégularités elle a même déposé un recours devant le Conseil constitutionnel (recours toujours pendant) contre l’élection de Constance de Pélichy contre qui elle multiplie les attaques pour inaction et absence du terrain. Dans tous les cas de figure, Mathilde Paris sera donc candidate aux législatives dans quelques mois si le Conseil constitutionnel invalide l’élection de 2024 ou plus tard quand l’inévitable dissolution interviendra.
Mathilde Paris se tient donc prête avec cette curieuse conception de l’indépendance avec ce faux nez du RN.
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