Malgré les écueils, le rectorat annonce une rentrée scolaire « sereine » en Centre-Val de Loire

Groupes de niveau, manque de remplaçants, difficultés de scolarisation adaptée aux élèves en situation de handicap… Ce ne sont pas les points de tension qui manquent en cette rentrée 2024. Pourtant, le tout nouveau recteur de l’académie d’Orléans-Tours se veut rassurant en promettant des conditions de climat serein pour tous les acteurs de l’école.

Jean-Philippe Agresti est le nouveau recteur de l’académie Orléans-Tours


Par Mael Petit.


C’est peu dire que le rectorat de la région Centre-Val de Loire souffre d’un manque de stabilité ces dernières années. Alain Ayong Le Kama arrivé en juillet 2022 avait été débarqué du jour au lendemain sur fond de « tensions » et de « dysfonctionnement » cinq mois après sa nomination. Puis Gilles Halbout de janvier 2023 à mars 2024, est parti à Matignon dès la première opportunité venue, décrit par certaines voix comme un personnage aux dents longues, adepte de l’essoreuse dans le management de ses équipes. Place désormais à Jean-Philippe Agresti arrivé fin juin, universitaire et ancien recteur de l’Académie de Corse. L’institution régionale a retrouvé un capitaine à la barre, chargé de fixer un cap clair, s’affichant serein malgré le grand flou du contexte politique national.

Des « groupes de niveau » devenus « groupes de besoins »

Tout juste deux mois pour réviser ses dossiers et sa géographie ligérienne qu’il doit déjà affronter une rentrée scolaire dont les nouveautés et l’incertitude politique en irritent déjà plus d’un, notamment chez les syndicats. À commencer par la fameuse réforme du « choc des savoirs » et la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques dans les classes d’élèves de 6e et 5e. Désormais renommée en groupes de besoins pour mieux faire passer la pilule, cette répartition des élèves en trois groupes est décidée selon leurs résultats dans le but de réduire les écarts de niveau dès l’entrée au collège. Une idée loin de faire l’unanimité, crispant syndicats, professeurs et parents d’élèves qui redoutent une stigmatisation à l’école et dénoncent une forme de tri scolaire. « Les préoccupations sont légitimes mais si on ne tente rien, les inégalités vont se creuser, défend Jean-Philippe Agresti. Nous laisserons une grande latitude sur le fonctionnement avec une pleine autonomie des groupes pédagogiques. Puis on dressera le bilan à la fin ». En promettant « une grande vigilance » mais aussi « une grande liberté » sur la mise en œuvre de ces groupes de besoins, Agresti espère rassurer parents et professeurs dont certains avaient déjà manifesté dans toute la France comme à Blois en février dernier. Pas à l’abri d’une mobilisation, la consigne est claire : il faut lâcher du lest pour faire passer en souplesse une réforme qui ne s’appliquera finalement pas comme elle était initialement imaginée.

En revanche plus confiant est le recteur sur la capacité de son académie à répondre aux absences d’enseignants sur le territoire régional. S’il faut attendre les premiers jours de septembre pour savoir si l’éternelle promesse « d’un professeur devant chaque classe » sera tenue, le rectorat martèle que « toutes les équipes enseignantes sont constituées » et qu’il n’y a pour l’heure « aucun problème structurel de manque d’enseignants » dans la région. Il rappelle d’ailleurs qu’un vivier de remplaçants est déjà prêt à pallier d’éventuelles premières défections ces prochaines semaines. Mais encore faut-il que ces enseignants acceptent la mission. « Ce n’est pas simple de trouver un prof qui consent, parfois pour quelques heures par semaine, de se déplacer dans un établissement loin de chez lui, notamment dans le rural éloigné. Nous devons faire comprendre aux parents que l’institution n’est pas parfaite », avoue Jean-Philippe Agresti. Le recteur se veut rassurant à court terme mais n’écarte pas la possibilité de tensions « plus tard » surtout pour l’enseignement du français, de l’anglais et des matières spécialisées.

L’insoluble équation des AESH

Si les absences de professeurs devraient une nouvelle fois rythmer l’année scolaire, la pénurie d’accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) laissera sur le carreau des milliers d’enfants en France, comme l’alertait cette semaine l’Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés (Unapei). Évidemment la région ne fait pas exception. On compte près de 19 000 élèves en situation de handicap scolarisés dans les écoles et établissements de l’académie, et seulement un peu plus de la moitié bénéficient d’un accompagnement. Un chiffre en constante augmentation comme le rappelle Jean-Philippe Agresti. « Le nombre de prescriptions augmente plus vite que la capacité à y répondre. Mais on avance, on progresse même si, je l’avoue, cela n’est pas totalement satisfaisant ». Pour 500 AESH en 2015, ils sont aujourd’hui 3 700 dans la région. Les départements du Loiret et de l’Indre sont les territoires du Centre-Val de Loire qui souffrent le plus sur le plan de l’accompagnement des élèves en situation de handicap.

Malgré les appels à la sérénité, cette rentrée 2024 s’annonce donc mouvementée d’autant que d’autres sujets brûlants ou délicats s’ajouteront sans doute à l’équation scolaire, comme la laïcité à l’école ou la lutte contre le harcèlement. Des sujets sur lesquels l’académie sera intransigeante. « Ma main ne tremblera pas sur ces sujets », prévient Jean-Philippe Agresti. Oui, même s’il affiche pas mal de sérénité pour cette rentrée, le néo-ligérien pourrait faire face à pas mal de remous dans les semaines à venir.


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