Le 17 octobre dernier se tenait à l’Hôtel de ville de Tours une conférence dans le cadre des jeudis de la santé. Le docteur et professeur en gériatrie Bertrand Fougère est venu présenter les nouveaux défis et enjeux du vieillissement d’aujourd’hui et de demain.
Par Asmaa Bouamama.
D’ici 2050, les personnes âgées de plus de 65 ans auront doublé… et compteront plus d’un tiers de la population. Les pronostics sont les mêmes pour les plus de 75 et 80 ans, ce qui représente un challenge pour l’autonomisation de ces personnes plus vulnérables et dépendantes à mesure qu’elles avancent dans l’âge. Lorsque le docteur Fougère interroge la salle, sur ce qui peut être à l’origine de cette avancée, la majorité des gens présents pensent aux progrès de la médecine en général qui détectent et traitent mieux toutes les pathologies chroniques. Mais les deux principales raisons restent les antibiotiques et la vaccination. On meurt moins de maladies infectieuses, et les multiples vaccins rendent les virus moins mortels. Si on meurt moins, on coûte évidemment plus cher, un coût d’une vie à rallonge estimé à 30 milliards.
Le déclin fonctionnel serait réversible ?
L’information la plus enthousiasmante et pour le moins surprenante de cette conférence est la démonstration, diapos et études à l’appui, de la réversibilité du vieillissement, ou plutôt la réversibilité de certaines pertes d’autonomie et de mobilité chez les personnes âgées. On a l’image stéréotypée de la personne de 70 ans ou plus, marchant avec une canne, et allant progressivement vers une aggravation de ses limitations. Le professeur Fougère est formel : « Il faut casser ces préjugés, ce n’est pas normal d’avoir une canne ou de perdre la mémoire en vieillissant ».
Il ajoute qu’en occident, on est habitués à une démarche curative et non préventive. Mais grâce à des études on connaît maintenant les critères de santé sur lesquels il faut être attentif. Les troubles auditifs non traités par exemple représentent un risque de développer une maladie d’Alzheimer. De même que les études prouvent qu’après quelques semaines d’activités physiques incluant de l’endurance et du renforcement musculaire, les personnes âgées abandonnent leurs cannes.
L’éclairage du Docteur Briand :
Le grand public attend que des progrès de la science et de la médecine lui apportent des méthodes « anti-vieillissement » infaillibles. Elles n’existent pas.
Vieillir sans être vieux, avoir des années à son compteur personnel et être toujours en bonne santé sont modulés par des facteurs génétiques individuels et par le mode de vie.
Le « bien vieillir » concerne la société toute entière et les choix politiques. Dans une
publication récente du prestigieux journal scientifique The Lancet, une équipe de 50 experts internationaux explique que les pays qui le souhaitent pourraient réduire de 50 % la probabilité de décès prématuré au sein de leur population (c’est-à-dire la probabilité de mourir avant 70 ans) par rapport aux niveaux de 2019 en y mettant quelques moyens financiers…
Pour réussir son vieillissement, les « recettes » qui ont démontré leur efficacité sont toujours :
- Un meilleur dépistage des facteurs de risque du vieillissement.
- Une alimentation équilibrée en limitant au maximum l’alcool et les sucres.
- Des exercices physiques non traumatisants réguliers.
- Une activité intellectuelle quotidienne.
- La prévention des risques influençant la qualité de vie (ostéoporose, vision, audition, prévention cancers, tabagisme).
- Le bon usage des médicaments.
- La promotion de la solidarité entre les générations (vivre ensemble).
Plus d’infos autrement sur Magcentre :
Une pétition dans le Cher pour la Loi grand âge