Européennes : la région sera-t-elle représentée par deux députés d’extrême droite ?

Le lundi 10 juin, lendemain du scrutin européen, la région Centre-Val de Loire devrait se réveiller avec une belle gueule de bois. Les seuls élus européens pourraient en effet être issus des rangs de l’extrême droite, l’un venant du Rassemblement national, l’autre de Reconquête.

Par Jean-Jacques Talpin

Le Centre-Val de Loire est-elle une région oubliée par les politiques ? Il suffit d’examiner les listes des différents partis (mais qui ne seront complètes et officielles que ce week-end) pour voir que les candidats régionaux y sont particulièrement peu nombreux. Pire encore, la campagne y a été morose avec peu de déplacements de têtes d’affiche (Raphaël Glucksmann est annoncé à Tours le 31 mai) et de grandes réunions publiques. C’est peut-être aussi la reconnaissance de la pauvreté du vivier politique en région dont les grands leaders font désormais figures du passé. Où sont les Michel Sapin, Georges Lemoine, Jean-Pierre Sueur, Jean Germain, Jacques Raimbault ou Max Nublat ? Peu de remplaçants de poids sur la ligne de départ sinon de rares personnalités quelque peu médiatiques comme Thomas Ménagé, Marc Fesneau, Richard Ramos ou Stéphanie Rist. Il est vrai qu’à présent tout se joue à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Une seule certitude pour ce lundi 10 juin, la région ne sera représentée au Parlement européen que par un ou deux députés sur un contingent de 81 élus français.

Nikolic oui, Peltier peut-être !

La région compte aujourd’hui deux députés européens tous deux issus des rangs écologistes et de Loir-et-Cher : Claude Gruffat et François Thiollet. Porte de sortie pour ces deux-là qui ont peu de chances de revoir leur siège puisque le premier figure au 12ᵉ rang sur la liste écologiste et le second en 20ᵉ position et donc vraisemblablement éliminés si les prévisions qui annoncent la liste conduite par Marie Toussaint dans une fourchette comprise entre 6 et 8% se révèlent justes. Le candidat assuré d’être élu est Aleksandar Nikolic, jeune président du groupe RN au conseil régional du Centre-Val de Loire, conseiller municipal en Eure-et-Loir et qui a été désigné comme l’un des quatre porte-paroles du RN pour la campagne européenne. Une preuve de son ascension remarquée comme celle de plusieurs jeunes élus de l’extrême droite. Placé en 19ᵉ position sur la liste RN, Aleksandar Nikolic sera automatiquement élu puisque le parti lepéniste peut espérer au bas mot plus de 25 élus, si les sondages qui le portent à 30% sont vérifiés. Le second élu pourrait être le zigzaguant Guillaume Peltier, au second rang sur la liste Reconquête de Marion Maréchal. Mais pour que l’ancien député désormais zemmouriste de Loir-et-Cher occupe son siège à Strasbourg, la liste Maréchal devra dépasser les 5% de suffrages, ce qui ne semble pas encore acquis aujourd’hui selon les sondages.

Pas d’autres élus

Toutes les autres listes accueillent bien sûr des candidats régionaux, mais aucun en position éligible faute de pouvoir espérer dépasser le seuil fatidique des 5% de voix. Pour cela encore faut-il que toutes les listes soient connues. Les têtes de listes avaient jusqu’au vendredi 17 mai pour publier leurs listes, date limite qu’ont attendu certains partis ne dévoilant que progressivement leurs candidats (comme LR ou le RN). Il y a quelques jours encore 35 responsables politiques déclaraient vouloir présenter une liste. Une véritable opération de com pour de nombreux candidats en mal de lumière et sans désir de véritablement concourir. Il est vrai qu’une campagne coûte cher alors que les frais de celle-ci ne sont remboursés que pour les listes qui dépassent les 3% de voix. Certaines listes pourraient aussi se présenter, sans matériel de campagne, et donc sans bulletin de vote près des isoloirs le 9 juin, mais uniquement pour bénéficier des retombées de la campagne officielle. Certes de petits partis devraient être présents comme le Parti Animaliste, le Parti Pirate, les représentants de l’espéranto ou de la ruralité. Mais d’autres pourraient bien rester en bas de l’affiche et en dehors du scrutin comme « Défendre les enfants », « France libre », « Équinoxe », « Paix et Décroissance », « Free Palestine » et bien d’autres. Faut-il le regretter ou s’en réjouir ?

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