Ce 27 janvier 2025 marquait les 80 ans de la libération d’Auschwitz. Une date importante chez nous car le Loiret a été une étape de la déportation juive. Ainsi, une expo photo est visible sur les grilles de la mairie d’Orléans et du CERCIL, lieu de mémoire où s’est déroulée comme chaque année une cérémonie officielle.
Par Sophie Deschamps
80 ans libération Auschwitz. Hommage des jeunes dans la cour du Cercil. 27 janvier 2025. Photo SD
L’émotion et le recueillement étaient comme chaque année palpables dans la cour du Cercil Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv en ce 27 janvier. Et des jeunes, il y en avait beaucoup.
Des jeunes pour rendre hommage aux victimes
Ils sont venus chanter des chants yiddish, accompagnés par le Choeur de l’opéra de Tours et des élèves du choeur des jeunes du Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Orléans.
Ils sont venus lire la lettre de Simone Veil. Un texte fondamental et visionnaire dans lequel la fille de Birkenau comme elle se nommait, lucide, prévient : « Il vous appartient que la vigilance ne soit pas un vain mot, un appel qui résonne dans le vide de consciences endormies. Si la Shoah constitue un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité, le poison du racisme, de l’antisémitisme, du rejet de l’autre, de la haine ne sont l’apanage d’aucune époque, d’aucune culture, ni d’aucun peuple ».
Ils sont venus écouter les discours officiels qui ont inlassablement dénoncé le poison de la haine et la nécessité de lutter contre l’oubli quand un sondage de 2024 révèle que 20% des jeunes de 16 à 24 ans ne connaissent pas la Shoah.
Ils ont aussi entendu le témoignage de Joseph Weisman. Cet homme de 94 ans, a eu la vie sauve à 11 ans en s’évadant du camp de Beaune-la-Rolande, l’un des camps d’internement du Loiret. Une histoire qu’il a raconté dans son livre Après la rafle.
Ils sont venus déposer des gerbes au pied de la photo d’Aline Korenbajzer déportée et assassinée à 2 ans à Auschwitz. Il faut rappeler hélas qu’aucun enfant déporté de la rafle du Vel d’Hiv n’est revenu.
127 nouveaux portraits ajoutés dans la salle des enfants
D’ailleurs à l’issue de cette cérémonie, une visite de l’exposition permanente du Cercil était proposée ainsi qu’un arrêt dans la Salle des enfants qui garde la mémoire des 4400 enfants martyrisés « y compris ceux qui n’ont pas de nom » a indiqué Hélène Mouchard-Zay, fondatrice de ce Musée Mémorial.
Hélène Mouchard-Zay fondatrice du Cercil Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv dans la salle des enfants.Photo SD
Elle a aussi indiqué que 127 photos ont été retrouvées et ajoutées récemment sur les murs lumineux que l’on aperçoit sur la photo ci-dessus. Mais certaines cases resteront blanches à tout jamais.
Une expo photo hors les murs « Déportés, j’avais ton âge»
Les derniers témoins eux disparaissent ou sont très âgé.es. C’est le cas de Ginette Kolinka qui aura 100 ans dans quelques jours. D’où l’idée de la photographe Karine Sicard-Bouvatier de réaliser 50 portraits de rescapé.es de la Shoah. Sur la photo, ils et elles sont accompagné.es d’un garçon ou d’une fille qui ont l’âge qu’ils avaient lors de leur déportation, soit entre 11 et 20 ans (des photos à voir sur le diaporama ci-dessus). Neuf de ces portraits sont exposés sur les murs des grilles de l’Hôtel Groslot, où le maire Serge Grouard a reçu les personnalités et fait un discours fort et émouvant. Neuf autres portraits ont eux rejoint les façades extérieures du Musée Mémorial, rue Dupanloup. Un projet né en 2018 quand la photographe après avoir rencontré deux rescapés, réalise que « la génération de mes enfants était la dernière à être en lien avec ces hommes et ces femmes qui avaient souffert dans leur chair du nazisme. Il m’a semblé alors essentiel de documenter cette transmission, de fixer dans l’instant cette ultime rencontre ».
Karine Sicard-Bouvatier donnera une conférence au CERCIL sur son expo, ce mardi 28 janvier à 18h30.
La vie après les camps, film et livre de Virginie Linhart
Heureusement, on peut entendre et lire les témoignages de ces rescapé.es grâce au travail des historiens, des journalistes, des écrivain.es et des cinéastes recueillent ces précieuses paroles.
Virginie Linhart, réalisatrice du documentaire “Après les camps, la vie”. Photo SD
Ainsi Virginie Linhart, réalisatrice qui a interviewé longuement des hommes et des femmes dont Simone Veil, Ginette Kolinka, Marceline Loridan- Evans, Isidore Rosenbaum…Une vingtaine en tout qui parlent de leur difficile retour à la vie normale dans un monde qui ne les comprend pas et ne les écoute pas. Il en sortira en 2009 un documentaire Après les camps, la vie projeté le 18 janvier 2025 à l’auditorium de la médiathèque d’Orléans.
Des témoignages rassemblés dans un livre LA VIE APRÈS, des rescapés des camps se souviennent et disponible en poche (Points)
Programme complet Cercil, 80 ans libération Auschwitz ici
Pour aller plus loin sur Magcentre, dossier : 80 ans de la rafle du Vel d’Hiv.