La liberté de la presse vient de marquer un point à Orléans avec la fin des poursuites contre plusieurs titres – dont Magcentre – attaqués par un entrepreneur de pompes funèbres par ailleurs rappeur d’extrême droite pour un article de novembre 2021.
Par Jean-Jacques Talpin.
Le 25 octobre 2024, Camille Laurens juge d’instruction au tribunal judiciaire d’Orléans a rendu une ordonnance de non-lieu pour une plainte en diffamation et injures publiques visant plusieurs responsables de médias dont Magcentre, l’Humanité, le Petit Solognot et Radio Campus ainsi que le journaliste Mourad Guichard.
Une visite d’intimidation
L’affaire remonte à un article publié le 21 novembre 2021 par Magcentre et relayé par plusieurs autres titres dans lequel nous évoquions la visite de M. Yves Alphé au domicile d’un de nos journalistes, Mourad Guichard, pour « discuter » d’un article sur la fachosphère. Sans citer le nom d’Yves Alphé, nous nous élevions cependant contre cette visite inopinée que nous avons qualifiée de « tentative de pression, voire d’intimidation de la part de cet individu connu pour ses idées d’extrême droite ». Yves Alphé n’avait pas contesté cette visite. Il nous poursuivait néanmoins pour diffamation et injures publiques.
« Une belle victoire »
Le juge d’instruction vient donc de mettre fin à cette procédure notamment pour un motif de prescription. Une décision que notre défenseur Me Clémence Le Marchand qualifie de « belle victoire ».
Évidemment M. Alphé n’avait pas aimé que nous évoquions son pédigrée particulièrement éloquent dans les milieux de l’extrême droite. Entrepreneur de pompes funèbres, directeur de Caritas Obsèques à Orléans, fervent catholique et père de sept enfants, Yves Alphé aime la lumière. Il est en effet une des vedettes de la scène rap d’extrême droite où il opère sous le pseudo réjouissant de Goldofaf. (Faf comme la France aux Français).
Sous ce pseudonyme, il a réalisé deux albums en 2008, 2012 et un single 2023. Dans son milieu Yves Alphé jouit d’une certaine reconnaissance avec des titres de « rap patriote et catholique » aussi éloquents que « Hommage à Rex » (collabo belge), « Vivre pour l’honneur de la patrie » et des textes célébrant les valeurs traditionnelles Travail, Famille, Patrie. À son temps perdu, Yves Alphé est également membre du « chœur de l’oriflamme », une chorale virile là encore au service de la culture traditionnelle et nationaliste.
Le droit à une information libre
De tout cela, Yves Alphé voulait-il faire table rase et laver son honneur devant la justice ? Il récidivait en effet à Orléans après une première tentative de procès pour injure publique et diffamation qui l’opposait au collectif antifasciste La Horde. Après avoir été débouté le 2 février 2021, il faisait appel. Mais la Cour d’Appel de Toulouse confirmait le 16 mars 2022 ce premier jugement de 2021, jugeant qu’il n’y avait pas de diffamation qualifiée. Par deux fois la justice aura donc réaffirmé le droit de la presse à une information libre.
Tout cela a malgré tout un coût pour l’association Magcentre, (c’est peut-être là aussi le but de ces procédures à répétition), c’est donc l’occasion de manifester votre soutien à Magcentre et à la liberté d’expression en faisant un don ou en adhérent à notre association. D’avance merci !