L’Université d’été du PS à Blois s’est conclue samedi matin par le discours du 1er secrétaire Olivier Faure qui a réaffirmé la volonté du parti de gouverner avec le Nouveau Front Populaire mais aussi la nécessité de préparer un projet présidentiel.
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Par Jean-Luc Vezon.
Les frondeurs étaient une nouvelle fois au rendez-vous blésois ce samedi matin pour jouer leur petite musique. Mais leur présence n’a pas entamé le soutien massif à Olivier Faure des militants venus de toute la France « gagner la bataille » comme l’affichait le slogan de ce Campus parfaitement organisé par la direction du PS avec le soutien de la fédération du Loir-et-Cher présidée par Christophe Chapuis.
Présidente sortante des jeunes socialistes, la fraîchement élue députée européenne Emma Rafowicz a comme à son habitude galvanisé les militants, rassemblés dans la Halle aux Grains, dans un discours universaliste et anti RN. « L’unité de la gauche est indispensable pour gagner face à l’extrême droite », a-t-elle insisté en condamnant « le racisme décomplexé qui progresse ».
Force politique centrale de la gauche avec 13,7 % des voix aux élections européennes (1) et 66 députés à l’Assemblée nationale, le PS a retrouvé son statut et sa place avec notamment plus de 3 000 nouveaux militants depuis la dissolution de l’Assemblée. « Soyons fiers du chemin parcouru depuis 2017. Sans les socialistes, pas de NFP. L’équilibre de la gauche passe par nous », a insisté de son côté Olivier Faure en rappelant « que Jean-Luc Mélenchon n’est pas devenu le candidat de la gauche à Matignon ».
« Faisons en sorte de propulser la gauche en avant pour changer la vie ». Dans un discours d’unité, le premier secrétaire a surtout réaffirmé la volonté du PS de gouverner sur la base électorale, sans accord avec Macron et avec le soutien sans participation de LFI comme proposé par son leader.
Olivier Faure veut aussi préparer l’avenir… et la présidentielle de 2027 (ou avant) en organisant des conventions thématiques (Europe, écologie, ruralité…) pour préparer cette échéance. « On sera prêt à partir seul ou avec nos alliés du NFP. Il n’y a pas de candidat naturel », a-t-il conclu en invitant les militants à repartir au combat avant d’entonner une Marseillaise à pleins poumons.
Division face à la stratégie
800 jeunes socialistes et plusieurs milliers de militants et sympathisants ont participé aux différents ateliers et rencontres. Chacun défendait naturellement une position sur la stratégie à adopter face à Emmanuel Macron.
C’est le cas de Pierre, 26 ans, venu de Paris, qui défendait avec force la ligne d’Olivier Faure : « Le NFP nous a permis de remporter les élections. Nous devons rester unis et gouverner le pays avec Lucie Castets comme Première ministre. Le président doit cesser son déni de démocratie ».
« De toute façon, même en cas de compromis entre les socialistes, le centre et des indépendants, il n’y aurait pas de majorité. C’est un non-sens », ajoutait le jeune fonctionnaire à Bruxelles, convaincu par l’existence de majorités de projets. Il mettait en avant le régime parlementaire qui a permis de faire avancer le pays sous les 3e et 4e république. « Arrêtez les batailles d’ego et de jouer avec notre avenir. Il est urgent d’agir pour la justice sociale », enjoignait le jeune militant.
Militante venue de Brest, Audrey Aït-Kheddache dénonçait également « l’univers parallèle d’Emmanuel Macron » mais était convaincue que le PS est en capacité de gouverner et de porter un programme de gauche avec des mesures partagées. « Les Français n’ont pas voté pour le NFP mais pour le Front républicain contre le RN », déclarait cette sociale-démocrate, soutien de Nicolas Mayer-Rossignol en demandant une consultation des militants. Comme ses amis, nombreux à Blois, elle n’a pas participé au meeting unitaire au cours duquel Bernard Cazeneuve a été hué.
Ancien sénateur et maire d’Orléans, Jean-Pierre Sueur était lui aussi présent à Blois samedi matin. Au côté de Carole Delga, présidente d’Occitanie et des Régions de France, cette figure de la gauche régionale ne cachait pas sa proximité avec les idées portées par les courants Mayer-Rossignol et Geoffroy désormais réunis.
« Nous devons parler avec Macron. Le PS doit rester un parti de gouvernement et avoir la capacité à proposer des compromis, sans compromission, en restant fidèle à ses valeurs essentielles. Portons des mesures sociales, pour le pouvoir d’achat, les services publics et revoir la réforme des retraites dans un gouvernement d’union », déclarait-il à Magcentre en citant « Mendès, Rocard ou Delors, tous socialistes qui ont agi tout en étant vivement critiqués car pas assez à gauche ».
Il condamnait également avec force les paroles ambiguës de LFI sur les Juifs et les positions radicales de ses dirigeants. « Nous avons besoin d’une gauche ouverte et tolérante », concluait-il.
Rendez-vous lors du futur congrès où chacun pourra compter ses partisans.
(1) La liste PS-Place Publique était menée par Raphaël Glucksmann.
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