Enfants à la rue en Loir-et-Cher : « Il faut offrir des conditions d’accueil dignes aux primo-arrivants » 

Pour le Collectif Pas d’Enfants à la Rue, Julien Colin revient sur la crise de l’hébergement de femmes seules avec enfants primo-arrivantes qui concerne Blois depuis l’automne dernier.

Julien Colin lors d’une manifestation du Collectif devant la préfecture de Blois. Crédit CPER.



Propos recueillis par Jean-Luc Vezon



Pouvez-vous présenter le collectif ?

Julien Colin.
Avec Mikael Martel, un collègue professeur des écoles à Blois, nous avons créé le Collectif le 25 octobre dernier pour alerter sur la situation de trois familles avec enfants scolarisés se trouvant à la rue, sans solution de logement. Une centaine de personnes nous ont rejoints pour témoigner de leur indignation notamment lors d’une manifestation devant la préfecture et le département le 26 novembre dernier mais aussi lors d’une dizaine de rassemblements devant la préfecture, avec à chaque fois entre 150 et 600 personnes, ce qui est du jamais-vu à Blois.

Grâce à cette mobilisation et le soutien de la ville de Blois, les familles ont pu être mises à l’abri dans des écoles (Jules Ferry, Victor Hugo et Molière). Véritable réseau d’entraide et de solidarité, le Collectif accueille également le Planning Familial, la CIMADE, le Collectif de Soutien aux Sans-Papiers et Demandeurs d’Asile, la Ligue des Droits de l’Homme et le Ccfd Terre Solidaire.


Pourquoi vous mobilisez-vous ?

Nous voulons offrir des conditions dignes aux primo-arrivants. Laisser des femmes et leurs enfants à la rue nous est insupportable en tant que citoyens. L’hébergement d’urgence doit les accueillir dans des conditions dignes ce qui n’est pas toujours le cas. Certaines mères sont en effet dans des chambres d’hôtel de 9 m² éloignées des écoles depuis 2 ou 3 ans. Brinquebalées d’un hôtel à l’autre par les institutions, elles sont en grande souffrance.

Nous souhaitons donc que le département de Loir-et-Cher interprète différemment la loi Molle (1) et mette à l’abri les mères isolées avec enfants de moins de trois ans. (2) Dans le cas contraire, il revient à l’État d’appliquer le droit inconditionnel au logement. Grâce à l’action du Collectif, 33 enfants ont pu être mis à l’abri cet hiver.


Quel est le nombre d’enfants à la rue et d’où viennent-ils ?

Les statuts des mères sont divers : certaines ont des titres de séjour, d’autres sont demandeurs d’asile ou sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF).
Actuellement, cela concerne 14 mères et 25 enfants (dont un de 3 semaines) heureusement mis à l’abri par la ville de Blois jusqu’au 14 mai mais 20 adultes et 40 enfants logés dans un hôtel de Vineuil (Class Eco) sont menacés. Le préfet a annoncé qu’il n’y aurait pas de prise en charge automatique mais au cas par cas.


De quelles façons agissez-vous ?

Nous travaillons avec les élus du Blésois pour trouver des solutions. La ville de Blois nous a mis à disposition un logement que nous gérons pour 2 mères et 9 enfants ; la Région intervient aussi avec un logement pour une famille et 2 enfants, le CIAS pour un logement et 2 enfants. La mairie de Saint-Gervais-la-Forêt va, dans les jours qui viennent, mettre à disposition un logement pour 3 mères et 6 enfants. Celle de Vineuil, nous aide depuis quelques jours avec la prise en charge d’une mère et deux enfants. Cet élan de solidarité fait chaud au cœur. Grâce à ces logements dignes, les enfants peuvent s’épanouir dans leur scolarité.


Qu’attendez-vous de l’État et du Département ?

Face à ce drame sanitaire et humain qui concerne aujourd’hui de nombreuses villes (3), le collectif demande à ce que soit appliqué le droit fondamental à l’hébergement d’urgence et que notre pays respecte la Convention Internationale des Droits de l’Enfant qu’il a ratifiée en 1990. Le département qui a en charge la Protection Maternelle et Infantile (PMI) doit assumer pleinement ses missions. Nous prônons un dialogue constructif entre acteurs pour trouver des solutions dignes. Alors que le préfet de Loir-et-Cher a mis en place vendredi dernier une convention départementale sur l’hébergement d’urgence, nous souhaitons que le mouvement associatif et citoyen participe aux rencontres.

(1) Loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion.

(2) Le Conseil départemental justifie la fin des prises en charge par un niveau de ressources suffisant pour certaines mères, des demandes de droit d’asile en cours qui font qu’elles relèvent des compétences d’une autre administration (l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration), et un critère d’isolement qui ne serait plus réel.

(3) Dans notre région, c’est le cas à Tours mais citons aussi Grenoble, Clermont, Vitry, Lyon, Paris 19e et 20e …

Le Collectif Pas d’Enfants à la Rue mobilise chaque semaine des centaines de personnes. Crédit photo CPER.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Marc Gricourt : « J’appelle les maires de l’agglomération à accueillir les enfants à la rue »

Commentaires

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  1. Oui il faut loger toutes les personnes, aucune ne doit dormir dehors.. Nous avons une tradition d accueil qui doit se perpétuer. Nous devons rester le pays des droits de l’homme et surtout appliquer les droits de l’enfant.

  2. Pourquoi colporter des informations inexactes puisqu’en Juillet 2017, à Orléans, même le tout nouveau présidant avait déclaré ” Plus personne dans les rues” et que donc tout a été fait pour qu’il n’y ait plus personne dans les rues ? .
    D’ailleurs de Mars 2020 au printemps 2021 ( à part de courtes périodes de remise en liberté conditionnelle) ce fut le cas pour toutes et tous de par la présence d’un virus, une aide miraculeuse à la réalisation de cette promesse!.
    Aujourd’hui, à part quelques réfractaires peu désireux de retourner dans leurs pays qu’on trimballe de villes en villes, plus personne et encore moins des femmes et des enfants ne devraient être sans toit et s’il y en a Macron et ses gouverneurs n’y sont pour rien puisque promesse a été faite .

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