“Vital !”: le court métrage qui raconte le parcours périlleux des jeunes exilés

En France, l’accueil des mineurs non accompagnés (MNA) est critique. Choqués par la situation des jeunes exilés en Indre-et-Loire, Nicolas Aubry et Hélène Stadnicki se sont rapprochés d’une association locale qui s’occupe de ces mineurs. Avec Amadou, Mahamadou, Tajini, Lacina et Demba, est né Vital !, court métrage qui met en lumière et sensibilise sur ces parcours migratoires.

Nicolas Aubry, Hélène Stadnicki, Tijani Umar et Thomas lors de la présentation du court métrage au cinéma Les Carmes. Crédit : Jeanne Beaudoin.

Par Jeanne Beaudoin.

Vital ! c’est l’histoire du parcours d’Oumar, un jeune adolescent qui fuit son pays natal plein d’espoir, mais qui se retrouve confronté à la violence des parcours de migration. Réalisé en 2022 par Nicolas Aubry et Hélène Stadnicki et produit par Cent Soleils, Tripode Production et La Vie est Belle, ce court métrage illustre l’histoire de beaucoup de jeunes migrants, mais aussi de l’abandon de la France à leur égard. Tijani Umar, acteur du court métrage, était présent lors de sa projection au cinéma des Carmes à Orléans. Il est revenu sur l’objectif de cette réalisation : « C‘est dur, mais c’est un message qu’on voulait faire passer pour que les gens découvrent ce qu’on a subi et ce qu’il se passe dans le reste du monde ». Un défi relevé au regard des réactions de la salle suite à la projection. « On a bien pu voir tout ce que vous traversez dans les parcours migratoires. On vous félicite d’avoir ce courage ! », s’est émue une spectatrice.

Ce court métrage est né lors d’un atelier autour du cinéma organisé par Nicolas Aubry et Hélène Stadnicki. Ils ont demandé à un groupe de jeunes d’écrire chacun un synopsis. Alors qu’ils s’attendaient à ce qu’ils leur présentent de la fiction, Tijani a rédigé l’histoire de son parcours migratoire, qui a servi de base à la création de ce film. Le titre « Vital ! » a ensuite été choisi par Nicolas Aubry car « les personnes qui viennent ici ne le font pas par plaisir, c’est une question de survie ».

L’équipe des acteurs du court métrage Vital ! – Crédit : Tripode Productions, Cent Soleils, La Vie est Belle

La représentation d’un cauchemar éveillé 

Le film est, esthétiquement, très beau. Cela relève d’un choix du réalisateur. Nicolas Aubry explique que pour mettre en scène un sujet comme celui-ci, il ne voulait pas aller sur quelque chose de trop cru ou trop réaliste. « On est parti sur une sorte de cauchemar éveillé parce qu’on ne voulait pas que ce soit trop dur pour eux », et également parce que reproduire un décor semblable à celui dans lequel ces jeunes ont pu évoluer aurait été compliqué. Ils ont ainsi choisi de tourner tout le film dans un unique décor : le théâtre d’Issoudun. Cela a permis « de gagner du temps de tournage par rapport au budget qu’on avait, et donc du temps de travail. Ce n’est pas parce que la réalité que nous voulions montrer est dégueulasse qu’il fallait que le film le soit aussi. Nous souhaitions qu’il reste agréable à regarder », explique Nicolas Aubry. 

La situation pour les MNA en France est encore trop difficile

Les jeunes, après avoir vécu un parcours de migration parfois très compliqué, sont confrontés aux difficultés de l’administration française. Ils doivent suivre des formations, trouver un travail rapidement afin d’être régularisés et, tous les ans, procéder à un renouvellement. « À peine le parcours pour arriver ici terminé, qu’un autre, également pas facile, commence », témoigne Tijani.

Nicolas Aubry explique quant à lui que ce film permet de mettre en lumière la situation de la prise en charge déplorable des MNA dans les départements. « En Indre-et-Loire, c’est assez compliqué. Le département accorde très peu de contrats jeunes majeurs pour qu’ils puissent être accompagnés par l’ASE au-delà de la majorité. Ce qui fait qu’ils ont la pression en arrivant ». Ainsi, en plus du poids de l’exil, de tous les traumatismes qu’ils ont pu avoir et de la séparation avec la famille, à peine arrivés en France, ces jeunes doivent très vite trouver une formation et reconstituer leur état civil afin d’espérer avoir un titre de séjour à leur majorité. Et ça, c’est « pour ceux qui ont la chance d’être reconnus mineurs par les départements, ce qui est déjà loin d’être évident. Si le parcours migratoire est extrêmement compliqué, le parcours en France l’est extrêmement aussi », conclut Nicolas Aubry.

Un parcours vécu comme un cauchemar éveillé – Crédit : Tripode Productions, Cent Soleils, La Vie est Belle

Déconstruire les préjugés chez la jeunesse

Le film a été réalisé afin de sensibiliser un grand nombre de personnes, à rebours de ce qui peut être dit dans les médias, sur la difficulté de ces parcours de migration. Il a ainsi été présenté à plusieurs classes de collèges et de lycées par des membres de l’équipe du tournage avec à chaque fois au moins un des jeunes acteurs. Cela permet des discussions entre les élèves et les jeunes exilés. Hélène Stadnicki souligne le fait que « certains jeunes ne connaissent pas du tout la réalité de ces parcours, ou ont une réalité faussée selon les chaines qu’ils regardent. Ce film, on l’a pensé pour qu’une rencontre puisse se faire entre les jeunes et, ainsi, défaire les clichés. Cela permet de remettre de l’humanité ». Un film qui permet de donner la parole à ces jeunes, mais aussi de « sensibiliser les jeunes générations à leur futur bulletin de vote », insiste Nicolas Aubry.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Régis Guyotat : “On parle de l’immigration mais jamais des immigrés !”

Et sur Radio Campus Orléans : Enracinement / Déracinement : Les mineurs non accompagnés se racontent grâce à l’art. 

Commentaires

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  1. Je me pose une question : si c’est si difficile de s’intégrer dans notre pays, mais alors pourquoi ne pas consacrer toute son énergie et son intelligence à faire changer les choses dans le pays d’origine. Je crois que la France reste un pays d’accueil merveilleux. Nous sommes, pour beaucoup dans le monde, un modèle même si ce n’est pas parfait. Et, comme disait Michel Rocard, “on ne peut pas accueillir toute la misère du monde”. Mais faisons plus encore pour que ceux, qui sont légitimes à venir chez nous, soient heureux d’y être. Je fais personnellement ce que je peux pour ça….

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