Les jeunes producteurs de Petit Chaos
Thomas Hakin et Julien Graaf, co-directeurs de la société de production Petit Chaos, basée à Orléans, nous parlent de leur vision de leur métier
Philippe Germain, du Ciclic, Payal Kapodia, réalisatrice, Julien Graaf et Thomas Hakin, de Petit Chaos. Photo Petit Chaos.Condor Distribution
Qu’est ce que c’est produire ?
Julien Graaf : Il y aurait autant de réponses que de producteurs… Pour nous, c’est être le premier spectateur. L’accompagnateur de la réalisation, depuis l’idée de départ jusqu’à la diffusion. Donc c’est vraiment le compagnon artistique et financier. Qui va avoir le même désir de film que celui/celle avec qui on travaille, et qui va aider cet artiste à accoucher de son œuvre.
Un aspect créatif mais aussi un aspect administratif, financier, économique. Tout ça est lié. C’est aussi comprendre exactement le désir du réalisateur par des échanges constants, savoir quel meilleur choix faire, choix de scénario, choix de tournage. Où est ce qu’on met l’argent, comment on le dépense. C’est un dialogue. Ca dépend des producteurs, mais nous, on souhaite être là du tout début à la toute fin
Vous rencontrez les futurs réalisateurs dans les festivals ?
Thomas Hakin : Ce sont souvent les festivals qui projettent des films de fin d’études… Or a priori, on va produire dans notre génération. Les festivals sont des lieux de des rencontres.
Julien : Ce serait compliqué de produire des gens qu’on apprécie mais dont on n’aime pas le travail, mais également de produire ceux dont on aime le travail mais qu’on n’apprécie pas. C’est une alchimie assez longue, truffée de plein d’obstacles qu’on doit surmonter ensemble. Le couple auteur-producteur est fort quand ça fonctionne humainement. Après, il y a la qualité de l’histoire. Notre approche est un contre-point. On se place à égalité.
La question du financement vous incombe. Ou trouvez-vous l’argent ?
Philippe Germain, directeur du Ciclic, présent à la discussion : On a apporté des sous, et un accompagnement. Pas une somme énorme, 40, 50000. Mais c’est au bon moment, au tout début.
Julien : Ce qu’on apporte, c’est notre travail plus que notre argent. Il faut qu’on en trouve, c’est aussi notre boulot. C’est pourquoi il faut qu’on ait quelque chose de bien à vendre. A des télés, à des partenaires. En France, on a la chance d’avoir un système d’aides publiques régionales ou nationales très important. Ces aides vont convaincre les autres partenaires. Mais il faut une stratégie importante, aller voir les bonnes personnes, etc. Les fonds ont des attentes, il faut comprendre tout ça. Pour un film comme celui de Payal, à production majoritaire française, c’est nous qui signons les droits du projet, qui portons le risque du film. Même si on a des co-prod pour nous accompagner. On a eu des aides en France, mais moins que si c’était un film français. Il a fallu adapter la stratégie. Comprendre quel fond contacter, etc . La chaine Arte, Eurimages, le CNC, et il y a le vendeur qui nous donne une avance sur le marché pour ce film, ce n’est pas toujours le cas, mais là, oui.
C’est un gros budget ?
En terme de cinéma, non. Un million. C’est ridicule pour un long métrage.
Comment on devient producteur ?
On a fait des écoles de commerce. Avec une passion de cinéma. On travaillait déjà dans d’autres sociétés. C’est un désir de spectateur d’abord, et puis ensuite des rencontres. Et l’envie de monter une société. Des choix progressifs.