Avec les nouvelles restrictions budgétaires annoncées sur l’ensemble de la région, le secteur associatif est en première ligne. De plus et dans un contexte d’instabilité gouvernementale, ces restrictions budgétaires ne sont pas clairement définies. Les associations ne peuvent pas constituer leurs budgets pour 2025. À la mi-décembre, la situation devient alarmante.
Par Jeanne Beaudoin.
« On a besoin de financement, les tergiversations actuelles sur la constitution des budgets sont pour nous extrêmement grave », alerte Jean-Michel Delaveau, président du Mouvement Associatif Centre-Val de Loire. Effectivement, la plupart des associations devraient déjà avoir finalisé leur budget 2025. Cependant, il est impossible de réaliser un budget effectif dans ce contexte d’instabilité gouvernementale.
Marion Jouhanneau, directrice du 108, collectif de structures artistiques et culturelles professionnelles situé à Orléans, alerte sur les conséquences de ces probables restrictions budgétaires : « On nous demande d’anticiper ces baisses mais on ne sait pas de combien elles vont être. On n’a aucune visibilité sur ces subventions, ce qui fait qu’on pose des budgets à l’aveugle pour des demandes d’aide à l’aveugle ». Cette situation rend impossible le fait de se projeter, notamment sur la pérennité des postes déjà engagés. D’autant que le 108 est un collectif qui abrite plus de soixante structures, celles-ci seront elles-mêmes impactées.
Une salariée de Cent Soleil a également alerté sur la situation complexe dans laquelle l’association se trouve. « On est dans le flou, on ne sait pas dans quelle direction on va ». Rappelant que le vote du budget a été décalé par la mairie, elle poursuit : « Ce serait chouette que ce soit la même chose pour la Région, pour qu’on puisse s’appuyer sur un gouvernement opérationnel ».
L’ensemble des acteurs du mouvement associatif sont inquiets. Jean-Michel Delaveau explique que ces restrictions vont impacter l’ensemble des budgets des collectivités qui les financent. « On sait qu’il y aura des restrictions puisque au mois d’octobre, on nous a annoncé que le déficit de l’État n’est pas de 4,4% mais qu’il se rapproche des 7%. Et donc le budget de l’État doit se restreindre, et qui dit restriction de l’État, dit immédiatement restriction des financements de l’État aux collectivités locales ». Or il est important de rappeler que les collectivités locales participent largement, chacune dans leur domaine, au financement du monde associatif.
Une baisse de 10% du budget de la Région
Ces restrictions représenteraient une baisse de 10% du budget de la Région, « baisse que tous les services de la région vont devoir supporter », continue Jean-Michel Delaveau. Le président de la Région, François Bonneau, a dernièrement réaffirmé son soutien à l’ensemble du secteur associatif, assurant qu’il y aura des diminutions de budget, mais rien de comparable à la région Pays de la Loire. Rappelons que notre région voisine a récemment décidé de diminuer son budget de 100 millions d’euros, bien au-delà des 40 millions qui étaient réclamés par l’État. Des coupes drastiques qui visent tout particulièrement le secteur associatif.
Des restrictions budgétaires mortifères pour les associations
Marion Tortosa, directrice de Solembio, alertait à son tour des conséquences d’une nouvelle restriction budgétaire sur la santé de son équipe. Celle-ci affirme avoir assuré deux postes et demi pendant plus de huit mois ces derniers temps, d’avoir des salariés qui ont plus de 80 heures sup et quasiment un an de congé payé sur leur bulletin de salaire parce qu’elles n’ont pas pris de vacances ou encore d’avoir des membres de son équipe qui se retrouvent à faire 500 paniers au lieu de 300 par manque d’effectifs. « Si on a envie de survivre avec les coupes budgétaires, c’est au détriment de notre santé. Pour Solembio, je sais qu’on tiendra 2025, on ne tiendra pas 2026 si on ne fait rien. Et je n’ai pas forcément bon espoir pour 2026 », conclut-elle tristement.
Marion Jouhanneau craint également les conséquences de nouvelles restrictions budgétaires sur le 108, tiers-lieu d’expérimentation artistique et culturelle : « On travaille sur de l’humain et l’humain ne fait pas de bénéfice. La culture a-t-elle vocation à être un système économique générant des bénéfices ? On se bat non pas pour de la consommation de spectacles et de la rentabilité d’une salle, mais sur de l’accès au droit culturel ! Quand il y a des coupes budgétaires, on sait que la santé, l’éducation et la culture sont les trois secteurs les plus impactés alors qu’ils sont les trois plus importants socles d’une société ».
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