À Bourges, l’art s’expose du Château d’eau à l’Antre peaux

L’été, Bourges peut se visiter à la manière du touriste lambda, par tous les sentiers battus et même rebattus. Désignée capitale européenne de la culture 2028, Bourges peut se visiter sur tous les thèmes, de l’histoire à l’art. On peut être plus restrictif encore et se cantonner sur l’art contemporain. D’un bout de Bourges à un autre, le parcours est réalisable à pied, ou presque.

À l'occasion du Printemps de Bourges, en avril dernier, les expos de l'Antre Peaux étaient sorties de la friche industrielle avec le Collage des fiertés d'Estelle Prudent. Photo Magcentre
À l’occasion du Printemps de Bourges, en avril dernier, les expos de l’Antre Peaux étaient sorties de la friche industrielle avec le Collage des fiertés d’Estelle Prudent. Photo Magcentre


Par Fabrice Simoes.


Pour le touriste et le passant qui passent, le jugement dernier du fronton de la cathédrale Saint-Etienne, la tour de Beurre, les salles du palais Jacques-Cœur et les maisons à pans de bois sont à Bourges, été comme hiver, autant de passages obligés. Et pourtant, il faut simplement se dérouter un peu pour aller voir ailleurs si on y est… Aller à la découverte de l’art contemporain qui s’épanouit dans la préfecture du Cher est, par exemple, un autre moyen de rencontrer la cité désignée Capitale européenne de la culture 2028. Dans la ville des Bituriges devenus Berruyers et non Bourgeois, des expos, des créations, des résidences, en plein cœur de France, ça existe bien au-dessus de la moyenne. Cela surprend toujours le citadin venu d’ailleurs. Cachés derrière leur petit doigt, ils n’en reviennent pas de découvrir qu’il existe un monde artistique hors des murs des grandes métropoles. Au pays des ploucs, la culture ne peut être précédée que du préfixe “agri”… Ou alors tels de nouveaux Hanns Johst – beaucoup étaient de sortie récemment – il convient de posséder un browning ! Pourtant, de l’art, qui plus est contemporain, Bourges en est truffé comme un terrain dédié à la Tuber Melanosporum en Champagne berrichonne. Comme dans un compagnonnage artistique les aventures des uns croisent celles des autres sur un territoire enclin à s’émanciper de toute tutelle.

Au Château d’eau on écoute les gouttes

Au Château d’eau, comme dans un supplice chinois le son des gouttes d’eau qui tombent résonne sous des voûtes, au bout de la place Séraucourt. Une goutte qui tombe résonne sous les voûtes. Une autre goutte qui tombe résonne sous les voûtes. Elles se succèdent avant de devenir cascade tandis que les mots de l’autrice Maki Cappe s’attachent au temps, « celui de l’écoute, de ce qui s’écoule… » Dans ce vrai château d’eau construit à la fin du XIXe siècle, et devenu un lieu dédié à la diffusion des Arts plastiques, les deux travées concentriques de son rez-de-chaussée, séparées par 16 colonnes et ceinturées de 14 alvéoles, permettent une mise en valeur unique des œuvres.

Dominique Blais et Marie Tučková proposent, jusqu’au 1er septembre, Dorica castra. De son titre – en littérature c’est la reprise de la dernière syllabe d’un mot pour construire le suivant – les artistes ont profité de la circularité des lieux pour emplir l’espace de textes, de voix, de lumières, de vidéos. Un « utérus polyphonique » selon l’artiste tchèque matérialisé par plusieurs aquarelles et dessins origine du monde revisités.

À grandes enjambées, ou en flânant dans les ruelles, on rejoint le palais Jacques-Coeur (du nom du grand argentier du roi Charles VII) pour les Coquilles et feuilles de choux de Daniel Dewar et Grégory Gicquel. Dans le cadre du programme « Un artiste, un monument » le duo propose une installation dans la salle des festins du palais. Sculptures, meubles en chêne massif, potimarrons incrustés, nez humains disproportionnés, tout trouve son ancrage dans les métiers d’art ancien et suggère une nouvelle éthique de consommation, de production aussi.

Un détour par La Box, à l’ENSA, en centre-ville, pour l’exposition “duelle” Orbita de Pavla Sceranková et Sylvain Bourget. Un autre détour à la Transversale, à un jet de bus gratuit – comme tous les bus de l’agglo – dans les quartiers Nord, pour Are we there yet ? de Woojung Yim et Abel Duché, deux diplômés de l’ENSA en 2023.

Un autre coup de bus – puisque c’est gratuit ce serait dommage de se priver – permet de rejoindre l’Antre Peaux, route de la Chapelle. C’est dans cette ancienne friche industrielle devenue friche culturelle associative dans le quartier de l’Aéroport que sont accueillis des artistes en résidence, qu’on « accompagne la création et l’émergence artistique », qu’on organise et propose des événements et des actions d’éducation artistique et culturelle. Si, pour l’heure, Inner powers d’Anne Rochette et Margot s’expose, hors les murs on peut parfois rencontrer, comme pour le Printemps de Bourges, des œuvres sur les murs de la ville.

L’art contemporain a d’ores et déjà trouvé sa place à Bourges. Quatre ans avant d’être capitale européenne de la culture, c’est plutôt un bon signe.


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La preuve par 11 de l’art contemporain dans le Cher

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