Le compositeur Pierre Boulez honoré à Montargis

À Montargis, la salle des fêtes à l’intérieur de style art déco construite en 1925 par l’architecte Louis Philippon et magnifiquement rénovée, accueille à présent, ponctuellement, certains concerts du Festival de Sully et du Loiret, comme le 6 juin 2024, « Impression of Ella » de la chanteuse de jazz Robin McKelle. C’est en 2003 que Pierre Boulez, figure centrale du monde musical qui possédait une maison familiale à Amilly où, enfant, il passait des vacances, apporta ses conseils d’acousticien aux architectes chargés de la rénovation de l’édifice. Pour ces raisons, la ville de Montargis a décidé de baptiser l’esplanade de la Salle des Fêtes « Esplanade Pierre Boulez », et de passer commande à Sylvie Desmoulin d’un buste en bronze de l’artiste qui sera installé là mi-mars sur cet espace. En avant première, à l’occasion de l’interprétation des œuvres de Pierre Boulez à l’Institut d’Orléans, la mairie de Montargis et Sylvie Desmoulin ont volontiers accepté qu’y soit présenté le buste en terre cuite de Pierre Boulez, sculpture préalable au bronze de plus grand format.

Sylvie Desmoulin : « Afin de pouvoir au mieux réaliser cette œuvre, j’ai tenu à visionner toutes les vidéos sur internet qui révèlent l’expression du visage de Pierre Boulez lors de classes de direction d’orchestre et de concerts filmés qui m’ont ainsi permis d’écouter aussi sa musique. J’ai fait le choix de le représenter dans sa position de direction d’orchestre, celle où il est en tension, où l’on sent que toute son ouïe va vers ce qu’il entend. Compte tenu de l’emplacement et de la perspective, j’ai voulu un buste solennel, représenter cet artiste en habit droit avec son nœud papillon, rendre hommage au chef d’orchestre et au compositeur. En vérité, je pense qu’il n’aurait pas aimé être représenté autrement car il ne voulait laisser comme trace que sa musique. Il ne voulait aucun fétichisme, éprouvait une défiance pour l’instant figé. Alors oui, j’ai voulu le représenter lui, au moment où il est traversé par la musique. Pour le reste, on prend une motte de terre, on donne le maximum de soi avec son ressenti. Tout est toujours plein d’émotion, de doute et d’incertitude. Il a toujours un pincement, une exaltation au cœur d’une grande et longue aventure ».

À l’Institut, on le découvrira, Pierre Boulez se tient là, de face comme un homme frappé d’un sobre éblouissement et de fragilité émue qui fait autorité. Son profil, quant à lui, dit un monde intérieur chargé d’humanité.