Jean Zay, le journaliste à l’engagement républicain et humaniste

Magcentre avait donné rendez-vous à l’Hôtel Dupanloup à ses lecteurs ce mercredi 15 mai pour rendre hommage à Jean Zay. Une conférence animée par l’historien et vice-président du Cercle Jean Zay, Pierre Allorant, qui a brossé une facette moins connue de l’ancien ministre du Front populaire : Jean Zay, le journaliste.



La Rédaction


À l’occasion du 120ᵉ anniversaire de sa naissance et du 80ᵉ anniversaire de la mort de Jean Zay, il sonnait comme une évidence pour Magcentre de participer aux commémorations pour raviver la mémoire de cet illustre Orléanais. Ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du Front populaire, assassiné par la milice en juin 1944, et entré au Panthéon en mai 2015, Jean Zay (1904-1944) est reconnu pour avoir fait de l’école un pilier de la démocratie sociale. Ses réformes de l’enseignement, son développement du sport et de la culture restent gravés dans l’histoire. Une facette du personnage souvent mise en avant à juste titre. Mais avant de se forger cette réputation politique, Jean Zay c’était avant tout une plume. Un homme amoureux des mots avec lesquels il dansait.

L’Orléanais a grandi dans l’écriture. Écrivain, journaliste et orateur hors pair, « il a été profondément influencé par son père, Léon Zay, journaliste dreyfusard passionné d’écriture et rédacteur en chef du Progrès du Loiret », rappelle Pierre Allorant. Juif laïc, Léon Zay fut un modèle pour Jean, républicain, radical-socialiste, franc-maçon et libre-penseur. Dès son plus jeune âge, Jean Zay s’immerge dans le journalisme, prenant la relève de son père comme rédacteur en chef durant la Grande Guerre. Dans ses cahiers d’école, le voilà déjà journaliste en herbe rédigeant de véritables journaux, chroniquant la guerre et adoptant des pseudonymes, avec un humour potache et un ton patriote.

Un journalisme d’opinion au style reconnaissable

Une précocité qui l’amène très tôt à publier des écrits engagés dans Le Progrès du Loiret, le journal de son père, où il entame sa carrière professionnelle comme journaliste et secrétaire de rédaction. Dans la continuité, il fonde en 1925 avec ses amis Roger Secrétain et René Berthelot, entre autres, Le Grenier, une revue mensuelle littéraire renommée plus tard Le Mail, dans laquelle il se révèle comme chroniqueur guépin patronné par le “grand frère” Maurice Genevoix. Mais Jean Zay journaliste, c’est surtout « cet éditorialiste piquant et percutant dans La France du Centre », souligne Pierre Allorant. Près de 150 éditoriaux publiés à partir de 1932, année de son élection en tant que député du Loiret, moments toujours très attendus et privilégiés des lecteurs. Dans ces colonnes, il pose son regard aiguisé sur divers sujets, alertant notamment avec sagacité sur la montée de la menace fasciste dans les années 30. Ses écrits reflètent ses opinions antifascistes ou ses prises de position sur la vie publique et la politique intérieure du pays qu’il commente avec causticité.

Sa carrière éditoriale prend fin lorsqu’il entre au gouvernement en 1936. Devenu une cible privilégiée d’une presse basculée à l’extrême droite, il subit une campagne de haine exacerbée par son statut de protestant, de famille juive paternelle, de franc-maçon et de ministre du Front populaire. Emprisonné à Riom après sa condamnation inique par le régime de Pétain, il est finalement assassiné par la milice en 1944. Reste que pendant sa captivité, Jean Zay a tout de même pu renouer avec sa passion littéraire, témoignant de sa force morale et de sa hauteur de vue. Il écrit des lettres, des contes, des notes sur son travail de ministre, et bien sûr son essai presque testamentaire « Souvenirs et solitude ». Ses écrits et ses paroles reflètent encore aujourd’hui l’engagement d’un humaniste convaincu et d’un pionnier de la Résistance. Jean Zay, « homme brillant et profondément républicain, a laissé un héritage indélébile tant par son œuvre littéraire que par son action politique », salue Pierre Allorant.

 

Jean Zay – Jeunesse de la République, aux Éditions Bouquins
Par Pierre Allorant et Olivier Loubes, préface de Pascal Ory

« Ce volume réunit toute la richesse des écrits de Jean Zay : journaux d’écolier de la Grande Guerre, chroniques littéraires, éditoriaux du député, discours du ministre, journal de guerre, romans et contes inédits. Il restitue aussi les deux textes de Jean Zay publiés par les collaborationnistes pour ruiner son honneur, en les replaçant dans leur contexte. »


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  1. Attention,vous confondez laïc et laïque. Un laïc est un croyant pratiquant mais non membre du clergé alors que laïque concerne les pratiques liées à la laïcité.

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