Le photographe orléanais Patrice Delatouche n’est plus

C’est avec infiniment de tristesse que nous avons appris le décès, survenu à Orléans, dans la nuit de lundi à mardi, des suites d’une longue maladie, du photographe orléanais Patrice Delatouche. Une élégante et généreuse figure du monde culturel de la cité nous a quittés.

Le photographe orléanais Patrice Delatouche nous a quittés. Photo Michel Dubois


Par Jean-Dominique Burtin.


Né le 28 septembre 1944 à Rouen, Patrice Delatouche, être à la vive sensibilité à fleur de tendresse, photographe diplômé de l’École nationale Louis Lumière, avait quitté Paris pour emménager à Orléans en 1970. Il s’y installera, après y avoir été le bras droit du photographe Jean-Pierre Jacques, à son compte, en 1982. Lorsqu’il arrête son activité, en 2004, Patrice Delatouche, photographe-auteur, comme il aimait à se définir en toute humilité et dans un sourire à la fois grave et lumineux, ne cesse d’être au cœur de l’univers culturel de la cité. Tout geste d’artiste le passionne, que ce soit côté musique classique ou jazz, grandes orgues et beaux-arts. Au cœur de la foule, au pied des scènes et des cimaises, Patrice Delatouche n’a eu de cesse de capter des instants de vie en posant sur chacun un regard qu’il se faisait un honneur et un bonheur d’offrir, avec un art et une simplicité de haut vol, en juste et respectueux partage. Aujourd’hui, à sa famille et à ses proches, Magcentre présente ses plus sincères condoléances.

Témoignages et hommages recueillis

Benoit Gayet, président de l’association des Artistes Orléanais : « Patrice avait l’œil des Grands »

« L’annonce de la disparition de Patrice Delatouche touche profondément toute notre communauté artistique orléanaise. Patrice fut l’ami et collaborateur de nombreux artistes, tel le peintre Daniel Gelis, la sculptrice Claire Boris, l’écrivain poète Jean-Dominique Burtin, le galeriste Michel Dubois pour ne citer que ces noms-là tant la liste est grande.

Portraitiste de nombreux artistes, Patrice avait « l’œil des Grands », de ceux qui savent cadrer, se mettre au bon endroit pour saisir sensiblement le bon geste, la bonne attitude du sujet qu’il avait à traiter. Grand professionnel d’un Art qu’il pratiquait avec passion, les Artistes Orléanais pour lesquels il a beaucoup œuvré lui doivent beaucoup, soit au titre de notre collectif, soit à titre personnel. Passionné de jazz, sa mort nous prive d’un regard poétique sur nos paysages du Val de Loire, sur Orléans, son patrimoine et sur les artistes qu’il aimait tant. »

Stéphane Kochoyan, l’un des grands directeurs du festival Orléans’Jazz : « La passion pour les belles valeurs de la vie ».

« J’éprouve aujourd’hui une grande tristesse, Patrice Delatouche était quelqu’un de très attaché à sa famille, quelqu’un avec un très grand cœur. Il faisait partie des personnages piliers du festival de jazz dont il tenait à ne pas manquer chaque concert. C’était un Orléanais bien trempé qui m’a accueilli avec générosité et fraternité. Nous avions en partage la passion pour les belles valeurs de la vie. »

Monique Musson, ancienne Présidente des Amis des Musées d’Orléans : « J’aimais aussi sa gouaille »

« Je suis encore sous le choc. Je vais à tout jamais garder dans un coin de ma mémoire tous ces instants lors desquels nous avons travaillé, en toute complicité, sur les cartes postales du musée. Nous choisissions l’angle, les lumières et tout devenait en fait le fruit du travail d’un grand professionnel. J’aimais aussi sa gouaille en conseil d’administration, son cheveu sur la soupe, son esprit décalé. Patrice Delatouche était original, un maestro de l’ordinateur, méticuleux et perfectionniste. Il avait son franc-parler et c’est ce que j’adorais. Il était cash, ce qui est aujourd’hui tellement rare. »

Michel Dubois, sérigraphe de renom, fondateur de la galerie orléanaise Le Garage et ancien président des Amis des Musées d’Orléans : « J’ai l’impression de t’avoir toujours connu »

« Cher Patrice, j’ai l’impression de t’avoir toujours connu. Complice de tous les instants, présent à chaque évènement, tu me manques déjà. Que de moments partagés, aussi bien pendant les prises de vues photographiques où tu ne laissais rien passer, que dans nos instants de rigolades : jeux de fléchettes, boules, piscine ou cueillette de cerises…

Fidèle compagnon et soutien sans faille de la galerie Le Garage, nos visiteurs ont bien souvent reçu un souvenir de leur passage, grâce à tes reportages. En 2011, alors que j’en devenais le président, tu es entré au bureau des AMO, où, chargé de la reproduction en digigraphie d’œuvres d’art, ton expérience et ton coup d’œil ont fait merveille. Tu auras marqué Orléans par ta présence, tes compétences, ta gentillesse et ton sourire. Repose en paix cher Patrice, tous tes potes sont là, ils t’embrassent très fort. »

Jean Puyo, l’un des photographes de la Ville d’Orléans : « Un coup de main volontiers, une oreille attentive »

« Il est celui qui m’avait recueilli lorsque j’ai cessé de travailler pour Les Nouvelles d’Orléans. À cette époque, je ne connaissais pas le travail de photographe publicitaire. Comme il était un homme de studio, il m’a confié des travaux en extérieur et m’a fait confiance assez vite. Patrice Delatouche était quelqu’un d’attachant, de généreux, celui qui donnait volontiers un coup de main et prêtait une oreille attentive. Parmi les bons moments, il me reste entre autres les voyages à Tenerife, à Rhodes, pour des reportages que nous effectuions ensemble sur les couples de Monsieur Bricolage en congrès. Nous réalisions tous les deux, à leur attention, un album souvenir. Tout était alors question de professionnalisme et de plaisir. »

Sophie Ferkatadji, femme de culture, est aujourd’hui Directrice générale adjointe à la ville et à la métropole d’Orléans : « La prestance et l’allure qui émanaient de lui »

« Je suis extrêmement touchée par sa disparition. Patrice Delatouche est une personne que j’ai connue, il y a fort longtemps, lorsque j’étais directrice de la Fnac Orléans. Il venait dans les rayons photos. C’était un monsieur que l’on remarquait pour sa prestance, son allure ainsi que pour sa passion pour son art, sa gentillesse et le plaisir de vivre qui émanaient de lui. Sur le festival de jazz et sur les grandes expositions, je retiens sa curiosité et sa recherche pour exprimer l’identité d’une personne, l’émotion à l’instant T. Nous avions un grand photographe, toujours présent dans les grands moments. Il avait cette capacité à faire naître une intimité fugace avec générosité. Il photographiait aussi le public avec le désir de capter l’instant. Oui, Patrice Delatouche avait une passion qui s’exprimait en générosité et en termes de regard culturel ».

Commentaires

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  1. Un humain de qualité qui laissera sa trace dans les annales orléanaises.
    Je n’étais pas un de ses intimes mais je l’ai souvent rencontré, généralement dans des lieux remarquables comme les espaces d’expositions où la crème des Orléanais se précipitait sur les buffets. Patrice avait toujours un petit mot gentil entre deux flashes à l’adresse de ces amateurs d’art.
    Voyageant maintenant parmi les étoiles, il a probablement l’occasion d’imprimer dans sa mémoire des spectacles beaucoup plus oniriques et surprenants.
    Bon voyage Patrice.

  2. Armelle Absolu, présidente du Photo Ciné Club Orléanais de 1995 à 2011.

    J’ai rencontré Patrice pour la première fois en Arles, lors des Rencontres Internationales de la Photographie. Nos stands étaient voisins, Patrice représentant l’Union des Photographes Créateurs (maintenant UPP), nous la Fédération Photographique de France (Amateurs). Nous avons beaucoup échangé, et de retour à Orléans, le dialogue ne s’est jamais interrompu.

    Patrice a toujours répondu présent à nos sollicitations pour nous aider dans notre démarche photographique, pour nous montrer son travail …

    Le Graal était atteint le jour où accompagné de Sabine Weiss, ils ont visité notre exposition annuelle, le Critérium Jeanne d’Arc. Durant plus d’une heure, ils ont regardé toutes les photographies exposées, ne ménageant pas leurs commentaires bienveillants et leurs encouragements.

  3. J’ai connu Patrice l’orsque j’étais vendeur photo à la Fnac Orléans et images photo orleans un pro très sympa et jovial. Toujours de bonne humeur et qui était exigent. Sincères condoléances à tous ses proches. Cordialement Christian

  4. Le départ de Patrice me touche beaucoup car nous avions été collègue de travail durant trois ans chez le photographe Jean-Pierre Jaques ( sans c)13 Rue Bannier voici …50 ans de cela. Il avait participé à mon entretien de ce qui allait devenir mon premier emploi et nous avions tout de suite sympathisé ayant suivi la même filière de formation en école de photographie, du temps de l’argentique alors qu’il existait une quinzaine de magasin de photo sur Orléans. Chez JP.Jaques, qui était un patron merveilleux, nous étions une dizaine d’employés et pouvions répondre à toutes demandes tant en laboratoire (reproductions de plans d’architectes, tirages de grandes dimensions, développements…) qu’en prises de vues (portraits, mariages, industrielles, publicitaires…) dans une ambiance amicale et qui permettait un épanouissement professionnel rare. Patrice était pour moi comme un grand-frère car en sortant d’une école, même la plus pointue, tout me restait à apprendre de ce métier-passion et il n’était pas avare de bons conseils. Nos chemins ont ensuite divergé, lui s’installant à son compte rue de Normandie à La Source et moi devenant le responsable de l’atelier photo de l’IAV puis ESAD où j’ai encadré durant 40 ans des centaines d’étudiants tant en laboratoire qu’en prises de vues. J’ai toujours pu compter sur Patrice et son cousin Gilles pour des dépannages entre “confrères”pour des développements E6 diapos hyper-urgents ou l’avance d’Ekta 4X5 pour chambre photo que pour que des conventions de stage pour les étudiants qu’ils acceptaient au sein de leur structure très professionnelle. Nous nous étions retrouvés avec bonheur, invités par JP. Jaques, lorsque le service des archives municipales consacra une exposition rétrospective à Auguste Jaques père de Jean-Pierre et lui même photographe à Orléans avant, pendant et après la seconde guerre mondiale. Et comment ne pas oublier les souvenirs mémorables des tablées avec l’ami “Bibi”, Jean-Marie Biardeau sérigraphe d’art à l’IAV et grand amateur de Jazz, hélas disparu trop tôt également. Ce sont avec leurs départs des bibliothèques entières qui brulent tant leurs éruditions étaient énormes sur tant de sujets et leurs talents pros incontestables. Repose en paix cher Patrice et toutes mes condoléances à tes filles et tous les tiens.

  5. Je ne suis pas d’Orleans mais du Nord.
    Je ne suis pas du milieu artistique ni photographique.
    Je suis juste une témoin indirecte d’une partie de sa jeunesse dans le Nord, Comines. Je l’avais encore eu au tel en avril 2024.
    Je me prénomme Delphine, comme sa fille. Rien d’anodin …
    Lien très particulier par ma mère et son feu frère Hervé, tout aussi original et grand artiste. Gentillesse était leur dénominateur commun.
    Je ne suis qu’une sorte de personnage vivant de sa partie très cloisonnée de son coeur et ses souvenirs bien gardés, mais dont je connais les secrets. Ce lien n’est autre que ma mère. Un homme, une histoire sentimentale et des secrets. Adieu Patrice ❤️.

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