Jeudi 30 mai, l’Assemblée nationale a légalisé l’apprentissage des langues régionales pour les jeunes ultra-marins, validant le bilinguisme. La France des îles intègrerait mieux ainsi le parler et la culture d’IIe de France et de Centre-Val de Loire.
Par Mag’Dom
« Tirer la langue à en perdre son latin ». Boudu, c’est pas pour dire, mais cela jacasse sec depuis jeudi dans les galeries. La tribu est encore en pleine ébullition après une nouvelle loi votée à l’assemblée. A l’unanimité, nos députés ont acté l’apprentissage des langues régionales pour les jeunes ultra-marins, pour favoriser l’accès à la culture et combattre l’illettrisme. « Notre français, notre langue nationale et républicaine, s’est historiquement construite en puisant à 60 % dans la langue d’Oïl, parlée majoritairement autour de l’actuelle île de France et du nord du Val-de-Loire », a souligné le député NUPES de la Réunion Frédéric Maillot, en soulignant que « cette proposition de loi a pour seul but de valoriser et protéger la diversité de langues régionales qui, sur les territoires, complète l’utilisation du français ». Quand les plus madrées applaudissaient, les moins aouindues, influencées par les effluves acides du Festival du vinaigre orléanais, ont confondu le nom de l’édile avec le concours d’œuf mayo proposé ce week-end à Orléans, et tout est parti en cacaouètes.
Impossible, après cela, de calmer le jeu. Toute intervention des doyennes était détournée de son sens, et prétexte à galéjades, plus ou moins heureuses. Là où le député abondait dans le sens des défenseurs du Shimaoré et du Kibushi, les bêtasses revendiquaient le droit à leur langue d’oïl et ses variantes régionales (orléanais, tourangeau) voire au berrychon, occultant les influences de la langue d’oc au sud de l’Indre. Oïl et Oc, deux mots qui ont divisé la France pour dire oui, faisant fi du « O » initial marquant l’assentiment, et parfois géniteur d’histoires sulfureuses.
Au XIXe siècle, le géographe français Elisée Reclus avait défini les Créoles comme ceux « blancs ou gens de couleur, qui sont nés dans les îles », et c’est ce parler que cette loi veut défendre, prônant le bilinguisme comme un moyen d’intégration dans une région ou l’illettrisme est de 30%, pour 11% dans l’Hexagone. Elisée Reclus ne sera peut-être pas pour autant la référence préférée du Député Maillot, car le géographe fut aussi un précurseur du naturisme (pratiqué par certaines populations îliennes) que l’édile contesta fin 2023 après une pratique sauvage de deux Métros sur La Réunion. A croire que défendre l’apprentissage de la langue natale n’implique pas pour autant que cela se fasse dans la tenue du même nom.