La fin du Petit Solognot symbole de la déliquescence de la pluralité de l’information

Au-delà de la fin d’un organe de presse local, la disparition du Petit Solognot, journal papier gratuit bimensuel, fait écho à la problématique actuelle de l’information libre. L’issue fatale du Petit Sol entre dans la continuité dans une mutation évidente dans les modes de communication. Le monde de l’information est à la croisée des chemins, de sa conception à l’approche d’un modèle économique.

Capture du dernier numéro du Petit Solognot sorti ce mardi 17 septembre 2024.


Par Fabrice Simoes.


Le numéro 842 du journal papier Petit Solognot, paru ce mardi 17 septembre, sera le dernier. Après quarante ans, le journal basé à Romorantin, et qui rayonnait sur le Loir-et-Cher, le Cher et le Loiret, a fait sa dernière Une. Le journal annonce pleine page « Un dernier numéro pour la route » et « remercie les annonceurs, les associations et les lecteurs pour leur fidélité ». Créé en 1983 par le journaliste Gérard Bardon et l’écrivain Dominique Labarrière, Le Petit Solognot était une institution locale. Il traitait de l’actualité des trois départements solognots mais aussi de l’actu régionale. Outre sa proximité, c’était un espace où les différents journalistes et rédacteurs n’avaient d’interdits que ceux qu’ils se fixaient eux-mêmes. Cette liberté de ton et cette particularité géographique, qui s’affranchissait des limites départementales, constituaient des atouts. Moins cependant que sa gratuité. C’était probablement aussi sa faiblesse. Au sortir de la pandémie le ratio publicité-article, source d’équilibre, n’était semble-t-il pas revenu sur les bases antérieures. On peut penser que le volet économique n’est pas totalement étranger à cette décision abrupte. La société des éditions Ramsay qui avait racheté le titre en 2018 n’a pas, pour le moment, souhaité communiquer sur cet arrêt intempestif en cours d’année.

Un monde de l’information en mutation

Cette suppression du seul organe de presse typiquement solognot vient après celles d’autres en presse régionale. En deux décennies le paysage médiatique en région Centre-Val de Loire a été très largement modifié. Si des journaux très « locaux » ont disparu tels que le journal de la Sologne, le Petit Blaisois et le Petit Berrichon, mais aussi La Tribune Hebdo Orléans à l’automne dernier, d’autres de plus grande envergure ont tranché dans le vif. La Nouvelle République du Centre Ouest a lâché, après le début de ce millénaire, un bout du Centre pour se recentrer sur l’ouest. Il n’a conservé que 5 éditions départementales sur les 8 initiales : Indre, Loir-et-Cher, Indre, Vienne et Deux-Sèvres. D’autres, comme La République du Centre a perdu son édition eurélienne voilà une dizaine d’années. De fait, rares sont désormais les départements avec plusieurs titres de journaux différents… Le Journal de Gien, l’Écho du Berry, respectivement 10 000 et 12 000 exemplaires, ou la Voix du sancerrois, entre autres, font partie de ces derniers dinosaures d’une presse de proximité qui résistent à l’uniformisation de l’information, mais aussi, parfois, des idées. On ne sait pas pour combien de temps encore. Sans vouloir jouer aux oiseaux de mauvais augures, on peut penser que le modèle actuel est en sursis.

Dans les pays anglo-saxons, notamment en Grande-Bretagne, le volume des tabloïds et les éditions papier en général, même gratuites, sont toujours aussi importants. Pourtant l’utilisation des écrans est là aussi prédominante. Peut-être une question de culture… Ceci étant, dans les groupes de presse, Centre France ou autres, le virage du numérique a été pris mais il peine à faire sa place entre articles gratuits ou payants. Toute la difficulté réside à un modèle économique toujours à la recherche, à minima, d’un équilibre. 37°, l’information de la Touraine à la bonne température n’échappe pas à cette logique, tout comme Magcentre. Les uns et les autres jouent les funambules. Ainsi, pour l’heure, l’existence de magcentre.fr reste toute aussi précaire. Elle doit beaucoup à ses soutiens institutionnels et ses abonnés. Parce que, il faut l’avouer, la gratuité, même sur la toile, a un coût.

Si on entend souvent que « un journal qui disparaît, c’est un peu de démocratie qui disparaît », force est de constater que le désamour croissant et le désintérêt grandissant envers les médias classiques sont en même temps générationnels. Les réseaux sociaux, et la toile, sont actuellement des créneaux supports de médias en devenir. Cependant, sur ceux-ci l’instantanéité de l’information fait régulièrement se chevaucher informations vérifiées et fake news. Souvent au détriment des premières…


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Commentaires

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  1. Bonjour,

    Un petit détail, le Groupe Centre France édite aussi “L’Écho Républicain” en Eure-et-Loir. Ceci explique sans doute cela quand à l’arrêt de la couverture de l’Eure-et-Loir par “La Rep'”. Ce n’est qu’une hypothèse mais je vous la partage.

    Une question au passage, quels sont les Départements abandonnés par La Nouvelle République du Centre-Ouest ? Je sais qu’il y a longtemps, ils étaient venus dans le Loiret mais que “La Rep'” alors indépendante et pas encore dans le giron de Centre France ne l’avait pas entendu de cette oreille et avait porté plainte puis gagné pour je ne sais plus quel motif exact, les obligeant à ne plus couvrir notre territoire.

  2. Sincèrement désolé pour cette fin du Petit Solognot.Et reconnaissance à lui pour ses articles consacrés à notre terroir si bien écrits et qui nous apprenaient tant de choses sur la vie rurale. Merci aussi pour cet esprit d’ouverture sur la vie culturelle de
    notre région. Ses colonnes ouvertes à tant d’artistes qui recevaient de lui un écho attentif qui va manquer à beaucoup. Encore bravo et merci pour ce travail accompli !

  3. La N.R n’est pas venue dans le Loiret comme “intrus” mais elle y était de longue date car elle avait une édition sur Orleans et l’ouest du
    Loiret et avait une Agence à Orléans il me semble que la Rép du Centre avait une édition sur Blois et l’Est du Loir et Cher. Et apparemment les deux quotidiens vivaient en bonne intelligence jusqu’au jour où cela n’a plus fonctionné et ils sont devenus rivaux, mais la raison du plus fort a
    gagné.La NR a conservé son édition de Blois et du Loir-et- Cher mais a quitté Orléans et la République du Centre n’a plus couvert Blois et partie Est du département 41.

  4. Mais Mr Jean-Dominique Burtin pourrait nous en dire davantage sur cette concurrence entre la Nouvelle République ( de Tours) et la République du Centre (d’Orléans) vu qu’il a collaboré, il y a fort longtemps à la Rep du Centre.

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