À l’heure où la multiplication des bassines fait débat dans le Cher, tandis que la ressource est indispensable à chacun, l’agglomération Bourges Plus vient d’organiser sa première journée d’université pour l’eau. Une opération de sensibilisation à la sobriété des usages, la préservation de la ressource et de sa qualité, la désimperméabilisation des sols, ou encore la gouvernance de l’eau.
Bourges Plus a organisé sa première Université de l’eau le samedi 14 septembre.
Image : source Pixabay
Par Fabrice Simoes.
Du Moulon à l’Auron, de l’Yèvrette à la Voiselle, en passant par les coulants des marais, la capitale du Berry est certes faite de terre mais aussi de beaucoup d’eau. Si, d’un point de vue nettement moins poétique, on se souvient que l’Agence de l’eau Loire-Bretagne avait investi, en 2022, plus de 7 millions d’euros dans le département du Cher et que, au premier semestre 2023, Bourges Plus avait répondu à un appel à initiatives pour réduire les déchets plastiques déversés par les réseaux d’assainissement dans les cours d’eau à hauteur de près de 425 000 euros, on comprend mieux l’impact du troisième élément aristotélicien.
Quand on habite Bourges, on peut tout de même contourner l’eau même si elle est incontournable. C’est fort de ce constat, et des évolutions de la société, que Bourges Plus vient d’organiser sa première Université de l’eau sur une journée. Près d’une centaine de personnes ont participé à l’événement. Au fil des balades matinales, les participants ont déambulé de marais en fontaines, jusqu’à la station d’épuration. Lors des ateliers de l’après-midi, tout ce petit monde a planché sur une projection du futur de l’eau à l’horizon 2050. L’objectif était de réfléchir et proposer des pistes sur des thématiques aussi variées que la sobriété des usages, la préservation de la ressource et de sa qualité, la désimperméabilisation des sols et la ville durable, ou encore la gouvernance de l’eau. « De nombreuses idées ont émergé, qui viendront nourrir une feuille de route de l’agglomération berruyère », ont assuré les organisateurs.
Chaque balade de l’université avait son propre thème.
Une démarche initiée en 2021
Dès 2021, l’agglo a fait le choix d’une maîtrise publique de l’eau, et a inscrit le cycle de l’eau au cœur de son projet de territoire. Pour Bourges Plus, les défis autour de l’eau sont immenses. Force est de constater que, face aux défis climatiques, la mobilisation de tous est devenue essentielle. Une nécessité d’accélération des transitions et une intensification des solidarités qui s’imposent désormais aux collectivités. Afin de susciter ces coopérations et favoriser l’engagement, l’agglo a initié, l’année suivante, les Rendez-vous de l’Eau. Ces moments de rencontre avaient pour but de mettre en réseau les partenaires, partager leurs connaissances, mais aussi sensibiliser à la fragilité de la ressource. Dans la continuité, une conférence-débat de l’ancien vice-président du GIEC, Jean Jouzel, avait réuni près de 450 participants autour des interactions et enjeux de l’eau et du dérèglement climatique. Une deuxième conférence avait par ailleurs rassemblé les acteurs de la politique de l’eau (Météo France, BRGM, Agence de l’eau, syndicats de rivières, Pôle de compétitivité DREAM…) pour mettre en commun les connaissances et initiatives locales.
Noir sur blanc, l’université pour l’eau s’inscrit à Bourges.
Parmi les premiers besoins identifiés, on retrouvait l’amélioration du partage des missions de Bourges Plus avec les usagers et la sensibilisation aux écogestes. Preuve de cette dynamique, où se retrouvaient citoyens, usagers, associations et professionnels du territoire, réunis au sein du Conseil de Développement de l’Agglomération, une dizaine de recommandations ont été formulées… et deux actions, pour impliquer les habitants de l’agglomération, ont été menées avec la mise à disposition de récupérateurs d’eau, et un atlas intercommunal participatif de la biodiversité avec deux espèces aquatiques.
C’est à partir des divers thèmes de ces rendez-vous qu’une grande concertation, au début de l’été dernier, a été mise en place. L’ambition était de co-construire un plan d’actions pour l’eau à l’échelle de l’agglomération, un plan « partagé et mobilisateur ». Un appel – « que vous soyez citoyen, étudiant, professionnel du monde de l’entreprise et de l’agriculture, association ou scientifique : chacun de vous est invité à prendre la parole, à apporter ses idées sur cet enjeu majeur » – pour une finalisation à l’occasion de cette première université de l’eau. Cette démarche participative se voulait le moteur d’une feuille de route pour l’eau, un cadre d’actions en commun, pour agir ensemble, individuellement et collectivement. 70 contributions ont été recueillies auprès des habitants du territoire. Si les défis du moment sont immenses et vont de la gestion durable et partagée des ressources en eau, de la préservation des milieux et des écosystèmes associés, de la gestion intégrée des eaux pluviales pour des villes plus résilientes, jusqu’à la lutte contre les micropolluants, l’économie circulaire de l’eau dans l’industrie… quatre thèmes sont largement ressortis : sobriété, qualité, végétalisation et prix de l’eau. De quoi plancher pendant encore d’autres universités.
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