Porte-parole du Rassemblement national, Jean-Lin Lacapelle est candidat dans la cinquième circonscription du Loiret. Proche de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, ce fidèle décrit comme un dur du parti entretient un passé qui pose question, renforcé par des positions et relations controversées.
Le Rassemblement national a envoyé un poids lourd du parti conquérir la cinquième circonscription du Loiret. Cadre du Front national, porte-parole du RN, Jean-Lin Lacapelle compte bien déloger le macroniste Anthony Brosse des terres du Pithiverais. Cela s’était déjà joué à rien en 2022 lorsque au second tour, le candidat RN d’alors, Valentin Manent, échouait à trois voix d’un siège à l’Assemblée nationale. Alors quand Macron annonce à la surprise générale la dissolution de l’Assemblée, l’ambitieux de 35 ans se voit déjà repartir au combat pour l’emporter en surfant sur la dynamique des européennes. Surtout dans une circonscription plébiscitant le RN à plus de 40 %. Mais pourtant annoncé tête de liste dans un premier temps, il devient rapidement suppléant et doit se ranger dans l’ombre de l’imposant Jean-Lin Lacapelle dépêché en vitesse dans le Loiret pour s’assurer de la victoire. Un mouvement qui pourrait être considéré comme « overkill » au regard de la tendance dans ce territoire rural. « Après avoir été surpris par la dissolution prononcée par Emmanuel Macron, il fallait aller très vite. Marine le Pen et Jordan Bardella ont pris la décision de m’envoyer là-bas. Valentin l’a compris et il n’y a aucune amertume de sa part », assure Lacapelle. Ce proche de Marine Le Pen aurait pu se frotter à une circonscription plus relevée et tenter une razzia dans le département mais le parti a préféré assurer le coup.
Un soldat friand de parachutisme
Après 14 ans d’absence, Jean-Lin revient donc sur « les terres qui sont les miennes » comme il le dit. L’homme évoque avec nostalgie cette région qu’il a quittée pour des raisons professionnelles après 12 ans en tant que conseiller régional de 1998 à 2010. Un départ pour la capitale motivé par « des raisons alimentaires », explique-t-il. « Comme tout le monde j’ai une famille ». Le père Lacapelle pense à ses proches mais aussi à sa carrière. En 2015 il fait son “retour en politique” qu’il n’a jamais vraiment quittée pour intégrer le conseil régional d’Île-de-France sur la demande de son amie Marine le Pen. Puis tente un parachutage dans les Bouches-du-Rhône lors des législatives de 2017. « Je suis un parachutiste, plaisante-t-il. Je suis un soldat, là où on me demande d’aller, je suis toujours disponible ». Dans la hiérarchie, Marine est bien entendue général et place son fidèle sur la liste des européennes en 2020 dans le sillage de Bardella. « Un mandat très enrichissant que j’ai apprécié », avoue-t-il. Tout comme il reconnait ses positions pro-russe et son voyage en Crimée en 2020 pour une « fausse mission d’observation électorale » à l’occasion d’un référendum sur une révision de la Constitution russe. Une escapade tous frais payés par l’État hôte et sanctionnée par le Parlement européen.
Un attachement pour le Kremlin que l’on retrouve également sur une photo provenant du compte Instagram de l’ancien député européen – aujourd’hui supprimée de ses réseaux – mais re-publiée par Le Nouvel Obs, sur laquelle on le voit arborer un t-shirt à l’effigie de Vladimir Poutine, « son ami Vlad », comme il l’écrit en légende. Une attitude qui tranche avec les déclarations récentes de Jordan Bardella sur le conflit russo-ukrainien. « Il faut se remettre dans le contexte de 2020 où nous étions proches des Russes avant le début du conflit. Et resituer aussi par rapport à l’histoire. Il ne faut pas oublier que la Russie a été la grande alliée de la France, 20 millions de Russes sont morts pendant la guerre contre le nazisme », se défend le candidat RN.
Une réputation de « nettoyeur »
Si Jean-Lin Lacapelle aime se référer à l’histoire, il est beaucoup moins à l’aise au moment d’évoquer la sienne. Voire même agacé quand la presse s’y intéresse. Il ne cache pas son aversion vis-à-vis de celle-ci et l’accuse de nombreuses désinformations sur son compte. Et pour cause, « ses excès récurrents » et « son sens de la fête » auraient eu raison de sa reconduction sur la liste de Bardella pour les européennes selon l’Express. Des révélations balayées d’un revers de main par l’intéressé qui accuse certains en coulisse « de vouloir lui savonner la planche ». En-tout-cas pour Lacapelle cette dissolution tombe à pic pour rebondir avec une place au chaud au Palais Bourbon… en attendant plus ?
Lui dit se concentrer sur les législatives et ne pas voir plus loin. Tout en ne fermant pas la porte aux prochaines échéances dans la région. Les municipales 2026 ? « Il faut procéder étape par étape, nous verrons bien ». Il faut dire que le candidat RN a d’autres priorités à gérer ces derniers temps comme l’incendie déclaré dans la 6e circonscription du Loiret. Jean-Pierre Templier, candidat suppléant d’Anthony Zeller est au cœur de la polémique après la divulgation par France Bleu Orléans de propos choquants publiés sur les réseaux sociaux. « Zeller n’y est pour rien, il ne partage pas ces propos. Templier passera lui en commission de discipline », tente de rassurer Lacapelle. Mais concernant le tweet de Zeller sur X – pointé par le journal Libération – pour commenter une photo postée par Mathilde Panot depuis la ville de Stains : « C’est où ? En Afrique ? », Lacapelle affirme ne pas être au courant et botte en touche. Les dérapages de candidats RN se multiplient ces derniers jours et le Loiret ne fait pas exception. Ce très proche de Marine Le Pen et de Bardella a toujours eu le rôle de « nettoyeur » dans les rangs du FN. Le pompier de service du parti pour refroidir les ardeurs des plus sanguins et éliminer les moins disciplinés. Marine sait qu’elle peut compter sur sa loyauté, notamment en 2017, lorsqu’il « a fallu éteindre le feu » quand Marion Maréchal et Philippot étaient adversaires au Front National.
Lacapelle et la GUD Connection
Mais le super DRH comme il était surnommé au temps du FN, chargé de professionnaliser et de discipliner le parti, ne serait lui-même pas vraiment irréprochable. Outre ses « excès », sa proximité avec le GUD, une organisation étudiante d’extrême droite connue pour son radicalisme, s’ajoute à la réputation du personnage. Il se dit beaucoup de choses à ce sujet encore une fois dans la presse. « Plusieurs journaux avaient écrit que j’étais membres du GUD mais l’ont depuis retiré. Je n’ai jamais été au GUD ! Je me fous du GUD ! » s’emporte-t-il. Ce qui est certain, c’est que le candidat RN est proche d’ancien gudards historiques comme Axel Loustau et Frédéric Chatillon. Des amitiés qu’il ne cache d’ailleurs pas. « Oui ce sont des amis. J’ai le droit d’avoir des amis et je me fous de savoir quels cercles ils fréquentent, ça ne m’intéresse pas ». S’il évoque Frédéric Châtillon, il se garde en revanche d’évoquer trop longuement Axel Lousteau. Et pour cause son fils a fait la une de la presse il y a quelques jours après avoir été interpellé pour agression homophobe dans les rues de Paris au moment de « fêter » la victoire du RN aux élections européennes.
Il n’empêche que le candidat RN semble dérouler sa campagne, accueilli à bras ouverts sur les marchés de sa nouvelle circo d’adoption. « Les Français nous veulent », martèle-t-il. En effet, et Lacapelle pourrait bien être le chef de file du RN dans le Loiret ces prochaines années.
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