Les Étoiles du Nord au Musée d’Orléans pendant tout l’été

Le Musée des Beaux-arts d’Orléans a effectué une sélection parmi les 13 000 dessins de sa collection. La directrice Olivia Voisin et Mehdi Korchane, responsable des arts graphiques, ont fait appel à David Mandrella, historien d’art, pour présenter « Quatre siècles de dessins sur les bords du Rhin », une exposition qui va animer la ville jusqu’au 22 septembre.

Par Anne-Cécile Chapuis

David Mandrella est « Le » spécialiste des dessins du Nord de l’Europe. Il vient de consacrer une série de cinq cours-conférences au musée des Beaux-Arts d’Orléans sur le sujet, balayant le riche patrimoine laissé par les artistes parfois méconnus.

Une démarche originale et pointue

L’exposition est riche de 180 dessins, très bien mis en scène et en espace pour donner un aperçu de cette « école du Nord » sur laquelle David Mandrella a travaillé pendant plusieurs années avant d’en exposer de beaux spécimens tous droits sortis des sous-sols du musée d’Orléans. Et d’en défendre le concept : « Souvent, les musées font appel à des thèmes et œuvres extérieures, les jugeant plus prestigieuses alors qu’il y a sur place des chefs-d’œuvre qu’il est grand temps de sortir de l’ombre ».

David Mandrella présente l’exposition dont il est commissaire. photo AC Chapuis

C’est donc une exposition à double intérêt qui est présentée au MBA pendant tout l’été, mettant en valeur le musée lui-même avec ses richesses, avec les personnages qui ont contribué à sa création comme Aignan-Thomas Desfriches, collectionneur et actif dans la création du MBA en 1825, ou Paul Fourché qui a fait don au musée d’une grande partie de son immense collection de dessins.

Lodewijk Gillis Haccou. Marines. photo ACC

Le travail de David Mandrella, outre un choix cornélien, a été aussi orienté vers les attributions. Son savoir-faire lui a permis de sortir de l’anonymat plusieurs dessins, voire de rectifier plusieurs fausses attributions. C’est donc un regard neuf et précis qui est porté sur « quatre siècles de dessins sur les bords du Rhin ». À noter qu’en prolongement de l’exposition, un catalogue référencé (900 pages, 830 illustrations commentées) a été réalisé et est proposé à la vente sur le site du musée.

Un style typique du nord, dans une grande diversité

L’école du nord a ses constantes. Les thèmes montrent des paysages, marines, scènes de genre, animaux ou figures humaines, avec quelques étrangetés qui restent énigmatiques. Le XVIe siècle libère les fantasmes et le XVIIe montre un retour au réel, avant l’éclosion des dessins d’histoire, allégories ou portraits. Le dessin est synonyme de liberté, avec un apogée dans le siècle d’or hollandais avec « une profusion d’œuvres qui rend célèbre les galeristes plus que les artistes ».

Anna Gardell-Ericson. Clair de lune sur l’île de Koön. Photo ACC

Au XIXe siècle, le dessin est victime du succès des impressionnistes, il est peu exposé mais garde une grande place dans la production artistique, sous forme d’ébauches, dessins préparatoires, études, croquis, toujours avec une grande précision, souci du détail et un charme indéniable.

Quelques pièces rares sont présentes dans cette belle exposition, qui signe quelques noms célèbres comme Rubens, Rembrandt, Jongkind.

Ouvert au public pendant tout l’été

L’exposition tient compte des particularités touristiques d’Orléans. Les visiteurs néerlandais y sont nombreux et ne manqueront pas d’être attirés par cette belle exposition. Ils y seront bien accueillis puisque les explications sont traduites dans leur langue.

L’exposition a lieu jusqu’au 22 septembre. Ensuite, les dessins réintégreront leurs boites et leurs rayonnages dont certains sortent pour la première fois. Ils y resteront au moins trois ans, c’est la règle muséale. C’est donc une opportunité unique de voir et d’admirer ces magnifiques dessins et de se plonger dans l’univers outre Rhin de quatre siècles de dessins.

Pour aller plus loin dans Magcentre :

À la poursuite de la beauté au Musée des Beaux-Arts d’Orléans