Bicentenaire de Victor-Auguste Poulain : un chocolat devenu patrimoine national

Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Victor-Auguste Poulain (1825-2025), le génial inventeur du chocolat Poulain, plusieurs associations s’associent pour proposer un ensemble de manifestations. À découvrir du 8 au 22 février.

Marc Baraban (3e à G) et toute l’équipe d’organisation du bicentenaire de Victor-Auguste Poulain. Photo Jean-Luc Vezon.



Par Jean-Luc Vezon.


Poulain, c’est un peu la madeleine de Proust blésoise. La ville de Blois, les Blésois et au-delà l’industrie locale doivent beaucoup au fondateur de la chocolaterie Poulain. À ses plus belles heures, celle-ci employait plus de 1 200 salariés sur son site emblématique près de la gare et l’odeur de chocolat, qui flottait sur la ville, reste un souvenir unique. On se souvient aussi des jolies images que l’on trouvait dans les boîtes de chocolat en poudre ou de sa présence plébiscitée dans la caravane du Tour de France.

Fer de lance du combat pour préserver l’outil industriel au printemps dernier quand le groupe Carambar & Co propriétaire de Poulain voulait le fermer, l’agglomération a souhaité s’associer à ce bicentenaire. « L’attachement affectif pour Poulain est très fort, nous l’avons constaté au printemps dernier. En septembre prochain, nous ouvrirons sur le site historique un tiers-lieu d’innovation technologique. Nous aimerions le baptiser « la cantine Poulain » avec l’autorisation du propriétaire de la marque en témoignage de Victor-Auguste », a souligné Christophe Degruelle, président d’Agglopolys.

Pour fêter dignement le fils de métayer originaire de Pontlevoy, plusieurs acteurs culturels ont souhaité travailler ensemble pour bâtir un programme de haut niveau. La Maison de la BD va ainsi proposer une grande exposition « Poulain en images ». « Le chocolatier fait figure de pionnier ayant su accorder une large place aux affiches mais aussi aux images Poulain à collectionner imprimées grâce au procédé de chromolithographie. Nous allons présenter ces trésors dont certaines étaient gaufrées, dentelées, avec de la dorure ou même des petits morceaux de tissus », explique Bruno Génini, directeur de la maison de la BD.

Dépositaire d’un riche fond d’archives, objets et d’images (1), l’association Pontlevoy Patrimoine – Art et Culture va pour sa part organiser une exposition scénographiée au sein du foyer rural qui sera complétée par plusieurs ateliers (fabrication de chocolat, lithogravure, graphisme et lettres). Elle est actuellement en voie de finalisation via un chantier participatif de bénévoles qui mobilise une trentaine de personnes.

L’association des Amis du vieux Blois n’est pas en reste avec un projet phare : la remise en place du buste de Victor-Auguste Poulain au fronton du château de la Villette, la demeure familiale au cœur de l’ancienne chocolaterie (qui accueille aujourd’hui notamment l’INSA CVL). « L’œuvre reproduite à partir d’un moule sera réinstallée le 22 février », a signalé Christian Nicolas, président de l’association.

Du côté des Amis de Victor-Auguste Poulain – Cercle Gervaisien, le programme sera dense avec notamment une nouvelle exposition espace Jean-Claude Deret, la projection de plusieurs films (« La belle histoire du chocolat Poulain » d’Éric Bitoun, « Courjumelles » …), des conférences (« Boissons chaudes aux 18e et 19e » par Jérôme Gadiffert, « les ouvriers Poulain au 19e » par Gilles Chassier), des animations autour du chocolat (avec Luna et Max Vauché). Les historiens locaux Pascal Nourrisson et Jean-Paul Sauvage assureront également d’étonnantes visites guidées sur réservation.

Signalons pour conclure que ce bicentenaire, parfaitement orchestré par Marc Baraban, figure de proue des Amis de Victor-Auguste Poulain, aidé d’anciens salariés de Poulain, associe plusieurs sponsors : département, agglomération, ville de Saint-Gervais-la-Forêt, ADA Blois Basket 41, Max Vauché.


(1) La ville de Pontlevoy possédait un musée Poulain jusque dans les années 90.

Poulain fut précurseur du marketing et de la publicité. Crédit collection particulière.

 

Victor-Auguste Poulain, un inconnu de génie

« Derrière le chocolat et son emblème le petit Poulain, on a oublié l’homme qui a inventé le délicieux chocolat et dont le fils Albert a créé la CCI 41 en 1985 », indique le journaliste Pascal Audoux, auteur d’un livre sur l’entreprise (1) et l’un des plus grands connaisseurs français de cette saga industrielle et familiale.   

Dernier de 10 enfants, né le 11 février 1825 à Pontlevoy dans une famille d’agriculteurs métayers installée près du château des Bordes, Auguste Poulain est placé comme commis épicier à 9 ans à Bléré. En 1836, il monte à Paris pour travailler au « Mortier d’argent ». L’adolescent y découvre le cacao, qu’il apprend alors à travailler. Fort de cette expérience, en 1847, il ouvre, avec ses économies (1 800 francs) une confiserie à Blois rue Porte-Chartraine.

L’année 1848 marque la création de la célèbre recette de chocolat en poudre (le 1848) qui aujourd’hui encore fait autorité. D’emblée, c’est le succès au point qu’en 1862, il achète 8 ares de terrain autour de la gare de Blois pour construire la première usine Poulain. Le chocolat Poulain est alors apprécié et reconnu avec plusieurs prix lors d’expositions nationales et universelles.

Symbole de réussite, Victor-Auguste se fait construire un château face à la Loire (la Villette). En 1880, son fils Albert prend le relais et donnera une dimension industrielle à l’entreprise. La production passa ainsi de 37 tonnes en 1864 à 1510 tonnes en 1884. Poulain se lance aussi dans la publicité à grande échelle avec ses chromolithographies. En 1900, 350 000 images sont imprimées par jour dans l’usine par 70 personnes.

En 1893, l’entreprise devient une société anonyme avec l’entrée de Léon Renard, Georges Besnard et Georges Doliveux comme actionnaires. Le 24 juin 1896, Albert Poulain se désengage mais celle-ci va perdurer jusqu’à aujourd’hui. En 1990, la chocolaterie quitte le site de la gare pour une usine flambant neuve à Villebarou. Le site est depuis le 11 décembre 2024 la propriété du groupe Andros et ne compte plus que 109 salariés. Victor-Auguste Poulain meurt le 30 juillet 1918 peu de temps après l’incendie de l’usine Beauséjour.

(1) « Poulain, un nom resté sur les tablettes blésoises », dans Les Mystères du Loir-et-Cher, Éditions de Borée, 2015.

Victor-Auguste Poulain fut aussi maire intérimaire de Blois pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Crédit photo : collection particulière.


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Commentaires

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  1. Merci beaucoup à MagCentre pour ce super article sur Monsieur Poulain.
    Connaissant la culture blésoise (mais pas assez) je suis content d’avoir découvert cet article sur celui qui a donné son nom au chocolat en poudre.
    Je n’en connaissait jusqu’à maintenant, que son nom.
    Par ailleurs, j’ai eu connaissance de l’exposition qui va se tenir à la Maison de la BD sur Victor Auguste Poulain, que je ne manquerais pas d’aller voir pour enrichir ma culture blésoise.

    Bonne continuation à toute l’équipe de MagCentre.

  2. Merci pour cet article très détaillé.
    Une remarque, le Crédit Agricole Val de France est également l’un des sponsors qui accompagne cette célébration.

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