Et la marina de Montargis fut ! Le port de plaisance Saint-Roch, surnommé « la marina », a été inauguré. Depuis plus de deux ans, les travaux allaient bon train pour ce projet prometteur en matière de tourisme fluvial. Entre vélos, promenades et bateaux, les habitants devraient aussi y trouver leur compte, avec un cadre de vie amélioré.
Après les travaux, les riverains vont enfin pouvoir bénéficier de ce nouveau cadre de vie – photo Izabel Tognarelli
Par Izabel Tognarelli
Qu’aurait ressenti Hugues Cosnier, ingénieur hydraulicien à l’origine du canal de Briare, si son âme était revenue planer au-dessus de Montargis en ce 18 juin 2024 ? Il aurait entendu les élus montargois, départementaux et régionaux parler aménagement du territoire, tourisme et attractivité. Peut-être cela l’aurait-il réconforté, tant le sort s’est acharné contre lui en son temps.
Il y a 420 ans, en 1604, sous le règne d’Henri IV, débutaient les travaux du canal du Loing. L’objectif était de relier le bassin de la Loire à celui de la Seine, à des fins d’échanges commerciaux. À cette époque, les transports s’effectuaient par les voies d’eau. Hugues Cosnier, ingénieur hydraulicien natif de Tours, y laissa sa fortune personnelle et ne vit pas la fin de son œuvre. Ses idées, sa conception, furent néanmoins reprises par Pierre-Paul Riquet dans sa construction du canal du Midi.
Un port de plaisance très bien situé au niveau de l’Hexagone
Au jour de l’inauguration du nouveau port de plaisance, situé au sud de Montargis, Hugues Cosnier aurait entendu le président de Région, François Bonneau, dire que le canal de Briare avait historiquement contribué à la cohésion du territoire : il est vrai que, de Montargis, on peut certes rejoindre Orléans, mais aussi les Flandres, et par ailleurs naviguer sur un axe qui relie Le Havre à Valence, Avignon et Arles, en passant par Lyon. Hiram Hutchinson avait d’ailleurs en tête cette position centrale quand il avait choisi d’implanter son usine à Châlette, au nord de Montargis, à la jonction des trois canaux.
À présent, les temps ont changé, on pense plutôt tourisme. Les canaux font partie intégrante du paysage montargois, pas seulement avec les rues sur l’eau – aspect historique de Montargis, qui relève de l’hypercentre – mais aussi avec ce canal, créé par des humains et qui ouvre cette région vers l’extérieur. Se dire que, depuis Paris, on peut naviguer en direction de la Côte d’Azur en passant par Montargis a quelque chose de dépaysant.
Bordé par la Scandibérique, cet ambitieux projet de tourisme s’inscrit dans un cadre verdoyant – photo Izabel Tognarelli
Un endroit intéressant pour l’hivernage
Petits yachts, mini-péniches, catamarans de rivières, la majorité des bateaux de passage font dans les 10 à 15 mètres, 20 mètres maximum. Dans le public concerné, on compte beaucoup de Hollandais et d’Anglais. Mais il faut aussi tenir compte d’un public de résidents à l’année, qui ont acheté un bateau comme d’autres investissent dans un camping-car. Leur problème, c’est l’hivernage. Dans des villes comme Conflans-Sainte-Honorine, temple des canaux en France, la place manque : Montargis devient une alternative. À Paris et dans ses villes limitrophes, la location d’emplacements sur les bords de Seine se fait à des tarifs sans commune mesure avec ceux pratiqués sur la marina de Montargis : là aussi, Montargis a sa carte à jouer.
Le prochain rendez-vous sur cette marina se fera au moment du passage de la flamme olympique, le 10 juillet, à 11h56 (c’est précis !). Christian Mbilli, boxeur formé par le club de boxe de Montargis et qui fait à présent carrière au Canada, sera la personnalité connue parmi les porteurs de flammes.
Patrick et Michelle sont des navigateurs habitués à séjourner à Montargis. Ils y viennent depuis dix ans et leur bateau hiverne au port Renée-de-France, au nord de la ville. Magcentre a demandé à Patrick – “routard” des voies navigables – ce qu’il pensait des nouvelles installations du port Saint-Roch, autrement dit de la marina : « C’est bien fait ; maintenant, il va falloir du bateau ! ». Patrick a franchi le pas et a désormais opté pour un abonnement à l’année : « Avec l’âge, on va moins naviguer. Et en été, à Montargis comme ailleurs, les tarifs doublent. Or ici, il y a tout : beaucoup de magasins, des restaurants : c’est bien ! ». Patrick nous a confié que la perspective de vivre dans la Venise du Gâtinais lui plaisait. Promis, Magcentre ne lui a versé aucun bakchich avant de l’écouter témoigner !
Patrick sillonne les canaux sur son bateau : Montargis est son port d’amarrage – Photo Izabel Tognarelli
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