Deux grands solistes internationaux ont embrasé la cathédrale d’Orléans ce vendredi 5 juillet en faisant sonner le beau Cavaillé-Coll de 1880. Un programme varié de Bach à nos jours a permis d’entendre la sonorité exceptionnelle du trompettiste David Guerrier et de son complice Jean-Baptiste Robin, compositeur et organiste.
Jean-Baptiste Robin et David Guerrier à la tribune du grand orgue de la cathédrale d’Orléans. photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis
La cathédrale était pleine pour ce premier concert du festival et les spectateurs en ont eu pour leur argent ! Près de deux heures de musique pour un concert gratuit (avec libre participation) ont donné à entendre deux grandes pointures de la musique instrumentale. Du grandiose.
Gildas Harnois, directeur musical du festival explique cette version 2024 dédiée à Pierre Cochereau, ce grand organiste qui aurait 100 ans en 2024 et qui a donné un concert mémorable à Orléans en 1996. Son nom fait autorité dans le milieu musical, prolongé par son fils Jean-Marc, chef d’orchestre et directeur très apprécié du conservatoire d’Orléans pendant plus de 10 ans et mort brutalement lors d’une répétition avec son Orchestre symphonique.
En ouverture et au moment de l’entracte les ateliers Brass band dirigés par François Daunais entourent agréablement le public avec les danses roumaines de Bartók, dans une version inhabituelle pour ensemble de cuivres.
Ouverture par les ateliers Brass-band dirigés par François Daunais. Photo ACC
Un duo époustouflant
Deux grands solistes ont fait étape à Orléans. David Guerrier a un palmarès impressionnant et est aujourd’hui trompette solo au Philharmonique de Berlin. Jean-Baptiste Robin, compositeur et organiste, jouit d’une notoriété internationale avec parcours prestigieux de concertiste et enseignant dans les cinq continents.
Le ton est donné avec la sonate pour trompette et orgue de Giovanni Viviani (1638-1662). Quelle sonorité, quel élan, quel souffle !
C’est ensuite une magnifique sinfonia pour orgue de JS Bach, interprétée à un tempo très soutenu, virtuose et émouvant. Une cantate pour trompette et orgue de Georges Delerue montre que le genre peut sortir des sentiers battus, puis la symphonie de Charles-Marie Widor (1844-1937) offre un subtil jeu de pédalier, et nous rapproche de la période contemporaine qui va suivre avec Henri Tomasi (1901-1971) où la trompette décline une palette de sonorités avec ou sans sourdine.
De belles pièces de musique d’aujourd’hui
Après l’entracte, le concert explore résolument la musique d’aujourd’hui, une pièce composée par l’organiste Jean-Baptiste Robin lui-même. Ecrite sur les notes du nom de Cochereau ou Delmotte (son partenaire trompettiste) elle permet au concertiste de dévoiler toute la panoplie de ses inspirations et toutes les ressources de l’instrument.
Le concert, transmis sur écran géant, permet d’apprécier la vélocité de l’organiste et d’entrer dans les entrailles du somptueux instrument. Olivier Salandini (à D) et Arnaud Riffet assurent la registration. Photo ACC
Une parenthèse fait respirer avec « la reine de cœur » de Francis Poulenc, inattendue dans cette très belle version pour orgue et le concert se termine avec brio sur « Parchemins de cendre pour trompette et orgue » de Jean-Baptiste Robin sur une commande de Radio-France, alternant mouvements vifs et lents et concluant de façon magistrale un concert de haut niveau.
Deux bis réclamés par le public ramènent au répertoire classique avec le célèbre ave Maria de Gounod et un choral de Bach plein d’émotion.
Un festival international pendant tout l’été
Le festival « Au son des orgues » se poursuit tous les dimanches de l’été. La prochaine séance du dimanche 7 juillet donnera la parole aux organistes des classes d’orgue de la Région, avant une succession de concertistes de grand renom venus de France, Japon, Angleterre…
Un bel été en perspective !
Pour en savoir plus :
Un été « au son des orgues » à Orléans
www.orguescathedraleorleans.com
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