Théâtre fermé pour Scène ouverte ?

Depuis plus de quinze ans, l’association Scène ouverte soutient un pari parmi les plus fous : celui de l’insertion et de la création artistique. Mais malgré un bilan financier satisfaisant et la production d’un prochain spectacle pour fin 2024, le théâtre d’Orléans qui les accueille chaque jeudi depuis 15 ans, met un terme à son ouverture. Scène ouverte est en alerte !

Le bureau de l’association Scène ouverte. De G à D : Jean-Marie Martin, secrétaire et animateur, Pascal Belot, trésorier, Catherine Morin, présidente, Vanessa Bourgoin, trésorière adjointe.
Photo AC Chapuis



Par Anne-Cécile Chapuis



L’association Scène ouverte a tenu son assemblée générale le 23 mai 2024. Et deux constantes sont toujours remarquables dans l’activité de Scène ouverte : tous les acteurs sont des personnes touchées par la pathologie psychique et tous les spectacles sont intégralement créés par la troupe. Contre vents et marées, les comédiens se rencontrent chaque jeudi après-midi et conduisent ensemble le projet artistique qui les lie : trouver un thème, écrire les textes, composer les chansons, construire la mise en scène, puis répéter, mémoriser, travailler les rôles avant de monter les spectacles, trouver les lieux, faire publicité… et jouer !

Une cinquième comédie musicale

En quinze ans, Scène ouverte en est à sa cinquième comédie musicale. Après « Les ombres des anges », « Cité solo », « Fêlures », « Monopol.com », c’est aujourd’hui « Phil ô Bac » qui arrive à son aboutissement. Et l’année 2023 a été tout aussi prolixe que les précédentes, avec 64 séances de travail, 958 présences pour 30 contributeurs réguliers et environ 50 « visiteurs ».

Un extrait du prochain spectacle “Phil ô bac” par les artistes de Scène ouverte. Photo ACC


Mais ce qui ne se chiffre pas, ce sont les effets indirects sur la santé des personnes qui, hospitalisées ou non, soignants ou bénévoles, oublient leurs étiquettes l’espace des deux heures de répétition chaque semaine, pour se centrer sur la tâche qu’ils se sont fixés, le spectacle, et endosser une autre identité, celle de l’artiste.

L’importance des moyens et des cadres

Scène ouverte sait se donner les moyens d’une véritable création artistique, en travaillant avec des metteurs en scène et chefs de chant. Et dans cette configuration, se réunir dans un théâtre a une portée symbolique qui va bien au-delà de l’aspect pratique d’un lieu adapté et en centre-ville. Le directeur du théâtre estime qu’il n’y a « pas le moindre rapport entre Scène ouverte et la vie générale du Théâtre ». La présidente, Catherine Morin déplore ce manque de compréhension qui résonne très fort pour ceux qui connaissent bien l’exclusion. « Deviendrions-nous indésirables ? », s’interroge-t-elle avant de réaffirmer que Scène ouverte représente « une extraordinaire ouverture culturelle offerte à tous ceux qui osent pousser la porte, à ceux que nous accueillons sans certificat médical, voire de formation artistique, pour s’investir dans un collectif reconnu ».

La question suscite bien évidemment des interrogations chez les membres de l’association et fragilise les participants pour qui la stabilité et le repère sont des points d’appui essentiels à leur parcours personnel.

Convivialité et partage sont toujours de mise à Scène ouverte. Photo ACC


Mais la musique n’est jamais loin, et c’est avec un extrait du prochain spectacle et autour d’un verre partagé que s’est achevée cette assemblée générale. À Scène ouverte, on tient bon la barre !

Dates à retenir :

Prochains spectacles “Phil ô bac” :

25 et 26 janvier 2025 MAM Orléans

30 et 31 janvier 2025, espace George Sand Chécy

Plus d’infos sur : www.facebook<.com/associationsceneouverte


Pour aller plus loin dans Magcentre :

“Scène ouverte” à Chécy et Orléans : un message de résilience entre humour et tragédie

« Scène ouverte » fait rimer création avec insertion

 

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Tout fout le camp!
    “Aucun rapport” aurait-il dit, mais alors à quoi servent nos impôts qui lui permettent de gérer son théâtre et de bénéficier de son salaire?
    Si le théâtre dit public n’est plus capable d’aider ce genre d’initiative alors qu’il devienne privé! Ça nous ferait des économies. Et que tous ces donneurs de leçons sans foi ni loi, confortablement installés dans ce système français moribond dégagent du plancher au plus vite.
    Du balai, et à nouveau de l’air, de l’esprit, de l’invention, de l’initiative et de l’aventure!

  2. Quelle politique désastreuse !
    Faites-vous entendre, lancez une pétition.

  3. Les belles phrases à propos de l’inclusion, de l’insertion, la considération positive, l’idée du collectif, etc., etc. sont répétées, reformulées à qui mieux-mieux…
    Mais ici ?
    Serait-ce une culture à 2 vitesses : d’un côté la Culture bobo et de l’autre, l’in-culture des marginaux ???
    Les seconds (par leurs a-nomalies ?) feraient-ils tâche ou feraient-ils ombre aux premiers ?!
    En tous les cas, Scène Ouverte – Orléans fait la démonstration que ses créateurs-comédiens-musiciens ont toutes les aptitudes pour proposer aux publics des spectacles de qualité. Entre réalisme et humour, entre révoltes et attentions citoyennes : c’est du Beau et tout est fait local !
    Alors pourquoi cette décision injuste ?
    Pourquoi les jeter du Théâtre d’Orléans ?

  4. A sa création, Scène Ouverte était accueillie gracieusement au théâtre. Aujourd’hui l’association paie pour l’utilisation des locaux. Demain elle se fera dégager sans raison valable. Quelle genre de personne peut avoir un intérêt à saboter un projet permettant au monde d’aller un peu moins mal ? C’est affligeant.

  5. “Participer, pratiquer, partager”, voilà ce qu’on trouve sur le site du théâtre d’Orléans. Tout l’inverse de la décision qui est prise… c’est consternant !
    Où sont les enjeux autour de la variété des publics, des publics dits “éloignés” ? Si le théâtre public ne s’en empare pas, qui le fera ?
    Pourquoi, au lieu de les exclure, l’équipe du théâtre ne pourrait-elle pas les inclure ? Et par exemple proposer un atelier de spectateur ? Et les ajouter dans la programmation annuelle ?

  6. Affligeant : le théâtre a une mission de service public !!!
    Bravo pour tout ce que vous faites Scène Ouverte, croyez en vous et lancez une pétition !

  7. Cher Mr Galend, réveillez vous ! S’il le fallait, les metteurs en scène Pippo Delbono, Madeleine Louarn, ou même récemment Artus et son film “Un p’tit truc en plus” (+15 millions d’entrées) nous l’ont bien prouvé : handicap et spectacle ne sont pas opposés ! Au contraire : )
    Créez des passerelles, la culture est un enjeu social majeur !

  8. Madeleine Louarn est venue en 2017 présenter son spectacle “Ludwig, un roi sur la lune”. Bien plus proche, en 2023, ce fut “Voyage en ataxie” avec Gilles Ostrowsky.
    Deux spectacles exceptionnels avec des artistes souffrant de handicaps divers (mental, neurologique…).
    C’était avec le CDN.

  9. Tout à fait d’accord avec Dunois, aucun rapport ! Mais on marche sur la tête ! A l’heure où on essaye au maximum de favoriser la mixité entre les personnes en situation de handicap et les “autres” (sortie du film “Un p’tit truc en plus”, rencontres du Papotin…) il n’a rien compris ce directeur ! En plus tout le monde y gagne dans cette mixité !
    Il y a encore du boulot ! Mais ne baissons pas les bras devant ces esprits étriqués qui n’ont rien compris !

Les commentaires pour cet article sont clos.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    16°C
  • mercredi
    • matin 11°C
    • après midi 17°C
Copyright © MagCentre 2012-2024