Woody Allen réussit (à 77 ans) avec “Blue Jasmin” à créer un genre nouveau: le suspens sentimental… Certes on apprend pas grand chose dans ce film sur la psychologie féminine ou sur le mode de vie américain tant les situations sont caricaturales: les riches sont pourris et menteurs, les pauvres sont naïfs et sympas, les femmes sont romantiques et les hommes volages, les enfants sont obèses et insupportables…
Mais Woody Allen construit avec ces ingrédients un système d’oppositions dont les deux surs (à l’image de New York et San Francisco…) sont l’épicentre: le manichéisme entre la sur riche et désespérée (Cate Blanchett, absolument parfaite sur le fil du rasoir de la vie), et la sur pauvre et gaie place le spectateur dans un constant et subtil inconfort entre la moquerie et le tragique. Woody Allen ajoute une parfaite maitrise des aller et retour entre le passé ( New-York) et le présent (San Francisco) et ce film devient une merveilleuse machine infernale qui nous tient en haleine d’un bout à l’autre sur un rythme effréné.
Ajoutons un choix de musiques superbes (on voudrait même parfois écouter le morceau en entier…) et l’on a un bon Woody Allen comme on les aime !
Gérard Poitou
Réalisation: Woody Allen 1h38
avec Cate Blanchett, Sally Hawckins, Alec Baldwin
http://www.youtube.com/watch?v=FER3C394aI8