Au Moulin de la vapeur, jeudi soir, une soirée double pour de la musique intime mais de belle envergure. Baptiste Dubreuil en solo plaquait sur un Yamaha la musique héritée de Keith Jarrett. Avec un souffle magnifique, il nous a promené dans les chemins du maitre. Puis un duo original a marié le violoncelle et l’accordéon pour des chants pleins d’images et de pensée profonde.
Baptiste Dubreuil en plein effort. Photo M Piedallu
Texte Bernard Cassat, photos Michel Piedallu.
Qu’il soit en solo ou avec ses trios, l’un américain et l’autre européen, Keith Jarrett joue une musique reconnaissable entre toutes. Foisonnante, elle installe dans un déluge de notes un paysage, une ambiance, le bruit d’un monde dans lequel le pianiste se promène. Baptiste Dubreuil a saisi les clefs de cette contrée musicale, nous emmène sur les chemins de son modèle, mais dessine aussi ses propres sentiers. On se souvient des cris étouffés de Keith quand il jouait, à la fois soulagement du sportif après l’effort et cri de plaisir d’être là où il faut. Baptiste ne crie pas, mais son corps très tendu indique la même énergie nécessaire pour nous entraîner sur les plateaux où ça chaloupe en regardant les étoiles de notre enfance, les rêves de beauté sensuelle d’avant la sexualité. Il a merveilleusement compris la technique main gauche rigoureuse et main droite qui dessine dans une liberté créatrice. Au fil de son concert, il s’éloigne de plus en plus du maître, mais reste dans la veine, reste là où il faut. Une somme d’années de travail qui ne laisse que le plaisir d’écoute. Baptiste restitue l’ampleur de l’inspiration, le rythme qui monte et devient presque obsessionnel pour s’arrêter d’un coup et retrouver la ligne simple du thème. C’est fort, très fort !
Le challenge d’un deuxième set, d’une autre musique, était difficile à relever ! Bulle l’a fait. Florence Adam au violoncelle et Matthias Boudeau à l’accordéon proposent tout un répertoire qu’ils ont monté, quelques arrangements mais surtout des compos qu’ils ont mis au point. Des morceaux comme des chants, inspirés soit par des images de films ou des thèmes du folklore. Des danses, des morceaux plus vifs, plus martiaux. Mais au fond peu importe, il suffit de se laisser porter par les sons et de créer ses propres histoires, ses propres images. Florence énonce avant certains morceaux une ou deux phrases à portée philosophique qui situent leur musique. Ensuite, c’est un vrai dialogue entre les deux instruments. Le violoncelle prend parfois la main dans toute sa profondeur et sa virtuosité émouvante, assez proche d’une voix un peu grave mais profondément humaine. L’accordéon, au contraire, virevolte avec agilité dans les refrains, même si ses basses sont profondes et continues. Encore plus que le piano, cet instrument est en soi un orchestre qui demande une grande agilité. Matthias n’en manque pas, sachant varier les effets ou s’effacer après avoir rempli l’espace. Un magnifique duo pour terminer cette soirée pluvieuse que la chaleur et la qualité de la musique ont transformée en belle vapeur !
Journée de clôture du festival samedi
À 15h30 à la Bibliothèque
Lecture musicale : la marche comme moteur de réflexion et art de la contemplation.
Par Coraline Cauchi et Sacha Gillard
À partir de 20h30 à l’Alliage
L’enfant et les sauvages
Textes chantés ou parlés, trois musiciens et un chanteur, entre slam, chant et conte.
Manzilla
Un groupe blésois aux textes généreux sur une musique festive et orientalisante.
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Douze bonnes raisons d’aller à l’Astrolabe