À Orléans, une émouvante et radieuse cérémonie, conjuguant poésie et musique, organisée à l’occasion de l’inauguration d’une sculpture monumentale de Roger Toulouse en hommage au poète René Guy Cadou, s’est déroulée ce mercredi 11 septembre dans le délicieux jardin Hélène Cadou situé à l’est du centre-ville donnant sur la Loire, quai du Fort Alleaume, face au port d’Orléans.
Jardin Hélène Cadou, hommage à RG Cadou par R. Toulouse – Par Valérie Thévenot
Par Jean-Dominique Burtin
Photos Valérie Thévenot
« Dans l’intimité de l’éternité »
Point d’orgue de la commémoration du trentième anniversaire de la disparition du peintre, sculpteur, illustrateur et poète Roger Toulouse, dont
la rétrospective de ses créations a accueilli cet été quelque 6 000 visiteurs en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, l’événement de ce mercredi, initié par la municipalité, n’a pu que faire naître l’émotion et figer « dans l’intimité de l’éternité » de belles figures de la vie culturelle orléanaise aujourd’hui disparues.
« Au matin, la parole est une herbe qui tremble »
De fait, de nombreux Orléanais se souviennent avoir vu naître au mois d’août 2018, ce jardin dédié à Hélène Cadou (1922-2014), veuve du poète René Guy Cadou qui avait notamment écrit, par amour, le recueil « Hélène ou le règne végétal ». Après le décès de son époux, Hélène Cadou n’eut de cesse de promouvoir l’œuvre de René Guy Cadou et de lui adresser des poèmes, merveilleux écrits dont les lignes suivantes en témoignent :
« Mais depuis que tu m’as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m’applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t’obliger de vivre encore. »
Le Quatuor d’Orléans entouré de G. Audax, C. Turra-le Strat, N. Dias et J. Le Gallo – Par Valérie Thévenot
Des récitants pour un sensible choral
Toutes ces paroles d’Hélène Cadou ont été portées, à deux pas de la sculpture par une compagnie de sensibles récitants qui ont aussi révélé des textes de René Guy Cadou, dont des poèmes écrits pour des portraits de
Roger Toulouse : « Le jeune homme à la médaille », « Le jeune homme de l’Hospice », « L’homme au tablier de boucher ».
Place également à un pêlemêle de lettres échangées par le poète et le sculpteur ainsi qu’à la lecture d’une touchante lettre d’Hélène Cadou adressée à Marguerite Toulouse, qui évoque la sororité devant le deuil. Ce chant choral de toute sobriété et sensibilité a été offert par Corinne Turra-Le Stat, Nathalie Dias, Julien Le Gallo et Gérard Audax, maître d’œuvre de ce sensible et sobre « à quatre voix ».
L’émotion pure avec le Quatuor d’Orléans
Émouvantes de pureté de son, d’osmose et de virtuosité sont encore, ce mercredi les ponctuations du Quatuor d’Orléans qui fait ici sa première apparition en public (les mélomanes pourront le retrouver en décembre à la salle de l’Institut d’Orléans). Dès lors, voici le renversant Lento du Quatuor américain de Dvorak, ainsi que des extraits du huitième Quatuor, de Chostakovitch. De la même âme que la venue du soir est la beauté de ces coups d’archets composant une offrande que l’on doit à
Guillaume Dettmar et Catherine Luthier, violons, Jean-Philippe Bardon, alto, Yska Benzakoun, violoncelle.
Inauguration au jardin d’Hélène Cadou avec Abel Moittié – Par Valérie Thévenot
En guise de reconnaissance
Au terme de ce rendez-vous,
Abel Moittié, président de l’association des Amis de Roger Toulouse, très ému, a tenu à saluer Monsieur Jean-François Jacques, président de l’association Cadou – Poésie et neveu d’Hélène Cadou ; ainsi qu’à remercier le public et les interprètes de ces arts qui s’enrichissent au contact les uns des autres. Tout cela avec des mots d’une sincérité et un verbe souriant comme un hymne à l’amour qui coule de source.
« C’est un très joli moment que nous venons de partager, une parenthèse enchantée avec la présence des mots, la mélodie des notes », déclare quant à lui Serge Grouard, maire d’Orléans. Avec des mots simples et sous le charme, il poursuit : « Dans ce jardin, par cette lumière et cette transparence qui annoncent l’automne, tout était réuni pour ce moment de poésie et ce bonheur du jour ».
Manifestant son plaisir sincère et profond, Serge Grouard tient aussi à rappeler sa volonté de pouvoir proposer des œuvres d’art dans l’espace public et son désir « que ces dernières s’installent dans le temps ».