La préfecture du Loiret déploie un nouveau plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la haine anti-LGBT et la discrimination liée à l’origine, en réponse à la hausse des actes discriminatoires depuis le début de l’année 2024. Présenté en présence de maires, des forces de l’ordre et de plusieurs associations, telles que la LICRA, le Planning familial et le GAGL 45, ce plan aura bien du mal à enrayer le phénomène.
Par Jeanne Beaudoin.
L’année 2024 a été marquée par une hausse des actes discriminatoires sur le territoire français. Le département du Loiret est directement concerné. D’après la préfecture du Loiret, les atteintes aux personnes LGBTQI+ ont augmenté de 44% en 2024 par rapport à l’année 2020. De même, neuf actes à caractère raciste ont été enregistrés dans les cinq premiers mois de l’année 2024 alors qu’aucun n’avait été relevé dans les cinq premiers mois de 2023. La préfecture indique également que « les associations de défense des droits des personnes LGBTQI+ alertent sur un durcissement des discours en milieu scolaire, des élèves comme parents d’élèves, soulignant un refus de diversité ».
Pour lutter contre cette recrudescence des actes discriminatoires, la préfecture annonce mettre en place « un véritable plan d’action » : le CORAHD (Comité Opérationnel de lutte contre le Racisme, l’Antisémitisme, la Haine anti-LGBT et les Discriminations liées à l’origine) tout juste créé en juin 2024. Concrètement ce comité, réunissant les acteurs de la justice et de l’éducation, les forces de sécurité intérieure mais également les associations œuvrant sur cette thématique, « vise à coordonner les actions menées sur le territoire et déployer le plan départemental », décomposé en trois axes. Le premier concerne la prévention et la sensibilisation, essentiellement sur les jeunes publics en milieu scolaire. Le deuxième propose d’adopter une démarche transversale : lutte contre le harcèlement et les violences. Le dernier étant l’accompagnement des victimes avec l’objectif que la confiance dans l’action de la justice soit rétablie et que les dispositifs déjà en place soient améliorés.
La banalisation de l’extrême droite permet cette hausse des actes discriminatoires
Mais ce qui explique cette recrudescence des actes discriminatoires, c’est bien la banalisation de l’extrême droite. N’oublions pas le score historique qu’a réalisé le Rassemblement national aux élections européennes : 31,37 % des voix exprimées. Les médias de droite et d’extrême droite participent à cette banalisation. Les discours anti-immigration, racistes et homophobes véhiculés par le RN et le vote de la loi immigration en janvier dernier ont par exemple participé au fait que de plus en plus de Français (les habitants du Loiret sont concernés) ont des discours, et même des actes discriminatoires. Le conflit israélo-palestinien, qui s’est mué, selon certains, en génocide à Gaza depuis le 7 octobre 2023, a également participé dans la banalisation des actes islamophobes et antisémites en France et dans le Loiret. Le nouveau gouvernement, en place depuis le 21 septembre 2024, a par ailleurs pris un virage inédit à droite. Le porte-parole du GAGL 45 s’en inquiétait d’ailleurs, confiant que « cela crée de l’inquiétude de voir que nos adversaires historiques occupent des places aussi hautes dans le gouvernement ». Des propos auxquels les représentants de la préfecture ont préféré ne pas répondre.
Un plan qui ne sert à rien ?
Ce plan a été réalisé pour montrer aux habitants du Loiret que la Préfecture était à l’écoute de ses habitants et qu’elle luttait contre les actes discriminatoires. Cependant, bien qu’un plan ait été construit et que plusieurs axes ont été proposés, il n’est qu’une continuation de ce qui existait déjà, et ne propose donc en l’état rien de novateur. Les diverses associations concernées ainsi que la police municipale et la gendarmerie ont ainsi, à tour de rôle, expliqué qu’ils allaient poursuivre leurs actions déjà en place. Et sans aucun budget supplémentaire de prévu, difficile d’imaginer une amélioration significative de la situation.
De même, la progression de l’extrême droite en France et au gouvernement ne va qu’encourager les actes discriminatoires à l’encontre des minorités. Pourtant, ce plan n’évoque à aucun moment la raison de l’augmentation des actes discriminatoires, ni la façon de les éradiquer sur le long terme, si ce n’est par des interventions scolaires. Une stratégie visiblement pas à la hauteur pour contrer durablement les actes homophobes, racistes ou toute autre forme de discrimination.
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