Une transplantation (ou greffe) est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer un organe vital défaillant par un organe sain prélevé chez un donneur. Le principal risque de cette chirurgie est celui du rejet de l’organe greffé. La greffe est un recours efficace quand un organe essentiel est trop altéré mais le manque de greffons le limite.
Par Jean-Paul Briand
Les premières tentatives de greffes sur des humains remontent au début du 20ème siècle, mais les succès durables de la transplantation datent des années 1960. Grâce à la connaissance de l’origine du rejet immédiat d’un greffon et des moyens pour le juguler, les transplantations sont de mieux en mieux maitrisées et les survies après greffe de plus en plus prolongées. En région Centre-Val de Loire seul le CHU de Tours a pour l’instant une activité de prélèvements et de transplantations. L’hôpital d’Orléans, devenu CHU depuis peu, n’a encore qu’une activité de prélèvements d’organes et de tissus.
Moins de greffons disponibles que de receveurs en attente
Différents types de greffes existent :
- L’allogreffe : le donneur et le receveur sont deux personnes distinctes
- L’autogreffe : le greffon vient du receveur (peau, cellules de la moelle osseuse)
- L’isogreffe : le greffon provient d’un jumeau monozygote du receveur
- La xénogreffe : procédé encore en phase expérimentale qui consiste à transplanter un greffon non humain.
On peut greffer des tissus (cellules cutanées, cornée, cartilage, os,…) et de nombreux organes (rein, foie, coeur, poumon, pancréas, intestin, utérus). Plus rarement il est nécessaire de pratiquer des greffes multiples associant plusieurs organes provenant du même donneur (cœur-foie, cœur-foie-rein, cœur-rein, foie-intestin, foie-intestin-rein, foie-pancréas, foie-rein,…). Malheureusement il y a moins de greffons disponibles que de receveurs en attente.
Des questions médicales et éthiques ardues
Au 1er janvier 2024 il y avait en France plus de 21 000 patients nécessitant une greffe pour 5 634 transplantations d’organes effectuées (dont 577 greffes avec donneur vivant) en 2023. Ce déficit en greffons a entraîné durant l’année 2023 le décès de 823 patients en attente d’organes.
La sélection des malades qui se verront attribuer un greffon soulève des questions médicales et éthiques ardues quant au critères de désignation des receveurs. Pour les allogreffes rénales, les greffons sont attribués en priorité aux patients qui ont un risque élevé de décès. Depuis 2015 ce risque est évalué par le calcul d’un score prédictif de mortalité. Il est identique dans toutes les régions de France. Cette pratique équitable a permis de mutualiser les greffons sur l’ensemble du territoire national.
Les professionnels de santé se doivent d’interroger les familles
Sans doute pour répondre aux longues listes d’attente en greffes, la loi considère que tout individu à sa mort est présumé consentant au prélèvement de ses organes si, de son vivant, il n’a pas fait connaître explicitement son refus. Le législateur estime que les organes d’un défunt sont des objets sans aucune dimension affective qui peuvent donc être redistribués au gré des besoins thérapeutiques. Ce n’est pas aussi simple. La mort et le prélèvement d’organes ne sont pas uniquement des processus légaux et médicaux. Ce sont des phénomènes culturels et sociaux à la portée émotionnelle complexe. Les professionnels de santé, conscients de ces dimensions, se doivent d’interroger les familles endeuillées afin de demander l’autorisation s’ils peuvent disposer des restes du mort.
Signaler clairement que l’on est favorable au don d’organes
Alors que 80% des Français sont d’accord pour donner leurs organes dès après leur mort, la moitié d’entre eux ne le signale pas à leurs proches. Faute de connaitre la volonté du défunt, 36% des familles préfèrent s’opposer aux prélèvements.
Si l’on ne souhaite pas que nos organes soient prélevés après notre décès il est préférable de s’inscrire ICI sur le Registre national des refus. Dans le cas contraire, afin d’éviter un choix difficile et douloureux à vos proches, il faut leur signaler clairement que l’on est favorable au don d’organes.