La Région veut faire de la sobriété le pilier de son économie de demain

La Région Centre-Val de Loire entame une grande concertation avec les acteurs économiques de son territoire. Sobriété et changement de comportements seront au cœur des débats lors d’ateliers dont les enseignements aideront à élaborer une feuille de route dédiée à l’économie circulaire, qui sera votée en avril 2025.

Les rangs du Conseil régional étaient particulièrement fournis pour échanger sur l’économie circulaire. Photo Magcentre


Par Mael Petit.


Comment adapter l’économie des territoires aux défis climatiques et environnementaux d’aujourd’hui et de demain ? C’est la question que se pose la région Centre-Val de Loire déterminée à rendre le tissu économique de son territoire plus résilient face aux crises et à l’évolution climatique. Dans sa réflexion, la collectivité, en partenariat avec l’ADEME, mise sur une large concertation pour co-construire une feuille de route régionale de l’économie circulaire, qui sera votée en avril 2025. La Région vient de lancer un cycle d’ateliers, réunissant élus, chefs d’entreprises, acteurs locaux et partenaires de l’économie, afin de discuter des enjeux de la transition. Le 30 septembre dernier, un premier rendez-vous dans l’hémicycle du Conseil régional a donné le coup d’envoi de ce processus collaboratif. Les participants ont ainsi pu échanger sur l’économie circulaire, qui prône la réutilisation des ressources, la réduction des déchets et une production plus durable.

Changement de paradigme nécessaire

Au cœur des discussions, la sobriété s’est imposée comme un enjeu prioritaire. La transition vers un modèle économique circulaire ne peut s’opérer sans repenser profondément les modes de production et de consommation. C’est ce qu’a souligné Yamina Saheb, scientifique et co-autrice du dernier rapport du GIEC, spécialisée en énergie et sobriété, invitée à animer les débats dans l’hémicycle. « Il faut dans un premier temps désapprendre pour pouvoir réapprendre, car nous devons déconstruire nos habitudes de consommation et notre manière de vivre pour reconstruire un nouveau modèle ». Pour la chercheuse, la sobriété ne doit pas être réduite à un effort individuel mais bel et bien s’inscrire dans un effort collectif reposant sur des politiques publiques ambitieuses. « Ce n’est pas juste une question scientifique mais aussi une problématique qui appelle une réponse politique. L’écologie sans sobriété, c’est du bricolage. Mais l’écologie sans justice sociale, c’est une illusion », alerte-t-elle, rappelant que la transition ne pourra s’effectuer sans une prise en compte des populations les plus défavorisées. Pas synonyme d’austérité, la sobriété doit donc devenir un principe central de l’action publique régionale, en touchant à la fois la production, la consommation et l’organisation territoriale pour voir émerger une écologie industrielle et territoriale, notion d’autant plus prégnante en Centre-Val de Loire, tant l’économie régionale dépend de l’activité l’industrielle.

Des débats qui auront permis de faire évoluer les positions des participants mais aussi de faire d’ores et déjà bouger quelque peu le cadre pré-établi des prochains ateliers. « C’est aussi pour cela que l’on lance cette grande concertation. La Région cherche à construire avec de nouvelles idées et de nouvelles visions », rebondit Jérémie Godet, 2e vice-président délégué au climat, aux transformations écologiques et sociales des politiques publiques. Un premier brassage d’idées qui sera suivi d’ateliers les 4 et 14 octobre abordant les thèmes du changement des comportements, l’identification des filières prioritaires (ex : construction, industrie, l’agroalimentaire, gestion des déchets…) ou encore les soutiens possibles pour une adoption plus large de l’économie circulaire. Sur ce dernier point l’accompagnement, notamment sur le plan financier, figurait déjà en tête des préoccupations des principaux acteurs interrogés, qui espèrent trouver des réponses d’ici la clôture de la concertation prévue à Blois le 13 novembre, où la Région devrait y présenter les premières fondations d’une économie de demain.


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Commentaires

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  1. Si on pouvait éviter d’utiliser le concept de résilience à toutes les sauces . Boris Cyrulnik qui en est un peu le père vient de sortir un livre qui en dénonce la récupération néo libérale du terme et rappelle que la résilience est un processus social de rétablissement après un trauma et non pas une qualité incorporée repartie inégalement entre les individus.

  2. De même le mot “sobriété” ( ne pas être ivre en latin se ebrius) ) évite de prendre en considération la nécessité ( si nous voulons freiner les dérèglements, de toutes sortes, actuels) de moins produire et donc de moins nous faire consommer et pour cela on peut utiliser le mot “suffisance” suffisant venant du latin sub facere : moins faire.
    Mais bien évidemment pour les capitalistes et leurs séides c’est une idée insupportable puisqu’elle porte atteinte à leur soif, leur ébriété !

  3. Merci à Hervé Rigault pour son éclairage sur la récupération du concept de résilience et à F Tarche d’avoir mis l’accent sur celui de nécessité. Cela me pousse à poser la question de ces ronds-points-qui-ne-servent-à-rien et engloutissent des millions de subventions votées par les collectivités publiques, dont la Région. Certes, nombre de PME locales reçoivent, par ruissellement, quelques miettes de ce juteux commerce du béton. Mais un tel choix nous pousse encore un peu plus dans les affres du réchauffement climatique, Il est grand temps pour nos élus d’arrêter cette folie et de prioriser les travaux de construction et de rénovation du bâti, dans le respect des normes sociales et celles liées à l’environnement.

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