Le Rassemblement national est devenu un parti soi-disant fréquentable. Mais c’est tout juste s’il dénonce, du bout des lèvres, les exactions des groupuscules ultras à Bélâbre et Châteauroux.
Par Pierre Belsoeur
L’avant scrutin des européennes a un parfum désagréable dans l’Indre. Les militants de la droite extrême, rejoints par Madame Wunsch, conseillère régionale RN, soufflent depuis un an sur les braises de la xénophobie à Bélâbre. Le meurtre récent d’un adolescent de quinze ans, tué par un garçon de son âge a provoqué une énorme émotion à Châteauroux et un déchaînement de propos racistes sur les réseaux où des anonymes haineux déversent leur bile abjecte.
La mort d’un garçon de quinze ans est un drame, pour ses parents, ses proches, ses amis. Un acte inexcusable quel qu’en soit l’auteur. Seuls les magistrats et un jury d’assises pourront juger cet acte. Ni la presse (et Magcentre ne s’y risquera pas) ni les justiciers de tous bords n’y sont autorisés. Des justiciers qui contreviennent aux demandes des parents de la victime qu’ils sont censés soutenir.
Or certains excités sont allés, en toute impunité, demander des comptes au tenancier du kebab le plus ancien de la place, au prétexte que celui-ci aurait employé le père du meurtrier… deux ans auparavant ! Ce dernier a été obligé d’ouvrir ses livres pour désamorcer le boycott de son établissement ! Quel sort la justice réservera-t-elle à ceux qui ont violé la loi en dévoilant l’identité de l’auteur présumé des coups de couteaux ?
À Bélâbre la pression ne retombe pas
À Bélâbre, les anti-Cada, instrumentalisés par l’Action Française (de triste mémoire) et Reconquête, en sont à leur septième manifestation, contribuant à déchirer un peu plus encore la population du petit bourg du sud du département. Le sort de ces habitants leur est à peu près aussi indifférent que celui des migrants, cette croisade anti-Cada leur permet simplement d’exister. Une aubaine pour le RN qui espère recueillir les bénéfices de l’opération sans (trop) se salir les mains. Des élus du parti d’extrême droite des départements voisins viennent à tour de rôle manifester aux côtés de la responsable départementale du RN. Cette dernière est à peine choquée que l’on associe sur une pancarte la mort du jeune castelroussin à cette guerre contre l’immigration lancée depuis cinquante ans par Jean-Marie Le Pen. Elle n’a pas jugé la pancarte nécessaire, mais a affirmé comprendre que les gens s’emparent de ce drame et soient en colère. Ce qui s’appelle s’acheter une respectabilité à peu de frais.
Alors, quand les extrémistes de droite pénètrent dans les futurs locaux du Cada et tournent une vidéo dans laquelle ils narguent le préfet de l’Indre, que compte faire ce dernier ? « Je ne vais pas donner à une trentaine de personnes, répond Thibault Lanxade, l’occasion de se faire de la publicité. Pour le moment il n’y a pas eu de passage à l’acte, de troubles à l’ordre public. Mais ils sont sous surveillance. »
Quant à savoir si ces manifestations successives ne vont pas avoir d’influence sur le vote des Indriens aux prochaines élections… « Vous croyez que nous allons retrouver un RN à 40% ? Je prends le pari que non. » Un pari que le préfet a peu de chance de perdre. Pourtant, le seul fait qu’on puisse associer l’extrême droite à un tel chiffre fait froid dans le dos. Mais personne ne fait campagne dans l’Indre, Thierry Lanxade doit se sentir un peu seul.
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