La Région veut plus de Tiers lieux

Alors qu’à l’occasion de l’agora régionale des tiers-lieux qui se tenait il y a deux semaines à Tours, on dénombrait pas moins de 139 structures actives ou en gestation, la Région a lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt pour favoriser l’émergence de nouveaux projets avec clôture des dossiers le 31 octobre prochain. Explication avec Dominique Roullet, vice-président de la Région en charge de l’aménagement du territoire et Émeline Lesage, chargée de mission innovation.

 

Le tiers-lieu Le Cercle à Rosières dans le Cher. Photo A. Adam

 

Pourquoi lancer cet appel à manifestation d’intérêt pour encore développer les tiers-lieux ?

Dominique Roullet : C’est vrai qu’on a à peu près 140 tiers-lieux en Région, soit créés soit en cours de création, donc on pourrait se dire effectivement : c’est suffisant. Mais je suis convaincu qu’ils correspondent à un besoin sur nos territoires, pour la dynamisation de la vie sur les territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux. Et que les tiers-lieux sont un exemple effectivement d’action qui permettent de redonner de la vie sur le territoire.


Mais comment définissez-vous les tiers-lieux ?

Dominique Roullet : On s’est beaucoup interrogé justement sur la définition d’un tiers-lieu. Et on s’aperçoit qu’on ne peut pas en avoir une qui va complètement cadenasser ce qu’est un tiers-lieu. C’est d’abord le résultat d’une démarche de concitoyens, de collectivités, d’associations, qui à partir d’un moment ont décidé de se mettre ensemble dans le cadre de l’élaboration d’un projet.


Comment expliquez-vous ce foisonnement des tiers-lieux ?

Dominique Roullet : Si les tiers-lieux ont fleuri c’est qu’il y a des raisons. La première, fondamentale, c’est que l’on est dans une société qui a besoin de respiration. Il y a le contexte international et je ne vais pas en rajouter sur le contexte national. Il y a des inquiétudes et je crois que nos concitoyens ont besoin de se rencontrer, d’échanger, de dialoguer pour inventer tout simplement de nouvelles façons de fonctionner, un nouveau modèle de développement. Quand on regarde la question du dérèglement climatique, on voit bien qu’on ne peut pas fonctionner comme on a fonctionné depuis des années. C’est vrai dans le domaine de la production industrielle comme dans la production agricole, mais c’est vrai aussi dans la consommation au quotidien et je pense que les tiers-lieux sont le lieu de réflexion pour inventer une autre façon de vivre. C’est ce que nous souhaitons trouver dans cet appel à manifester, ce sont des nouvelles pistes, ce sont des choses qui n’existent pas aujourd’hui.

Les tiers-lieux ont aussi un impact sur l’emploi ?

Dominique Roullet : C’est aussi la mobilisation des publics éloignés de l’emploi. C’est l’innovation pédagogique. C’est la concertation faire et produire, c’est-à-dire des ressourceries avec du vrai emploi, du recyclage, des ateliers, partagés, de production et/ou de réparation. Donc les tiers-lieux sont là pour accompagner tous ces projets qui sont des projets plutôt innovants. Quand on parle de café associatif, c’est exactement la même chose, c’est cette dynamique-là que créent des lieux de rencontres, des lieux de dialogue et d’innovation.

Par cet appel à projets, la Région souhaite mieux couvrir le territoire ?

Émeline Lesage : Effectivement, il y a un objectif de maillage du territoire pour créer des lieux ressources un peu partout et c’est vraiment un objectif de la région, c’est d’accompagner les tiers-lieux et d’accompagner aussi l’écosystème. Le premier interlocuteur quand on a un projet de tiers-lieu, c’est la collectivité.

En fait, on ne construit pas un tiers-lieu en un mois ou deux mois de temps, la coopération territoriale est essentielle. Il faut construire une communauté et embarquer les différents acteurs sur un projet pour le rendre viable. Toute la difficulté du tiers-lieu, c’est de le pérenniser et de travailler sur un modèle économique : on ne peut pas être que sur des activités solidaires qui ne font pas rentrer d’argent parce que sinon on reste dépendant des subventions et à la Région on est très clair, ce sont des aides d’amorçage.

Comment fonctionne l’aide de la Région ?

Émeline Lesage : Il n’y a pas d’aide au fonctionnement à posteriori des trois années qui sont le délai de cet appel à projet. Donc il y a un vrai travail de construction, de projets, de trouver des activités qui sont lucratives pour pouvoir tenir dans le temps.

Un tiers-lieu doit correspondre à un besoin qui a été identifié par un diagnostic de territoire et ça repose vraiment sur des éléments fiables, quantifiables des besoins qui sont non satisfaits sur le territoire.


Dominique Roullet : Donc place à l’imagination, place à ce monde qui bouge pour inventer des espaces d’expérimentation. Ce sont des laboratoires pour faire face aux défis actuels et aux défis de demain pour répondre aux transitions environnementales, sociales, économiques, à la mutation du travail et à la mutualisation des outils.


Propos recueillis par Gérard Poitou


L’Appel à Manifestation d’Intérêt


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Photo de Une : Agora des Tiers Lieux 2022 Orléans

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