Branle-bas de combat à gauche. Après le choc des européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les organisations politiques départementales tentent d’initier une mobilisation générale sous la nouvelle bannière du Front populaire. Le compte à rebours est lancé.
Par Mael Petit
Oubliez la Nupes, place au Front populaire. Face à l’urgence résultant de la débâcle des élections européennes puis de la dissolution dans la foulée prononcée par Emmanuel Macron, les partis de gauche ont décidé de s’unir en catastrophe pour faire barrage à
l’extrême droite qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir. Et même si les tractations se poursuivent notamment sur les contours de cette alliance avec les responsables de partis à Paris, un accord a émergé des discussions portant sur un principe de candidature unique dans chaque circonscription pour les législatives du 30 juin et du 7 juillet. La consigne a vite été diffusée un peu partout dans les régions pour tenter de mobiliser, et ce pendant les trois prochaines semaines lors d’une campagne éclair qui ne laisse que peu de temps à l’organisation.
Dans plusieurs villes, les organisations de gauche appelaient au rassemblement pour semer les graines d’une mobilisation générale pour tenter d’endiguer la nouvelle vague brune annoncée. À Tours ce lundi 10 juin, à Blois, à Tours, à Montargis ou Orléans ce mardi en région Centre-Val de Loire. C’est d’ailleurs dans la préfecture du Loiret que l’on a pu voir les différents représentants de partis s’afficher en ordre de bataille, image inédite depuis la désintégration de la Nupes. PS, LFI, EELV, PC, Génération.s… tel un revival des présidentielles de 2022 ou de la mobilisation contre la réforme des retraites, les anciens copains sont de retour sous une seule et même bannière, celle du Front populaire, accompagnés par plusieurs syndicats et les couleurs du GAGL45 entre autres. « Face à cette situation historique, nous souhaitons rassembler avec toutes les forces de gauche autour d’un programme de rupture sociale pour construire une alternative à Emmanuel Macron et combattre le projet raciste de l’extrême droite, explique Baptiste Chapuis au milieu de la foule. Dans chaque circonscription, nous voulons soutenir des candidatures uniques dès le premier tour ».
Campagne contre le fascisme
Si le conseiller départemental PS parle de programme, ni lui ni personne ne connait véritablement les détails de celui-ci puisque tout est à reconstruire. Mais encore faudra-t-il se mettre d’accord comme au temps de la Nupes, car le temps manque avec ce calendrier raccourci pour établir une liste de mesures qui fassent consensus. « Nous porterons un programme de rupture avec des mesures à détailler dans les 100 premiers jours du gouvernement du nouveau Front populaire », poursuit Chapuis. La campagne se fera donc sans véritable programme commun et reposera essentiellement sur l’union des forces de gauche face à la menace d’une prise de pouvoir de l’extrême droite.
C’est d’ailleurs ce qui transpirait des différentes prises de parole lors du rassemblement. L’annonce du Front populaire face à « la décision irresponsable » d’Emmanuel Macron qui pourrait envoyer le RN à Matignon. « En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, Macron joue avec des allumettes. Il provoque une situation politique et institutionnelle extrêmement dangereuse et instable. Nous avons trois semaines pour réaliser ce Front populaire et le traduire dans les urnes », alarme Christian Barbotin secrétaire fédéral du Parti communiste. À tour de rôle, les responsables de partis se sont succédé dans une émotion manifestement difficile à contenir. Micros tremblants ainsi que voix parfois chancelantes trahissaient la gravité et l’incertitude inédites ressenties depuis ce week-end dans le pays, sentiments que même ces élus ne pouvaient masquer. Il fallait donc trouver les mots justes pour relancer la campagne et insuffler le début d’un sursaut populaire dans une foule – entre 1 000 et 1 500 personnes – assez jeune. Des Orléanais venus pour se rassurer tout simplement, ou même échanger sur le scénario de ces derniers jours. Entre anecdotes historiques et discussions teintées d’inquiétudes, ce rendez-vous était pour certains, outre l’opportunité de réaffirmer haut et fort son rejet de l’extrême droite, l’occasion de trouver du réconfort en constatant qu’ils ne sont pas seuls dans cette période de marasme ambiant.
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