Le ministre de l’Économie est venu animer une réunion publique à Olivet pour mobiliser les militants dans la dernière ligne droite avant le scrutin de dimanche. L’inquiétude est évidemment au rendez-vous, notamment dans les troupes de la majorité présidentielle tétanisées par la poussée de l’extrême droite.
Par Jean-Jacques Talpin
Si les sondages se confirment, l’extrême droite avoisinera les 35% des bulletins le soir du dimanche 9 juin. Un véritable séisme notamment pour la majorité présidentielle et son parti Renaissance. Bruno Le Maire est donc venu mardi 4 juin dans la périphérie d’Orléans pour tenter de rassurer mais surtout de mobiliser les troupes. Il était pour cela accompagné par le député de Paris Benjamin Haddad, copain de militantisme de Matthieu Schlesinger le maire d’Olivet alors que d’autres composantes de la majorité tenaient également le plateau avec des députés, des membres d’Horizon, du Modem et de L’UDI comme le président du Conseil départemental Marc Gaudet et même Florent Montillot (qui l’eut cru !), très droitier vice-maire d’Orléans qui n’a jamais passé pour un défenseur acharné du gouvernement. Sorti de sa retraite l’ancien maire Olivier Carré (« retiré » dit-il définitivement de la vie politique) voulait aussi témoigner de son amitié à Bruno Le Maire.
Loin de tirer à la sulfateuse sur le RN, Bruno Le Maire veut avant tout défendre l’Europe « face au mouvement d’indifférence, de lassitude, de fatigue qui traverse la plus grande démocratie d’Europe, ce qui constitue non pas une erreur mais une faute ! »
« Mouton noir de l’Europe »
Et de rappeler tout ce que l’Europe a apporté ces cinq dernières années dans la lutte contre le covid et pour des vaccins accessibles à tous. Soutien de l’Europe aussi face à la crise économique née du covid : « Les gens ont oublié mais en 4 ans on a mobilisé 450 milliards d’euros grâce à l’Europe. L’Europe a sauvé la France, l’économie et des centaines de milliers d’emplois ». C’est pourquoi le ministre lance un plaidoyer vigoureux pour le projet porté par Valérie Hayer : « Je veux protéger notre industrie et nos emplois face à la Chine et à ses importations de voitures électriques. La souveraineté est au cœur de notre projet européen ». Mais l’Europe doit aussi être protectrice grâce au « pacte asile immigration » qui va imposer l’enregistrement de tous les entrants migrants et l’obligation des demandes d’asile dans les pays d’origine. La bataille du 9 juin est donc un combat pour l’Europe. À défaut, la victoire de l’extrême droite « affaiblirait la France qui serait rabougrie, rétrécie, marginalisée et qui perdrait son influence en Europe. Avec la victoire de l’extrême droite, la France serait le mouton noir de l’Europe ».
« Je ne laisserai pas filer les déficits » !
Certes en sauveur de l’économie et en adoptant des boucliers tarifaires, Bruno Le Maire a fait exploser la dette. « C’est vrai, reconnaît-il, on a beaucoup dépensé en même temps que l’inflation grossissait démesurément. Mais il y a des choix à faire. La dette sera remboursée et je ne laisserai pas filer les déficits. Il faut désormais dépenser moins, diminuer les dépenses inutiles, simplifier l’enchevêtrement des différentes collectivités ». Malgré cette dette la situation économique de la France est bonne « avec une croissance de 1,1% l’an passé, supérieure aux attentes ». Alors « assez de déclinismes, martèle le ministre, on a créé 2 millions d’emplois en cinq ans, ouvert des centaines d’usines. L’économie française est une des meilleures en Europe ».
Les deux gangrènes : la drogue et l’islamisme !
Malgré tout, lors d’un échange avec la salle, Bruno Le Maire a dû s’expliquer sur la montée de l’extrême droite qui manifestement inquiète les militants. Et M. Le Maire de répondre par des propositions : « Il faut écouter le peuple, entendre son message et y répondre, sans insulte ». Y répondre aussi par le pouvoir d’achat, la réindustrialisation et mettre fin à une certaine logique bien française : « J’en ai assez que les travailleurs paient pour ceux qui ne travaillent pas : il faut changer le financement de notre protection sociale et rémunérer mieux le travail », allusion à la prochaine réforme de l’assurance chômage. Répondre au RN c’est aussi lutter contre « deux gangrènes : la drogue qui est une menace vitale pour la société et l’islamisme politique qui veut imposer des lois religieuses au-dessus des lois de la République ».
« Valérie Hayer, pas une star de TikTok ! »
Imitant (plutôt bien) Jacques Chirac, son mentor en politique, Bruno Le Maire appelle donc au sursaut du 9 juin : « Certes, on ne vote pas contre le RN mais pour notre projet. J’aime la France qui dirige, pas celle qui se marginalise ! ». Il appelle donc à voter pour Valérie Hayer, « une femme exceptionnelle de courage et d’engagement, pas une star de TikTok ! » Un soutien appuyé par Marc Gaudet qui rappelle que Valérie Hayer a été vice-présidente du Conseil départemental de la Mayenne et qu’à ce titre elle est la seule candidate à avoir une expérience d’élue locale.
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